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mis à jour le 19/05/2010
Un outil pédagogique autour de la question du portrait, à partir de l'analyse de deux oeuvres de la collection du musée des Beaux-Arts d'Angers.
mots clés : chaarp, portrait, oeuvre, mise en scène, musee des beaux arts, HdA
La toile de Lorenzo Lippi présente une jeune femme à la tenue et la coiffe un peu défaites qui dévisage fixement le spectateur, en exhibant une grenade entrouverte dans sa main gauche et levant un masque pris entre les doigts de son autre main. Le fond est uniformément sombre. A son entrée dans la collection du musée d'Angers, cette œuvre était alors désignée comme La Jardinière au masque. Ce n'est que tardivement, précisé par des spécialistes en iconographie, que le portrait de cette femme est interprété comme une allégorie de la tragédie et du mensonge. Mais cette identification ne prenait en compte qu'un seul des deux attributs portés. L'association de ces deux éléments est rare et pose question. Le masque est fréquemment le symbole du théâtre ( figuré sous les traits des muses : Melpomène pour la tragédie, Thalie pour le comédie). Mais il peut également symboliser la fausseté, le mensonge, ou la dissimulation en tant que déguisement. La grenade représente l'union ou l'unité par ses grains regroupés sous une écorce commune. Par analogie on peut y voir une évocation allégorique de la démocratie, la monarchie, l'Eglise ou l'académie. Mais ce fruit révèle aussi sa fausse apparence car son contenu visible ne correspond pas à l'écorce. On sait par ailleurs que Lippi, en tant qu'artiste lettré, fréquentait certaines des nombreuses académies artistiques et littéraires florentines de l'époque. Cette peinture savante, codée et référencée aurait donc pu être réalisée suite à une discussion philosophique sur la simulation.
Ces deux œuvres posent clairement la question du sujet de la toile et des décisions de l'artiste quant à sa mise en scène. Le modèle est présenté par le jeu d'artifices tels que : le cadrage, la lumière, la posture, la parure, le grimage. On peut également observer dans ces situations le rôle de l'attribut, la présence d'objets allant jusqu'à la vanité.
La représentation de la figure humaine incite à se préoccuper de la ressemblance entre l'image et son modèle. L'identité et l'altérité du portrait sommeillent dans les deux propositions. Dans ces deux œuvres, il ne s'agit pas tant de représenter, de faire ressembler, que de signifier. Le peintre y figure bien des visages et même des personnes, mais il dépasse ces notions pour mieux composer une image du référent.
La composition est savamment élaborée dans un but démonstratif. Le schéma de construction semble emprunter un même genre d'organisation pour donner à voir au spectateur. La théâtralité des poses est soulignée par l'adéquation des costumes et des attributs au contexte des œuvres.
Dossier enseignants : Le Portrait dans les collections des musées d'Angers, SCP 2007.
Catalogue : Chefs d'œuvres du musée des Beaux-Arts d'Angers, Somogy, 2004.
Qu'est-ce qu'un portrait ? Pascale Dubus, l'Art en perspective,l'Insolite, 2006.
Portraits, singulier, pluriel, ed. Hazan/Bnf, 1997.
D'autres fiches CHAARP sur le portrait ou sur d'autres thématiques sont consultables sur le site académique et dans les structures culturelles suivantes : Frac des Pays de La Loire, Musée des Beaux-Arts d'Angers, Musée des Beaux-Arts de Nantes, Musée de l'Abbaye Sainte-Croix des Sables d'Olonne. |
aurélie dourmapjohan eberhardt
niveau : tous niveaux
type pédagogique : préparation pédagogique, sortie pédagogique
public visé : non précisé, enseignant
contexte d'usage : classe, sortie pédagogique
référence aux programmes : Représentation de l'objet. Images, oeuvres et fiction. Images, oeuvres et réalité. Espace et oeuvre. Oeuvre et histoire des arts.
éducation artistique et action culturelle - Rectorat de l'Académie de Nantes