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Felice Varini, un artiste d'Estuaire 2007

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L'artiste suisse investit le Port de Saint Nazaire du 1er Juin au 1er Septembre dans le cadre du Projet Estuaire 2007


 Felice Varini développe depuis près de trente ans un travail autour de la perception des lieux architecturaux. A l'origine peintre il décide très vite de sortir du cadre restreint du tableau pour envahir ces différents espaces de monstration que sont galeries, musées ou bâtiments n'ayant  pas fonction à présenter l'art, dorénavant considérés, selon les dires de l'artiste, comme supports (1). Réinvention de la peinture, d'abord pensée comme un ensemble de données sensibles, perceptives : une peinture en acte, agissante sur ce qui l'environne. En ce sens Varini s'inscrit pleinement dans le contexte des années 70, dans le sillage de mouvements comme Support / Surface. Avec une relative économie de moyens (recours à des bandes de papiers peintes puis fixées à la surface des cimaises, murs ou piliers), empreint de minimalisme (pensons aux Wall Drawings de Sol Lewitt), son registre formel se limite aux cercles concentriques, carrés, lignes verticales, horizontales, diagonales, formes plus complexes épousant les contours d'objets présents dans l'espace réel. Nous pouvons citer Deux Fois Quatre (Espace Faux Mouvement, Metz, 1995) ou  Sept ellipses excentriques n°1 (intervention à la Galerie Jennifer Flay, 1998). Les exemples et les configurations sont multiples.
 
 Varini s'intéresse aux qualités des lieux en leur imprimant de nouveaux rythmes, en mettant en place de nouvelles continuités, fragmentant, se jouant des pleins et des vides, que ces derniers relèvent du lieu investi ou de l'illusionnisme de la peinture. Derrière ces procédures plastiques c'est bel et bien la notion de point de vue qui est interrogée, et bien entendu la condition même de notre regard. Le spectateur d'une oeuvre de Varini se déplace, scrute, contraint au mouvement pour reconstituer l'image d'un cercle, d'une ligne. Le point de vue va fonctionner comme un point de lecture, c'est à dire comme un point de départ possible à l'approche de la peinture et de l'espace. La forme peinte est cohérente quand le spectateur se trouve au point de vue. Lorsque celui-ci sort du point de vue, le travail rencontre l'espace qui engendre une infinité de points de vue sur la forme. Ce n'est donc pas à travers ce point de vue premier que je vois le travail effectué ; celui-ci se tient dans l'ensemble des points de vues que le spectateur peut avoir sur lui (2). Aussi l'anamorphose pratiquée avec une rigueur toute personnelle par l'artiste  entretient une relation paradoxale avec le regard : elle joue sans cesse avec lui, procède du retournement en faisant surgir le non visible dans un nouveau champ de visibilité ; retournement qui, aussi, corrige ou modifie le sens de l'œuvre.
 
 
 Pour Estuaire 2007 l'artiste suisse a imaginé une œuvre d'une échelle inédite, aux dimensions de la zone portuaire de Saint Nazaire. De cette Suite de triangles irrégulière, il sera possible de reconstituer  l'image complète et cohérente, une ligne continue parcourant toîts et bâtiments industriels, depuis la terrasse de la Base Sous-Marine. Cette intervention permet une observation nouvelle de nombre d'espaces industriels, mais questionne plus profondément encore la forme complexe d'une ville que les fractures historiques ont fortement imprégné. L'œuvre éclatée, heurtée, pourra en évoquer une autre, architecturale celle-là, sur un registre émotionnel et historique bien différent il est vrai : Le Musée Juif de Berlin de Daniel Libeskind. Ou comment une forme plastique peut enregistrer et incarner les chocs de l'Histoire.


(1) Présentation de sa démarche par Varini lui-même sur http://www.varini.org
(2) Même référence : http://www.varini.org ; Le point de vue, c'est le lieu de référence, le lieu d'où le regard ricoche. C'est mon fil conducteur. Une foule de questions naissent à partir de lui : la question des formes, de la représentation, celle de la perspective, la modification des pièces, du regard... (Interview de l'artiste dans la Revue Nouveaux Regards n°16, 2002)
 

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artiste
né en 1952 (Suisse)
vit et travaille à Paris

sitographie
www.varini.org
www.estuaire.info


bibliographie
Felice Varini 18, rue Antoine Bourdelle, 2006, éditions Paris-Musées
Felice Varini, Collectif, éditions Lars Muller

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