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soyons flous

mis à jour le 09/10/2024


Vignette Soyons flous.jpg

La représentation du flou permet-elle de questionner la ligne (FORME) et la façon dont elle se donne à voir ?

mots clés : photographie, dessin, ligne, flou, contour, bruit, grain, pixel


Document sans nom

Cette séquence de dessin en lien avec la photographie est à penser en plusieurs temps : l’idée de départ était de sensibiliser les élèves à la question plastique du FLOU : quels effets ? Quelles incidences sur la perception de l’œuvre ?

L’objectif de la séquence est de sensibiliser les élèves aux qualités du dessin et d’en comprendre la singularité de l’écart en traitant la question du flou, en interrogeant les limites de la forme.

 
 

A leur entrée en classe les élèves découvrent sur chaque ilot des photographies imprimées en très bonne qualité, déjà incitatives à un regard appuyé. Il s’agit d’un corpus choisi selon des qualités plastiques bien évidentes avec notamment :

  • Jean-Ferdinand COSTE, Dans le brouillard, 1896 (flou pictorialiste)
  • Roger SCHALL, Photo prise dans le virage, 1935 (flou expérimental des avant-gardes)
  • MAN RAY, L'Étoile de mer, 1928 (flou expérimental des avant-gardes)
  • Henri CARTIER-BRESSON, Alberto Giacometti, 1961 (flou de bougé)
  • Jean-Luc TARTARIN, Moutons, 1971 (flou subjectif – grain et matérialité)
  • Thomas RUFF, JPEG tr01, 2007 (flou contemporain – pixels)
 

Dans un premier temps la question porte sur la nature des images posées sur les tables :

« Ce sont des images ! Des photographies  »

Les élèves s’interrogent sur le point commun entre toutes les photographies posées sur les îlots :

« Elles sont toutes floues ! », « on ne voit pas bien ce qui se passe… »

Cette évaluation diagnostique permet de saisir ce qu’ils savent de cette notion de « flou » :

« ce n’est pas net » ; « ça donne un effet » ; « c’est quand on bouge devant l’appareil photo ! »

Les termes sont notés au tableau pour garder une mémoire de ce qui est dit en début d’activité.

 

L’incitation qui permet de lancer la dynamique de travail est ensuite précisée au tableau :

SOYONS FLOUS !

Vous tenterez de reproduire l’image posée sur votre ilot


  • Support : Feuilles à dessin format A4
  • Outil : crayon feutre noir ou stylo bic
  • Possibilité de décalquer
  • Pas de crayon à papier
  • Temps de pratique : 45 minutes.
 

Les premiers questionnements apparaissent rapidement :

« Mais comment faire avec un stylo pour faire du flou ? On ne peut pas estomper avec notre crayon à papier ? »


La pratique qui est tâtonnante, se met en place. Comme il a été indiqué aux élèves qu’ils avaient la possibilité de décalquer, des espaces de la salle d’arts plastiques sont aménagés de façon à permettre aux élèves de travailler en autonomie. Ainsi, chaque élève peut s’orienter dans la classe en fonction de ses besoins. Dans le cas présent, des tables lumineuses sont à disposition, un rétroprojecteur et les fenêtres de la salle pour faciliter le report de l’image.

 

Chacune des photographies choisies possède des qualités particulières, que les élèves vont tenter de retranscrire avec l’outil imposé. En effet, le corpus de photographies est pensé pour donner à voir différents flous.
Ainsi, on observe que certains élèves vont avoir à cœur de transmettre un flou de bougé en créant une ligne tremblante, afin de tenter de la rendre la moins nette possible. 

 
 

Avec la photographie de Man Ray, le flou se donne à voir par tâches. C’est pourquoi, les élèves tentent d’analyser les effets de l’outil et ses incidences : on observe que beaucoup tentent de chauffer l’encre du stylo avec leurs doigts afin de la faire baver, multiplient leurs empreintes encrées sur la surface du papier.

« Quand on chauffe avec le doigt ça bave ! »



 

D’autres vont préférer se servir de leur stylo pour dessiner une multitude de points, afin de rendre le bruit présent sur la photographie de Tartarin, qui va opérer un lien avec le grain du support ; tandis que certains vont multiplier les hachures afin de faire disparaître les contours de leurs figures.

   
 

On observe également certains élèves qui utilisent des feutres usés pour créer des effets de trames :

«- Ca ne te dérange pas que ton stylo soit usé ?
- Au début ça me dérangeait mais finalement je crois que c’est intéressant …
- Pourquoi ?
- Parce que ça fait des valeurs différentes comme le noir n’est pas le même à certains endroits, ça donne une impression de profondeur.»

Maxence tentait de reproduire le flou pictorialiste qui figure le brouillard.

 
   
 

Enfin, certains finissent par demander à l’enseignant s’il est possible d’ajouter de l’eau à leur dessin : cette dernière va permettre de diffuser l’encre pour faire disparaître la ligne.


« - C’est un peu comme un lavis !

- Oui c’est vrai, mais alors sommes-nous toujours dans le dessin ?
- Je ne sais pas trop… C’est vrai que je suis peut-être dans la peinture… Ça marche quand même pour aujourd’hui ? »

Au moment de l’accrochage, certains élèves constatent qu’ils préfèrent leur travail « de loin » :

« Je ne l’aimais pas quand je le faisais mais là, accroché plus loin, je trouve que ça rend pas mal finalement. »

En arts plastiques, il convient de régulièrement sensibiliser les élèves à la perception de leur travail, et ce pour les amener à en apprécier la plasticité…souvent intuitive. Lors de la verbalisation, les élèves reviennent sur ce qu’ils ont saisi de la demande, appris et ce qu’ils ont découvert :

«Quand on dessine, on veut marquer le contour alors que là on ne voulait pas de contour, puisqu’il fallait que ce soit flou.»

«On peut faire des effets avec le stylo : j’ai sacrifié un stylo pour ce travail puisque je l’ai ouvert pour faire sortir l’encre qui s’est étalée sur ma feuille».

 

Il est question de revenir sur les différents flous opérés par les images photographiques (flou de bougé, bruit, pixel…) et leurs traductions graphiques :

« Si le dessin se retrouve dans la ligne, les traits, alors sommes-nous toujours face à du dessin ? »

Ainsi, la classe s’interroge sur la porosité entre le dessin et sa définition, la photographie et la peinture.

Petit à petit, il s’agit de questionner ce que le fou apporte à l’œuvre. En quoi peut-il être voulu et non le signe d’un « raté » ? En quoi le flou est intéressant ?

Pour poursuivre autour de la question du flou, nous envisagerons une séquence de prolongement qui permette d’opérer un glissement vers la matérialité de l’image, notamment picturale.



Les références à montrer aux élèves :

  • Léonard DE VINCI, La Vierge, l’enfant Jésus et Sainte Anne, 1503 - 1519, huile sur bois168,4 × 130 cm
  • Georges SEURAT, femme lisant, 1883, craie sur papier, 30 x 23 cm
  • Gerhard RICHTER, Lys,2000, huile sur toile, 68 x 80 cm.
  • Lucas SAMARAS, Photo-transformation, 1973, Pol;aroid, 8 x 7,8 cm
  • Alexandre HOLLAN, Le Grand chêne dansant, 2016, fusain sur papier, 60 x 80 cm



Quelques lectures pour aller plus loin dans la réflexion sur la photographie « floue » :

  • Parfaites imperfections de Erik Kessels
  •  L’image et son double, ouvrage collectif, centre Pompidou.
  •  Fautographie petite histoire de l’erreur photographique de Clément Cheroux
 
Licence Creative Commons
 
auteur(s) :

mathilde andré

information(s) pédagogique(s)

niveau : Cycle 4, 4ème

type pédagogique :

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : La matérialité de l’œuvre, l’objet et l’œuvre. La transformation de la matière : les relations entre matières, outils, gestes ; la réalité concrète d’une œuvre ou d’une production plastique ; le pouvoir de représentation ou de signification de la réalité physique globale de l’œuvre.

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