César prend le contre-pied du geste, il ne fait pas émerger l'image d'un "tracé" nerveux qui serait proche de celui dont Roland Barthes fait état à propos de Twombly : "Le trait, si souple, léger ou incertain soit-il, renvoie toujours à une force, à une direction, c'est un energon, un travail qui donne à lire la trace de sa pulsion et de sa dépense. Le trait est une action visible" (in Cy Twombly (cinquante ans de dessins), Centre G. Pompidou, 2004, p. 40).
César se situe volontairement du côté d'une pratique méticuleuse qui imite la gestualité plus qu'elle ne la met en pratique, comme le font Roy Lichtenstein ou Glen Brown. Son "écriture" est proche de celle d'un artisan d'art. Elle exprime le labeur et les heures passées à fabriquer l'image, méthodiquement. Du "cousu-main" si l'on rattache son travail aux "métaphores de l'univers textile" d'Edouard Vuillard qui, selon Guy Cogeval, "fixe l'analogie entre le peint et le texturel, offrant par là une unité décorative à son œuvre apparemment fragmentée". (Vuillard, le temps détourné, Gallimard, 1993, p. 66)
A bien regarder, le travail de César révèle une contradiction entre la représentation (l'image d'un enfant de six ans souriant) et les techniques mises en œuvre : vue de loin l'image est empreinte de sérénité alors que, de près, la surface porte les stigmates des actions qui ont permis son apparition : percer, clouer, entailler, creuser, griffer, brûler, etc.
note de Daniel Sage, professeur
lycée Camille Claudel, Blain