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mis à jour le 09/10/2024
La représentation du flou permet-elle de questionner la ligne (FORME) et la façon dont elle se donne à voir ?
mots clés : photographie, dessin, ligne, flou, contour, bruit, grain, pixel
Cette séquence de dessin en lien avec la photographie est à penser en plusieurs temps : l’idée de départ était de sensibiliser les élèves à la question plastique du FLOU : quels effets ? Quelles incidences sur la perception de l’œuvre ?
L’objectif de la séquence est de sensibiliser les élèves aux qualités du dessin et d’en comprendre la singularité de l’écart en traitant la question du flou, en interrogeant les limites de la forme.
A leur entrée en classe les élèves découvrent sur chaque ilot des photographies imprimées en très bonne qualité, déjà incitatives à un regard appuyé. Il s’agit d’un corpus choisi selon des qualités plastiques bien évidentes avec notamment :
Dans un premier temps la question porte sur la nature des images posées sur les tables :
Les élèves s’interrogent sur le point commun entre toutes les photographies posées sur les îlots :
Cette évaluation diagnostique permet de saisir ce qu’ils savent de cette notion de « flou » :
Les termes sont notés au tableau pour garder une mémoire de ce qui est dit en début d’activité.
L’incitation qui permet de lancer la dynamique de travail est ensuite précisée au tableau :
SOYONS FLOUS !
Vous tenterez de reproduire l’image posée sur votre ilot
Les premiers questionnements apparaissent rapidement :
La pratique qui est tâtonnante, se met en place. Comme il a été indiqué aux élèves qu’ils avaient la possibilité de décalquer, des espaces de la salle d’arts plastiques sont aménagés de façon à permettre aux élèves de travailler en autonomie. Ainsi, chaque élève peut s’orienter dans la classe en fonction de ses besoins. Dans le cas présent, des tables lumineuses sont à disposition, un rétroprojecteur et les fenêtres de la salle pour faciliter le report de l’image.
Chacune des photographies choisies possède des qualités particulières, que les élèves vont tenter de retranscrire avec l’outil imposé. En effet, le corpus de photographies est pensé pour donner à voir différents flous. |
Avec la photographie de Man Ray, le flou se donne à voir par tâches. C’est pourquoi, les élèves tentent d’analyser les effets de l’outil et ses incidences : on observe que beaucoup tentent de chauffer l’encre du stylo avec leurs doigts afin de la faire baver, multiplient leurs empreintes encrées sur la surface du papier.
« Quand on chauffe avec le doigt ça bave ! »
D’autres vont préférer se servir de leur stylo pour dessiner une multitude de points, afin de rendre le bruit présent sur la photographie de Tartarin, qui va opérer un lien avec le grain du support ; tandis que certains vont multiplier les hachures afin de faire disparaître les contours de leurs figures.
On observe également certains élèves qui utilisent des feutres usés pour créer des effets de trames :
«- Ca ne te dérange pas que ton stylo soit usé ?
- Au début ça me dérangeait mais finalement je crois que c’est intéressant …
- Pourquoi ?
- Parce que ça fait des valeurs différentes comme le noir n’est pas le même à certains endroits, ça donne une impression de profondeur.»
Maxence tentait de reproduire le flou pictorialiste qui figure le brouillard.
Enfin, certains finissent par demander à l’enseignant s’il est possible d’ajouter de l’eau à leur dessin : cette dernière va permettre de diffuser l’encre pour faire disparaître la ligne.
« - C’est un peu comme un lavis !
- Oui c’est vrai, mais alors sommes-nous toujours dans le dessin ?
- Je ne sais pas trop… C’est vrai que je suis peut-être dans la peinture… Ça marche quand même pour aujourd’hui ? »
Au moment de l’accrochage, certains élèves constatent qu’ils préfèrent leur travail « de loin » :
« Je ne l’aimais pas quand je le faisais mais là, accroché plus loin, je trouve que ça rend pas mal finalement. »
En arts plastiques, il convient de régulièrement sensibiliser les élèves à la perception de leur travail, et ce pour les amener à en apprécier la plasticité…souvent intuitive. Lors de la verbalisation, les élèves reviennent sur ce qu’ils ont saisi de la demande, appris et ce qu’ils ont découvert :
«Quand on dessine, on veut marquer le contour alors que là on ne voulait pas de contour, puisqu’il fallait que ce soit flou.»
«On peut faire des effets avec le stylo : j’ai sacrifié un stylo pour ce travail puisque je l’ai ouvert pour faire sortir l’encre qui s’est étalée sur ma feuille».
Il est question de revenir sur les différents flous opérés par les images photographiques (flou de bougé, bruit, pixel…) et leurs traductions graphiques :
« Si le dessin se retrouve dans la ligne, les traits, alors sommes-nous toujours face à du dessin ? »
Ainsi, la classe s’interroge sur la porosité entre le dessin et sa définition, la photographie et la peinture.
Petit à petit, il s’agit de questionner ce que le fou apporte à l’œuvre. En quoi peut-il être voulu et non le signe d’un « raté » ? En quoi le flou est intéressant ?
Pour poursuivre autour de la question du flou, nous envisagerons une séquence de prolongement qui permette d’opérer un glissement vers la matérialité de l’image, notamment picturale.
mathilde andré
niveau : Cycle 4, 4ème
type pédagogique :
public visé : enseignant
contexte d'usage : classe
référence aux programmes : La matérialité de l’œuvre, l’objet et l’œuvre. La transformation de la matière : les relations entre matières, outils, gestes ; la réalité concrète d’une œuvre ou d’une production plastique ; le pouvoir de représentation ou de signification de la réalité physique globale de l’œuvre.
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes