arts plastiques - InSitu

En regardant l’œuvre de Sam Szafran, je m’intéresse surtout à la notion d‘espace qui interagit avec la présence invasive du végétal. Comment les deux peuvent coexister, l'espace agissant comme support et cadre, le végétal comme matériau et sujet.

Dans les dessins de Sam Szafran, l'espace est représenté partiellement, cachés par les philodendrons. Pourtant la situation paraît plausible, un peu comme si on habitait une serre tropicale. La prolifération disproportionnée ne paraît pas si étrange, ni même la couleur des feuillages dans la série aux pastels. La matière poudreuse de la craie, la fluidité de l'aquarelle ajoutent aussi une douceur propre à un rêve.

Alors que l'espace bâti est le plus souvent constitué de lignes droites, d'une géométrie palpable et compréhensible, d'une certaine stabilité, le végétal lui est à l'inverse organique et proliférant. Dans un espace fait de plans qui le limitent, sol, mur et plafond, on oppose de multiples formes gauches et ciselées créant un effet labyrinthique. C'est de cette opposition que l'énoncé « Intérieur végétal » apparaît et annonce la question à traiter.
 

A leur arrivée en classe, les élèves découvrent une plante installée sur chaque îlot de table et un énoncé écrit au tableau.

Intérieur végétal

Il s’agit d’une demande très ouverte pour travailler sur l’idée d’une salle d'arts plastiques qui deviendrait … végétale, organique.

La question du comment est posée et explicitée oralement à la classe. La salle dans laquelle ils travaillent habituellement est à considérer comme l’espace modèle.
 

La présence des plantes transforme l’ambiance de travail. Tout est apaisé. L'atmosphère est déjà plus proche du jardin que de la salle de cours. Pour autant, il leur est demandé de transcrire cette idée sur la feuille de papier.

Des papiers calques et photocopies de la salle sont proposés en plus des matériaux et supports usuels.

Cette situation d’enseignement permet de réfléchir à l’organisation d’un espace où se côtoient organique et géométrique.

Les élèves ont pu s'approprier les questions autour des notions de couleur, de forme et d’espace.

Tantôt la végétation tapisse sol et mur dans des formes assez stylisées et répétitives tantôt c'est une ambiguïté entre intérieur et extérieur qui permet de faire cohabiter végétal et minéral, vivant et artificiel, géométrique et informe.

D'autres ont pris appui sur les supports et outils proposés (calque et photocopies de la salle) probablement rassurés par le réalisme obtenu du report au calque, d’autres découvrant la répétition possible de formes en s’inspirant de la plante présente sous leurs yeux.

Les compétences travaillées en priorité sont liées à l’expérimentation pour passer du choix à l’initiative et choisir des moyens plastiques à des fins de créations.

Des suites, variantes et pistes pour une progression spiralaire, tous niveaux confondus :

Végétal all over, représenter la plante dans toute la feuille de dessin.


Le Philodendron grandit, se métamorphose devient une …


Monstera déliciosa, la plante monstrueuse et colorée


La plante … abstraite.


Une plante aux mille et une nuances de vert


La plante devient architecture

Je comptais sur deux séances, mais j'ai finalement glissé l'analyse de l’œuvre Intérieur aux aubergines de Matisse, à mi-parcours, pour recentrer le propos.

J'ai simplement demandé aux élèves de me décrire l’œuvre en précisant comment l'artiste utilisait les éléments végétaux, nous avons distingués les végétaux réels tels que fleurs coupées, aubergines et fruits posés sur la table, ou présents dans le paysage aperçu par la fenêtre, et motifs de sols, murs, plafond, mobilier, nappe et autre textile.

Ensuite nous avons évoqué le traitement de l'espace, comme mis à plat et à la fois dynamisé par la diagonale de la composition.