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mis à jour le 30/11/2011
mots clés : peau, pellicule, enveloppe, matérialité, identité
Le corps moulé par la nature Le corps et la nature, un sujet récurrent que nombre de peintres et d'artistes ont étudié. Je suis partie de l'idée du corps moulé dans la nature, la végétation recouvrant l'enveloppe corporelle et remplaçant la peau comme une membrane chlorophyllienne. Pour réaliser cette idée, j'ai fabriqué un masque recouvert d'un mélange de terre, de fleurs et de feuilles séchées, ainsi qu'une composition faite d'un poing feuillu emboité dans l'orifice d'un morceau d'écorce. Les photos ont été prises sur un fond de drapé noir pour accentuer le contraste entre le lissé de la soie et la matière rugueuse des deux objets. La peau se décompose et devient poussière puis humus. On pourrait l'associer aux processus de décomposition que subissent les morts dans leur dernière demeure. Le poing jaillit de l'écorce et s'impose, comme si l'homme voulait échapper au pouvoir croissant de la nature qui commence déjà à reprendre ses droits. Mon projet gravite surtout autour de cette idée de la nature et de la peau, le végétal colonisant l'organique. |
Le masque ("douleur figée et gueule cassée") Mon projet est fondé essentiellement sur l'enveloppe corporelle, et dans ce cas-ci de la peau meurtrie, déchirée, avec une tentative inefficace de reconstruction. La réalisation effectuée est celle d'un visage brisé, déchiré. La membrane étant constituée de matières différentes (argile, acrylique, plâtre), je rapproche ce masque d'une expérience ratée, une sorte de greffe de peaux pour rendre à l'être humain un semblant de visage, une part de l'identité perdue. L'argile craquelée et manquante à certains endroits correspond à l'identité qui se fissure et s'échappe. J'ai ainsi voulu dégager le sentiment d'inachevé, de reconstruction après la destruction, le masque n'étant qu'une trace partielle de ce que fut le visage, une forme quasi-indistincte, un monstre de Frankenstein couturé. |
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La peau n'est pas immortelle Une peau, deux, trois, quatre... notre peau se renouvelle à chaque instant sans que l'on s'en rende vraiment compte. Cependant, notre corps est loin d'être immortel, il peut se détériorer, mourir, disparaitre. Notre peau est un de ces facteurs qui nous montre à quel point nous sommes éphémères. C'est ce sentiment d'éphémère que j'ai tenté de faire transparaître à travers ce travail : une vidéo où la peau s'arrache, se fracture, se brise et meurt. La peau devient comme la terre aride du désert, sans vie et sans âme. Ce ne sont plus des lambeaux de peau qu'on arrache, mais des particules de l'âme qui se détachent, qui périssent. Le visage devient alors le théâtre de la mort cutanée et de l'âme déchue. La bande son de la vidéo est en réalité le grondement de tremblements de terre, afin de renforcer cette fissuration. |
Faux-suaire Cette série photographique a été réalisée en écho au voile de Véronique, mais avec l'idée d'effectuer l'opération inverse. Le visage n'aurait pas son empreinte sur le tissu, mais la trame laisserait sa trace éphémère sur la peau. La membrane se retrouve marquée par ce qu'on utilise comme enveloppe corporelle, une seconde peau qui recouvre celle qui doit à son tour voiler nos entrailles, une superposition de la matière sur la «peau» figurée sur la photographie. Les différentes expressions significatives des modèles me semblaient nécessaires pour laisser place à l'interrogation du spectateur : peut-on encore communiquer avec cette greffe de tissu ? Il me semble enfin qu'un rapport de positif et de négatif s'opère entre cette relique légendaire du passé (le suaire) et ma réalisation. |
Thierry Froger
niveau : Terminale L
type pédagogique : production d'élève
public visé : enseignant, élève
contexte d'usage : classe
référence aux programmes : L'oeuvre et le corps.
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes