"(...) Les propositions plastiques, aujourd'hui, racontent ou contraignent, à partir d'un scénario implicite ou explicite, le spectateur à adopter un rôle, s'il souhaite entrer dans l'œuvre.
L'énigme est un fil rouge de ces créations contemporaines : quête, enquête, recherche, rupture, drame, constituent souvent le moteur émotionnel de l'œuvre.
Une autre raison qui accentue cette prégnance du récit ou du scénario : la volonté des artistes contemporains de recoller au réel, à une réalité sociale, évolutive, dont les accidents et les imprévus constituent au travers de leurs occurrences possibles et à défaut de vision plus organisée ou idéologisée, le constat et le dépassement de cette réalité. (...)
La situation peut être l'expression d'un absurde, l'image comme un temps arrêté au bord de la catastrophe, ou bien construite selon des plans qui se déplient dans la profondeur du cadre, ou selon des séquences qui défilent leur linéarité ou qui les éparpillent de manière buissonnante, des vignettes qui suggèrent à l'imagination de constituer des liens, une installation ou une scène qui emprisonne son acteur, des fictions littéraires ou des enquêtes policières détournées ou inversées : à chaque fois l'œuvre cristallise une durée, esquisse ou décrit une trajectoire, qui n'est pas simple écoulement du temps, mais l'expression d'énergies en action, qui se déplacent, mais qui ne constituent une histoire que sous les regards distanciés qui les repèrent et qui arbitrairement les nomment."
extrait d'un texte de Jean-Paul Blanchet
en introduction au catalogue de l'exposition "Récits",
Centre d'art contemporain de Meymac, Corrèze