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mis à jour le 11/05/2019
mots clés : son, parole, musique
En guise d'introduction, il n'est qu'à se souvenir de la magistrale rétrospective Claude Closky : 8002-9891 (Mac/Val, Vitry-sur-Seine, du 28 mars au 22 juin 2008) – un parcours dans le noir à travers vingt ans de création qui plongeait le visiteur dans un univers sonore grave et drôle, implacable et absurde.
Les installations immersives qu'Anne Le Troter met en œuvre aujourd'hui, n'en sont pas moins plaisantes et profondes, et ses dispositifs linguistiques, peuplés de voix qui se télescopent et se répondent, sont soumis à un processus de composition très élaboré : Liste à puces (Palais de Tokyo, Paris, du 3 février au 8 mai 2017) – une exploration d'un domaine très codifié, celui des enquêteurs téléphoniques des instituts de sondage.
« Par la collecte de paroles auprès de milieux professionnels qu'elle infiltre,
Anne Le Troter cherche plus largement à voir comment, dans le creuset de la langue,
l'individu et sa singularité peuvent s'exprimer sans être instrumentalisés ou
absorbés par la société actuelle des données. » (Éva Prouteau)
Pour sa récente exposition : Parler de loin ou bien se taire (Le Grand Café, Saint-Nazaire, du 2 février au 21 avril 2019), Anne Le Troter a créé une vaste installation composée d'une seule pièce sonore traversant l'ensemble du bâtiment, qui met en dialogue les archives audio d'une cryobanque étasunienne, leur interprétation et leur traduction.
« Je me suis appuyée sur la totalité des remarques écrites à mon sujet par des professeurs sur mon bulletin du premier trimestre de 3ème – période pendant laquelle j'ai commencé à m'ouvrir davantage aux autres.
J'ai simplement demandé à ma mère et à ma petite sœur de lire, l'une après l'autre, tout ce qui y était inscrit sans faire d'autre commentaire, pendant que je les enregistrais avec mon portable.
Ma mère étant Allemande, on entend son accent ; ma soeur n'ayant que huit ans, on entend ses erreurs de lecture (ce qui produit parfois un sens tout à fait inattendu !).
En faisant le montage audio, j'ai alterné les deux voix comme si elles avaient été enregistrées en même temps. Cela donne aussi l'impression d'un dialogue dans lequel les expressions et les intonations auraient été préparées à l'avance, alors que chacune des lectures a été complétement improvisée. Ainsi, les deux voix se superposent et s'enchaînent comme si l'une poursuivait le texte de l'autre. Il arrive même que l'une corrige l'autre...
Parallèlement à ce vrai-faux dialogue, mon rire (en arrière-plan) vient systématiquement ponctuer certaines des paroles prononcées. On retrouve aussi très régulièrement des répétitions qui apportent du rythme à la bande-son, mais aussi des applaudissements ou des "bégaiements".
Certaines appréciations de mes professeurs, rédigées de manière assez recherchée, contribuent à donner un aspect poétique à mon projet. »
(Noa)
« J'ai commencé par fouiller mes tiroirs en quête de vieux bulletins ou autres, et c'est en feuilletant un bilan d'évaluation de CE1 me concernant que je suis tombé sur un petit texte dans lequel il était question du hérisson. J'ai rapidement perçu l'intérêt qu'il y aurait à exploiter musicalement un tel texte, d'autant que son titre ne manquait pas de piquant : "Comment faire plaisir à un hérisson ?"
Le côté un peu absurde de ce titre correspondait à l'esprit humoristique que je voulais donner à ma bande son. J'ai confié à l'un de mes camarades, à la voix plutôt grave, le soin de dire des bouts de phrases simples ou ridicules du style : "je suis un hérisson", "je vais à l'école", "j'ai l'nez bouché". Le reste du texte, directement issu de ma feuille d'évaluation de CE1, est dit par la voix de l'Assistant Google – cette voix robotisée est comme un clin d'œil à la grande machine qu'est le système scolaire !
Passionné d'électro et de dub, j'ai composé une musique (grâce à FL Studio) sur laquelle tous les éléments vocaux sont plus ou moins répétés en boucle. En relation avec ça, j'aimerais qu'elle soit diffusée dans un espace circulaire – semblable à celui de la salle d'exposition du lycée – et plongée dans une semi-obscurité avec quelques flashs de lumière intense. »
(Lucas)
Daniel Sage, lycée Camille Claudel, Blain
niveau : 1ère L
type pédagogique : production d'élève
public visé : élève, enseignant
contexte d'usage : classe
référence aux programmes :
Figuration et temps conjugués
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes