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mis à jour le 12/04/2025
mots clés : intelligence artificielle, copier, créer, geste, description, IA
En introduction, quelques questions sont posées aux élèves afin de sonder leurs connaissances sur l’intelligence artificielle. La plupart semblent savoir de quoi il s’agit, et certains l’utilisent déjà. Ils perçoivent assez justement en quoi l’IA peut être considérée comme une invention « inquiétante », notamment pour les professeurs (« ils ont peur qu’on fasse nos devoirs avec ») et les artistes.
Dans un premier temps, la professeure propose à la classe un défi : mettre à l’épreuve les connaissances artistiques de l’intelligence artificielle. Collectivement, les élèves doivent décrire avec suffisamment de précision une œuvre étudiée en cours, afin que l’IA puisse l’identifier sans connaître ni le nom de l’artiste ni le titre de l’œuvre.
La professeure se limite à retranscrire les descriptions des élèves, et le dialogue entre la classe et l’IA est projeté au tableau.
En quelques mots, l’IA retrouve très rapidement La Joconde ainsi que les œuvres d’Yves Klein. Elle nécessite cependant quelques précisions pour A Bigger Splash de David Hockney et échoue à identifier une photographie de Martin Parr issue de la série Small World.
Dans un second temps, la professeure invite cette fois-ci les élèves à utiliser l’intelligence artificielle pour générer une image ressemblant étroitement à une œuvre préexistante, en s’appuyant sur la description qu'ils en feront.
L’expérience sera réalisée avec La Joconde de Léonard de Vinci.
La séquence se poursuit en salle numérique. Chaque binôme d’élèves dispose d’un ordinateur et accède à un site leur permettant d’exploiter l’intelligence artificielle.
Un document leur est fourni, présentant deux œuvres :
David Hockney, A Bigger Splash (1967), acrylique sur toile, 242,5 × 243,9 cm
Edward Hopper, La Colline au phare (1927), huile sur toile, 73,8 × 102,2 cm
Grâce à votre description détaillée, faites en sorte que l'IA reproduise le plus fidèlement possible les œuvres qui vous sont proposées
Vous ne pouvez pas lui indiquer le titre de l'oeuvre et le nom de l'artiste
Force est de constater que l’intelligence artificielle parvient, avec très peu de mots, à produire une image proche de l’œuvre d’Edward Hopper.
Les élèves, en écrivant simplement « génère-moi une peinture avec une maison, une colline et un phare », obtiennent immédiatement une image dont l’esthétique se rapproche sensiblement de celle de Hopper.
Cependant, la tâche devient plus complexe lorsque l’on cherche à préciser les effets de lumière, les couleurs, ainsi que le point de vue et le cadrage.
L’IA donne l'impression de parfaitement comprendre ce que les élèves souhaitent lui faire reproduire, mais elle semble rencontrer des limitations liées aux droits d’auteur.
Concernant A Bigger Splash, les élèves rencontrent davantage de difficultés pour obtenir le rendu souhaité. L’IA génère d’abord des images qui semblent plus réalistes. Les élèves doivent donc utiliser un vocabulaire plus précis pour se rapprocher du visuel de l’œuvre.
De plus, l’IA ne semble pas toujours tenir compte de toutes leurs remarques et n’intègre pas systématiquement toutes leurs demandes. Par exemple, elle fournira une image avec un aplat de couleur, mais oubliera des éléments qu’ils avaient spécifiquement demandés, comme un plongeoir au premier plan ou une maison rose.
Pour certains élèves, le plus difficile réside dans le fait d'obtenir l'aspect plat du décor mais également le mouvement de l'éclaboussure sur une même image.
L’élève qui parviendra à fournir la description la plus précise de l’œuvre d’Hockney recevra alors ce message :
À la fin de la séance, nous nous regroupons pour échanger autour des différents rendus obtenus par les élèves.
Si la ressemblance avec les œuvres d’origine semble évidente, les élèves expriment néanmoins de nombreuses difficultés à retrouver le même aspect visuel :
« C’est joli, mais trop lisse. »
« Ça ne ressemble pas à une peinture ancienne. »
« Le visage est trop moderne. »
« Tout se ressemble et, en même temps, pas vraiment. »
« Pour la peinture du phare, c’est facile, elle est déjà réaliste, mais là, ça ressemble à un dessin animé, quelque chose n'y est pas. »
« C’est pas étrange pareil. »
Ainsi, la discussion autour des images générées par l’IA s’oriente vers des questions plus larges :
Les élèves remarquent rapidement que toutes les images générées ont une certaine uniformité. Elles semblent n’être qu’une synthèse des visuels accessibles librement sur internet et les réseaux sociaux, qu’il s’agisse de paysages ou de personnages.
Ils s’accordent à dire que ces images sont « jolies », mais aussi qu’elles paraissent vides, trop lisses. Il leur manque quelque chose : une dimension sensible, un ressenti, une émotion.
Cette réflexion permet de rappeler qu’un ou une artiste, avant tout, nous invite à appréhender le quotidien sous un autre angle, un autre prisme. Une vision qui se détache, justement, de celle de la masse.
Enfin, une élève soulève aussi la question de l’impact écologique de l’intelligence artificielle.
Sur ce dernier temps, il est présenté aux élèves des artistes qui ont fait le choix de se servir de l'IA comme un outil de création artistique :
- Refik ANADOL, Unsupervised, 2022 : commande du MOMA, l'IA utilisée par Anadol a été nourrie de plus de 380000 images issues des collections du musée. Le logiciel réinterpréte l'idée qu'il se fait de l'histoire de l'art.
www.google.com/search
- Sougwen CHUNG, une artiste qui explore la collaboration entre humains et machines en dessinant aux côtés de bras robotisés guidés par des algorithmes d’IA.
www.google.com/search
- Le travail de Mario KLINGEMANN, qui utilise des réseaux de neurones pour créer des images en perpétuelle évolution, souvent étranges et surréalistes.
www.google.com/search
mathilde fouquier
niveau : tous niveaux, Cycle 4
type pédagogique : leçon
public visé : non précisé
contexte d'usage :
référence aux programmes :
La représentation, la fabrication, la matérialité
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes