a propos des oeuvres
Adel Abdessemed
Né à Constantine (Algérie) en 1971, Adel Abdessemed vit à Berlin.
Entré à 15 ans aux Beaux-arts de Batna, il choisit de rejoindre en 1990 les Beaux-arts d'Alger. La guerre civile, marquée par de nombreux massacres dont l'assassinat du directeur de son école dans la cour même de l'établissement, le contraint à partir en 1994 pour la France. Arrivé à Lyon, il choisit de s'inscrire une fois de plus aux Beaux-arts, pour échapper à la clandestinité. Durant les 5 ans de son cursus, Adel y réalisera les bases d'un travail en perpétuel regard de sa double culture, et des différences sur lesquelles chacune d'elle est construite. Suite à cette période lyonnaise décisive, Adel Abdessemed fera un court passage à Paris avant de s'établir à New York, puis à Berlin, renforçant son nomadisme par de nombreux voyages à l'étranger pour ses expositions. Bien que prenant tour à tour diverses formes : vidéo - action, installation, dessin, la pratique d'Adel Abdessemed est cependant marquée par une série d'actions retranscrites, pour la plupart, en vidéo. Ces actions, gestes simples dont l'évidence tient pour beaucoup à leur teneur symbolique prononcée, interviennent comme une transgression de tabous et d'interdits dictés par la religion, la bienséance et l'ordre social.
« Moi, je puise mes sujets et ma matière dans tout ce qui a trait aux interdits, aux tabous et à toutes sortes de formes qui sont produites par les uns et par les autres. Il faut ouvrir les yeux, agir contre la loi et la morale, car l'une et l'autre prétendent arrêter la vie. »
God is Design est une vidéo d'un peu plus de quatre minutes construite à partir de plus de 3000 dessins, noir sur blanc, qui s'entrelacent au rythme d'une musique enivrante, à la limite de l'hallucination sonore.
Le processus de fabrication de l'image offre aux spectateurs une succession féconde de références à des cellules du corps humain, des symboles religieux juifs et musulmans, des motifs de la peinture géométrique occidentale ou de l'arabesque orientale.
Silvia Ocougne, musicienne brésilienne, a conçu pour l'occasion une composition où les strates sonores prolongent la profusion dynamique de dessins. Le son de la vidéo est volontairement très puissant pour couvrir les bruits de l'environnement.
La méthode avec laquelle Adel Abdessemed construit le film God is Design est basée sur la notion d'entrelacs, de mélange, de confrontation et d'échange. Elle aborde à la fois les notions de pur graphisme, du dessin, des formes et du mouvement mais également les notions d'infini, de répétition et de changement perpétuel. Déplacement, discontinuité, répétition, les images en mouvement d'Abdessemed interrogent un art réputé statique : le dessin. Différent du support papier, l'image projetée devient un support privilégié. Le dessin est diffusé sur un écran vidéo projeté à partir de fichiers numériques. Il se dématérialise et crée ainsi les conditions de sa mise en mouvement. Les notions de destruction et de mouvement renouvellent la conception d'une œuvre fondée sur l'idée de création et d'immobilité. Dans cette vidéo, la répétition d'une forme change celle-ci en mouvement, la reprise sérielle du motif donne naissance à de nouvelles compositions, destructions, organisations de surfaces. La cadence déterminée par le rythme de passage des images produit une illusion de continuité.