Quelques précisions sur « la mise en scène »On peut d’abord avec les élèves s’intéresser à la mise en scène de cette série photographique en adaptant nos interrogations en fonction du degré de connaissances de notre public.
Le point de vueQuel est le point de vue choisi par le photographe ? Où est positionné l’appareil photographique (justifier la réponse) ? Peter Menzel place son objectif en hauteur et en réalisant une légère plongée sur son sujet.
Pourquoi le photographe choisit-il ce point de vue ? On peut comparer ces photographies à des peintures de nature morte du 17e siècle par exemple. Prenons la Nature morte à la corbeille de fruits de Jacob Fopsen Van Es, exposée au musée des Beaux-Arts d’Angers.
Pourquoi, dans cette peinture, le point de vue est-il également légèrement en plongée ? Cela permet à l’artiste de créer une sensation de profondeur et, par ce stratagème, il peut montrer plus d’éléments. C’est aussi le cas dans les photographies de Menzel, puisqu’il souhaite montrer aux spectateurs la quantité de nourriture consommée en une semaine par une famille moyenne. Les éléments en commun sont : la représentation de la nourriture, les produits alimentaires souvent posés sur une table et une vue en plongée.
Le cadrageQuel est le cadrage adopté par le photographe ? Que voit-on dans les photographies de Menzel ? Quels sont les éléments visibles dans le champ et quels sont les éléments hors champ ? Pourquoi le photographe utilise-t-il ce cadrage ? Dans l’échelle des plans, Menzel utilise un plan moyen dans lequel les personnes sont vuesen pied. On voit une partie du décor (architecture, mobilier, objets, etc.) en intérieur ou en extérieur.Cela permet au spectateur de situer l’environnement des familles photographiées. Evidemment l’élément mis en avant dans ces photographies est la nourriture et ce que consomme cette famille en une semaine. C’est un cadrage que l’on peut qualifier de « didactique », il doit montrer aux spectateurs les diversités culinaires, les différences
quantitatives et qualitatives, les inégalités alimentaires. Le cadrage va donner du sens, comme dans les images de rayonnages alimentaires d’Andréas Gursky, qui photographie l’intérieur d’un supermarché américain.
Dans son oeuvre 99 cents, la succession des rayonnages donne une dimension vertigineuse à l’image. Contrairement à Menzel, les personnes sont englouties et disparaissent au milieu des denrées alimentaires.
La compositionQu’est-ce que la composition ? Quelle définition peut-on donner aux élèves ? Comment Peter Menzel compose son image ? Dans cette exposition il y a l’idée sous-jacente de comparaison, c’est pourquoi on retrouve beaucoup de points communs dans les compositions de ses photographies. La nourriture est souvent au centre de l’image ou sur un côté, mais elle occupe une bonne partie de la composition. Les denrées alimentaires sont le plus souvent posées sur une table comme dans les natures mortes, mais le travail de Peter Menzel ne se réduit pas à la représentation d’une nature morte. Les personnes et le décor sont aussi très importants car ils nous renseignent sur le mode de vie des familles. Il y a une véritable dimension économique et sociologique. Menzel a un objectif bien défini et un processus de réalisation très élaboré.
On peut comparer avec les élèves, une photographie de cette exposition avec une peinture du musée d’Angers de Jan Brueghel intitulée Le Banquet des dieux. Quelles sont les différences et les points communs dans la composition ? Quelle est la mise en scène ? Quel est le point de vue ? Quel cadrage a été choisi ? Même si la nourriture est au centre de ces deux oeuvres, le but recherché est très éloigné.
Références artistiques :Sandy SKOGLUND, Radioactive cats, 1980, épreuve cibachrome, 90 x 108 cm (Centre Pompidou Paris).
Andréas GURSKY, 99 cents, 1999, impression couleur, 206 x 336 cm (collection privée).
Fiche exposition
Les musées d’Angers conservent trois petites natures mortes de Chardin (Paris, 1699-1779), peintes vers la fin de sa carrière. Toutes, malgré leurs modestes dimensions, montrent la parfaite maîtrise de l’art du peintre.
Pêches et prunes, présentée au Salon de 1765, enchanta Diderot qui déclara Chardin « premier coloriste du Salon » et lui rendit cet hommage : « Vous revoilà donc, grand magicien, avec vos compositions nouvelles!... tout ce qu’elles disent sur l’imitation de la nature, la science de la couleur et l’harmonie ; comme l’air circule autour de vos objets !... ». Diderot, grand admirateur de Chardin, témoigne ainsi de la « magie » et de la « vérité » des natures mortes représentées par le peintre. Pêches et prunes, par sa touche sensuelle et délicate et par son écriture très libre, est à la fois d’une évidente sobriété et d’une charge émotionnelle très forte.
Proposition d’activité pédagogiqueOn peut d’abord demander aux élèves d’exprimer et de comparer leurs sensations à la vue des photographies de Peter Menzel et des natures mortes de Chardin présentées au musée des Beaux-arts d’Angers. Ils repèreront ensuite les types d’aliments représentés, la couleur et la composition des œuvres. À la manière de Diderot, on peut demander aux élèves d’écrire les sensations qu’ils éprouvent à la vue des photographies de Peter Menzel.
Les élèves mettront en évidence les différences entre ces photographies et les natures mortes, en insistant sur les intentions de ces deux artistes.
Ils pourront mettre en évidence l’engagement du photojournaliste Peter Menzel, dans la sélection des familles photographiées et les choix de représentation.
Une anecdote célèbre pour aborder la question du rapport des peintres à la réalité
Au 5ème siècle av. J.-C., à Athènes, un concours oppose deux grands artistes : Zeuxis et Parrhasios. Le peintre Zeuxis peint des raisins avec tant de vérité que des oiseaux tentent de les picorer. Pensant triompher, Parrhasios l’invite alors à dévoiler son propre tableau. S’exécutant, Zeuxis réalise que le tableau n’est autre que le rideau qu’il a tenté d’écarter. Reconnaissant son illusion, il s’avoue vaincu avec une franche modestie, étant donné que lui n’avait trompé que des oiseaux et que Parrhasios avait trompé l’homme qu’il était.
3- Les habitudes alimentaires et les repas dans le monde à travers les sièclesLes photographies contemporaines de Peter Menzel pourront être remises en perspective avec des objets présentés dans le parcours histoire d’Angers :
- La table pendant l’Antiquité : vaisselle, recette, coutumes
- La table aux 17e et 18e siècles : vaisselle (forme et matériaux), nouveaux ingrédients (importations).
Les élèves contextualiseront, dans le temps et dans l’espace les grands changements intervenus dans les sociétés occidentales. Deux axes peuvent être retenus :
- l’origine et la diversification des aliments, en lien avec les circuits commerciaux,
- la question de la sociabilité et des repas pris en commun, d’hier à aujourd’hui.
Les élèves pourront mener la comparaison avec le tableau conservé au musée des Beaux-arts d’Angers : Le Banquet des Dieux d’Hendrick van Balen et Jan Brueghel.
Bibliographie
Bibliographie indicative
Litzenburger L., Morlot P., Thomas P.-J., A table!, dossier pédagogique collège/lycée, Photographies de Peter
Menzel, Scéren CNDP-CRDP de Lorraine, 2011.
Charvet J-P., Nourrir les hommes, SEDES, 2008.
Veyret Y. et Jalta J., Développements Durables, Tous les enjeux en 12 leçons, Editions autrement, 2010.
Qui mange quoi? Un tour du monde des défis de l’alimentation, de l’agriculture et du commerce, Artisans
du monde, 2013.
Des pistes pédagogiques en sciences et en géographieIdée d’action avant la visite au Muséum : Demander aux élèves de photographier leurs aliments achetés pour la semaine et comparer leur photo avec celle de la famille française.
Suggestion de mise en activité des élèves devant les photographies quelques soient les niveaux :
- Rassembler les élèves autour d’une photographie et faire émerger leurs remarques et questions. Trier les informations et les regrouper suivant :
. La famille et son environnement (composition, manière de prendre les repas, indices sur le niveau de vie)
. La nourriture (quantité de nourriture, variété des produits consommés, origine des produits, quantité de produits bruts/transformés, emballages, coût hebdomadaire)
. Le pays : situation géographique (Nord/Sud, pays développé, émergent ou en développement)
- Répartir les élèves devant d’autres photos avec un support papier (tableau récapitulant les points à observer : famille/environnement, nourriture, pays). Ils feront alors un travail similaire mais en autonomie et dans le but de comparer plusieurs situations alimentaires.
- Terminer l’activité en leur faisant relier les informations récoltées en regard de celles inscrites sur les panneaux. Les élèves pourront ainsi s’interroger, découvrir ou approfondir des connaissances que le professeur ciblera autour des aspects suivants :
. S’alimenter : nutriments, pyramide alimentaire, besoins quotidiens et énergie
. Savourer : le goût et les saveurs, le sucre caché dans les aliments
. Mondialisation : produits mondialisés et modification alimentaire
. L’identité culinaire : traditions et produits nationaux
. Un monde inégal : faim dans le monde, surpoids et obésité, droit à l’alimentation
. Alimentation et futur : un changement agricole ? Limiter les processus néfastes sur la production et la distribution ? Se nourrir demain?
Des pistes pédagogiques pour le cycle 3 (CM1, CM2, 6ème)Liens avec les programmes : « Le vivant, sa diversité et les fonctions qui le caractérisent ».
Ce thème contribue à l’éducation à la santé et s’inscrit dans une perspective de développement durable.
Mots clés : Nutrition, alimentation, apports continus et discontinus, besoins collectifs et individuels, gaspillage, recyclage.
Questions d’enseignements :
- Qu’est-ce qu’un aliment ?
- Mange-t-on de la même façon partout dans le monde ?
- Notre santé dépend-elle de ce que l’on mange ?
- Comment éviter le gaspillage alimentaire ?
- Comment recycler nos déchets alimentaires ?
Proposition d’activité pédagogique autour de six photos exposées : Grande-Bretagne/ États-Unis/Allemagne/ Équateur/ Guatemala/ Mali.
Situation de départ : Chaque binôme a déjà étudié deux des six photos et a donc comparé deux situations alimentaires en répondant à un questionnaire ou en complétant un tableau (voir « suggestion de mise en activité des élèves devant les photographies »)
Mise en situation et points développés : 3 binômes se regroupent. Grâce aux informations récoltées ils font un tri parmi les six photos proposées :
- Tri quantitatif (lien avec le gaspillage alimentaire)
- Tri qualitatif (types d’aliments gras/sucrés ou sains (fruits et légumes/féculents).
- Réflexion sur les différences d’alimentation et lien avec la pyramide de l’équilibre alimentaire ainsi
qu’avec la carte mondiale de l’obésité)
- Tri en fonction de la quantité d’emballage alimentaire (réflexion sur la pollution)
De retour en classe :
- Réflexion sur 10 gestes anti-gaspillage alimentaire/ réalisation de panneaux.
- Recenser la quantité d’emballages alimentaire à la cantine sur une semaine.
- Étudier un menu de la cantine et le comparer avec leur menu idéal en termes de plaisir gustatif (comparer la quantité de sucre par exemple).
- Analyser des étiquettes d’aliments consommés quotidiennement par les élèves et construire une pyramide alimentaire afin de comparer sa forme avec celle qui est équilibrée.
- Prendre conscience des enjeux de la santé liés à l’alimentation en observant les types d’aliments présentés dans les publicités pour les enfants.