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mis à jour le 20/01/2025
L’expression orale en continu pose de nombreuses questions quant au degré d’autonomie dont peuvent disposer les élèves. Ceux-ci se sentent souvent rassurés lorsqu’ils peuvent avoir sous les yeux leur texte préparatoire entièrement rédigé, qu’ils vont alors lire devant leurs camarades ou leur enseignant(e). Mais alors, s’agit-il toujours véritablement d’expression orale autonome ? Et comment résoudre les nouvelles difficultés entraînées par cette oralisation de l’écrit ? Une solution pourrait consister à travailler sur le support même de cet écrit rassurant.
mots clés : mutualisation, oral, expression orale en continu
La situation
Lorsqu’une élève du lycée effectue devant la classe une présentation orale de quelques minutes (par exemple, un exposé portant sur un roman classique de la littérature américaine), Mme L’Herroux lui permet de réaliser cette prestation en ayant devant elle des notes préparatoires; mais ces notes doivent tenir sur un simple Post-It de 8 x 8 cm, fourni par la professeure elle-même… Pourtant, l’élève ne se retrouve pas bloquée dans sa prestation, bien au contraire.
Cette stratégie du Post-It vous est-elle venue d’un constat de classe, d’une difficulté, ou d’une observation en particulier ?
Lors des prestations orales préparées, les élèves qui sont consciencieux et désireux de réussir l’exercice jouaient la carte de la sécurité en préparant un texte rédigé sur une feuille A4. Résultat : ils n’étaient pas engagés dans une activité d’expression orale mais de lecture – une autre compétence -- qui ne correspondait pas aux attendus.Quelle est la stratégie d’enseignement qui sous-tend cette pratique ?
Il faut tout d’abord que l’élève soit capable de sélectionner puis hiérarchiser les informations importantes à partager, puis qu’il produise des phrases avec ces mots. C’est pourquoi j'accompagne les élèves lors de la première utilisation du Post-It. La consigne pourrait être que chacun·e note sur son cahier 5 mots clés de l’analyse du document qui vient d'être étudié. C’est l’occasion d’échanger sur la notion de « mots clés ». Ensuite, les élèves partagent leurs propositions en classe entière, puis se mettent d’accord sur 5 mots et ceux-ci sont écrits au tableau. Un premier élève va proposer une phrase simple avec le premier mot, puis un deuxième élève une phrase simple ou complexe avec 2 mots, etc. La classe a compris l’activité, chacun note donc ces 5 mots sur un Post-It et se lance dans la production orale avec son binôme, ou bien s’enregistre à la maison. Lors de la séance suivante, le rebrassage se fait à l’aide de ce Post-It. Par la suite il faudra guider les élèves dans la construction d’un contenu structuré afin d’éviter la liste de phrases. Ainsi, petit à petit l’exercice se complexifie et l’élève devient plus autonome quant à l’utilisation de ce support.
Ajoutez-vous des demandes ou des consignes particulières en plus de la règle du Post-It, ou bien ce format imposé est-il la seule contrainte à respecter ?
La règle principale est que ce Post-It ne peut comporter que des mots clés. Ensuite, selon les objectifs travaillés je peux spécifier aux élèves le nombre de mots à noter ; ou bien leur demander d’ajouter d’une couleur des mots de la feuille de vocabulaire de la séquence, et des connecteurs logiques d’une autre couleur. Ces contraintes invitent les élèves à complexifier leurs énoncés, à organiser leurs idées et à rebrasser le lexique travaillé.Quelles sont les réactions habituelles des élèves face à la première présentation de cette règle de fonctionnement ? Fournissez-vous des explications d’emblée ?
J’utilise le Post-It comme support à l’expression orale dès le début de l’année avec toutes mes classes, il n’y a en général aucune réticence, ils sont souvent plutôt ravis de se voir remettre ce papier de couleur, cela est souvent perçu comme un nouveau défi ! De plus, tout le monde est à la même enseigne, il n’y a donc pas de contestation. Des explications sont fournies seulement si je repère un élève qui essaie d’écrire des phrases complètes. Je demande aux élèves d’expliciter le choix de ce support, ils comprennent vite et adhèrent sans difficulté.
Pensez-vous que cette stratégie puisse ajouter du stress aux élèves ? Comment gérez-vous d’éventuelles demandes d’élèves de pouvoir déroger à la règle ?
Cette consigne exigeante est une contrainte souvent nouvelle pour les élèves, je conseille donc à l’enseignant de les accompagner afin de dédramatiser et limiter les angoisses.Appliquez-vous cette stratégie avec toutes vos classes ? Est-elle plus importante, plus signifiante, plus fructueuse avec certaines classes ?
J’applique cette stratégie avec toutes mes classes, quel que soit le niveau d’anglais des élèves.
Quelles limites voyez-vous à cette pratique ?
La première limite est matérielle : il faut une réserve de Post-It à portée de main ! Deuxième limite : c’est un petit papier, il peut donc facilement se perdre mais les élèves apprennent rapidement à être plus consciencieux car sans Post-It l’activité devient vraiment plus difficile à réaliser.
Pensez-vous qu’elle soit transposable en classe de collège ?
Je suis persuadée que plus on met en place cet outil tôt dans l’apprentissage de la langue, plus les élèves prendront confiance en eux et deviendront autonomes rapidement. Tout est une question d’habitude et d’entraînement.
La recommanderiez-vous à des collègues, y compris peu expérimenté(e)s ?***
Mme L’Herroux enseigne l’anglais au lycée du Pays de Retz, à Pornic (44). Parmi les éléments qui guident son action, elle a à cœur de favoriser l’autonomie de fonctionnement et de réflexion de ses élèves, et de les aider à prendre confiance dans leurs capacités.
niveau : Collèges tous niveaux, Lycée tous niveaux
type pédagogique : scénario, séquence
public visé : enseignant
contexte d'usage : classe
référence aux programmes :
anglais - Rectorat de l'Académie de Nantes