arts plastiques - InSitu

espace pédagogique > disciplines du second degré > arts plastiques > enseignement > leçons

du modelé au modelage

mis à jour le 01/05/2007

De la photographie argentique au bas-relief en passant par le dessin et la peinture, comment la distribution des lumières et des ombres intervient-elle dans les stratégies de représentation ?

mots clés : clair-obscur, portrait, bas-relief, photographie argentique

compétences - expérimenter, créer; savoir-faire
questions - corps figuré; lumière, représentation

deuxième leçon de la séquence "approches de l'ombre"

Une première proposition ("faites de l'ombre") avait été l'occasion de faire le point avec la classe sur la pluralité des ombres et de leurs effets, et de questionner la photographie numérique.
Le deuxième temps de cette séquence vise à faire découvrir aux élèves le rôle essentiel de la lumière et de l'ombre dans les dispositifs de représentation et de les confronter à la photographie argentique (prise de vue et tirage).
Il semble en effet que, le numérique ayant largement supplanté la pellicule dans l'usage, la grande majorité de nos élèves méconnaît totalement la photographie argentique, sa technique, son histoire, ses enjeux théoriques et esthétiques - ce qui paraît se révéler un manque important, surtout en lycée. Cette séquence autour des ombres est donc une bonne occasion pour mettre les élèves en situation de pratiquer ce que l'étymologie désigne comme une "écriture de la lumière".

La photographie argentique est ici intégrée à une suite de variations en chaîne autour du portrait, à un va et vient de pratiques (dessin, peinture, modelage), ce qui peut aider les élèves à bien prendre conscience que l'image photographique est également une représentation (ce qui ne va pas toujours de soi pour eux) et que son écart avec le réel n'est pas moins problématique - ni moins fécond - que pour une image picturale par exemple.

Bien sûr et en premier lieu, ce qui sous-tend cet enchaînement d'exercices, c'est la question du modelé créé par le clair-obscur, la manière dont la distribution des lumières et des ombres produit l'impression de volume dans les représentations bidimensionnelles.
Il s'agit de proposer aux élèves de penser la représentation - ici le portrait - en terme de masses et non de traits, en contraste de valeurs plutôt qu'en nuances de couleurs, d'accentuer ce contraste quitte à perturber les conventions de ressemblance.
Et c'est bien le mythe de Dibutades, la richesse et l'ambiguïté de ses interprétations, qui se trament en filigrane de ces propositions : tracé du contour d'une ombre, frustration de l'absence de modelé, correction du dessin par l'argile et le modelage, représentation ultérieure de la scène dans une geste caravagienne, question de l'empreinte (présence et absence : c'est le portrait d'un homme qui s'en va), etc.
Décidément, Dibutades est généreuse, peu avare de pistes pour questionner le dessin, la peinture, le modelage... et la photographie argentique.

Ce travail s'est développé sur 4 séances de 2 heures, certaines activités s'effectuant en parallèle (contrainte du labo noir et blanc).

Phase 1

Mise en commun des recherches effectuées par les élèves sur les oeuvres du Caravage et de Rembrandt. Découverte de quelques tableaux en diapositives. Mise en évidence de ce qui peut rapprocher les deux peintres et en particulier l'utilisation du clair-obscur, bien que celui-ci soit de nature différente, plus naturaliste et dramatique chez Le Caravage, plus poétique et intimiste chez Rembrandt : l'Italien sculpte ses figures avec une lumière violente qui vient en général de l'extérieur du tableau, tandis que le Hollandais les enveloppe et les adoucit à partir d'une source lumineuse intérieure à la toile.

Phase 2
Rapide présentation de la technique photographique dite argentique et du fonctionnement de l'appareil photo. Réalisation de portraits photographiques (pellicule noir et blanc) en éclairant fortement le modèle avec une torche et en jouant avec la position de la source lumineuse (par groupe de 3 : chaque élève est alternativement modèle, éclairagiste et photographe).

Phase 3
Tirage des photographies à l'agrandisseur (le négatif a été développé dans le commerce). Pour les élèves, c'est souvent une découverte ("c'est comme dans les films !"), source d'étonnement (la magie de l'apparition dans le bac à révélateur) et d'une compréhension plus fine du mécanisme de la photographie argentique et du rôle de la lumière à chacune des étapes, de la prise de vue au tirage.

Phase 4
La photographie noir et blanc (format 18 x 24 ) développée par l'élève sera son point de départ pour un travail de dessin au fusain puis de peinture à l'acrylique (format demi-raisin chaque).

Phase 5
Il est demandé aux élèves de retranscrire cette fois leur photographie sous la forme d'un bas-relief en argile, un bas-relief qu'ils devront ensuite éclairer spécifiquement et prendre en photographie (toujours en noir et blanc). Il leur faut donc réfléchir à des équivalences entre les lumières et les ombres d'une part et les pleins et les creux d'autre part.

Phase 6
Développement des photographies des bas-reliefs.

Phase 7
Accrochage de l'ensemble des travaux (photographie de départ, dessin au fusain, peinture acrylique et photographie du bas-relief) et verbalisation. Les élèves insistent beaucoup sur le fait que l'accentuation des ombres va à à l'encontre de leurs réflexes habituels et de leurs idées de ce qu'est la ressemblance (la découverte au passage qu'une photographie n'est pas forcément "ressemblante" !) : il a été difficile pour certains de faire disparaître totalement dans l'ombre des parties du visage comme les yeux ou la bouche. Le travail de bas-relief a particulièrement retenu leur attention : écart entre le bas-relief "réel" et sa photographie; importance à cet égard de l'éclairage (une variation même infime de la lumière modifie fortement le bas-relief); constat que, parmi les photographies de bas-reliefs, les plus satisfaisantes sont celles qui sont le moins "dessinées" mais bien modelées, creusées, assez éloignées finalement de l'idée que l'on peut se faire d'un visage...

photographie argentique

fusain

acrylique

photographie du bas-relief en argile

auteur(s) :

thierry froger

information(s) pédagogique(s)

niveau : 1ère

type pédagogique : leçon

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : la représentation

ressource(s) principale(s)

	approches de l'ombre	15/04/2007
	Une suite de propositions et variantes pour appréhender le rôle et le traitement de l'ombre dans les dispositifs de représentation.
	figuration, ombre, photographie, empreinte	thierry froger

haut de page

arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes