Le voile bleu comme un écran de protection, une distance. Refus des couleurs du monde réel. Déréalisation et rapport au cinéma. Couleurs artificielles. Monochromie et camaïeu.
“Je n'ai jamais employé le bleu en me disant “Tiens, c'est la couleur de la peur, donc je peins en bleu”. Au contraire, je l'ai employé comme la couleur de la protection. Quand je peins bleu, j'ai du plaisir, c'est du bleu : ça m'éloigne de ce que je fais. C'est comme si je me mettais dans un voile bleu. Il se passe un massacre derrière la vitre bleue, et moi je suis protégé des balles. Le bleu n'est pas pour moi la couleur de la peur. Pour un de mes tableaux fait consciemment en bleu, j'ai pris une phrase d'Edgar Poe : “Quoi que l'on voie ou que l'on ressente, ce n'est jamais qu'un rêve à travers un rêve”. Je trouve ça tout à fait juste.” Interview de Jacques Monory par Isa-Lou Regen
Le motif figuratif se brise au contact des couleurs du spectre. La désintégration de l’espace, la dissolution progressive de l’objet, le triomphe de la couleur le conduiront à franchir le pas de l’abstraction.
La couleur offre des qualités irréductibles : elle rayonne, diffuse, prend un certain volume, elle peut être appliquée à l’outil mais aussi à d’autres éléments du dispositif : murs, parois,... Le spectateur se retrouve alors « pris » dans la couleur, qui a conquis l’espace tridimensionnel.