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mis à jour le 08/12/2009
Dans le cadre du stage académique "Vous avez dit écrire ?" mis en place par l'Action Culturelle du Rectorat de Nantes en novembre 2009 à la Maison Gueffier, Sophie Dugast, animatrice d'ateliers d'écriture a proposé aux stagiaires la découverte d'une proposition d'écriture : le Scriptoclip.
mots clés : écriture, atelier d'écriture, scriptoclip
Dans le grenier, celui qui est dans la maison de Jacques, on peut admirer un magnifique tableau doté de parures rigolotes. Le cadre est en effet pourvu des yeux de tous les humains que Jacques a éborgnés. Cette histoire estévidemment fausse. Cependant, vous finirez par la croire car les chatset les souris qui ont fréquenté ce grenier savent bien que grand-père Jacquescollectionne les yeux de ses "amis", comme il les appellelui-même.Votre déception sera grande quand vous saurez que vous nepourrez pas voir ce grenier. Il faut vous dire que la montée vers celieu infernal est impossible : pas d'escalier en vue,pas d'échelle non plus. Pas le moindre escabeau, pas même de trappepour accéder à l'endroit maudit. Les souris glissent le long des murspour entrer dans les valises qui regorgent de doudous.Les doudous de Jacques, l'enfant qui, déjà, éborgnait ses nounours, seslapins. Un amateur de cyclopes? Un fétichiste ? Un faux aveugle ? Jacques, il est vrai, nous a troublés en révélant, hier, son affreuse manie.
Voici celui de Frédérique M-G.
Dans le grenier j'ai trouvé une vieille photo de Grand-père. C'est drôle parce que quand je rêve de lui il a cet âge-là, pas celui où..... mais soyons rigolote ! Passons ! Trois tortues têtues trottaient sur trois toits très étroits.... Et à part ça ? Rien....
Les yeux fixés sur la pointe du stylo je fais la course avec mon crayon. J'ai de l'avance sur lui car je sais ce que je vais écrire comme histoire. Il était une fois, deux fois, trois fois, un petit tour sur soi. Regarder devant, pas trop derrière, même si les bouées sont bien amarrées sur les côtés.
Et voilà qu'on me parle de Grand-père ! Un pas en avant, trois pas en arrière. Mais cela ne lui ressemble pas.
Déception. Déception de ce mot au bout du crayon. Pas du côté du cœur.... Avancer, ouvrir les yeux, rencontrer, regarder. Et les voir grandir.
L'escalier monte chez toi. J'aime ton désordre et ton univers, ta personnalité partout sur les murs. Ton « toi ». Pour la forme, je râle qu'il faudra ranger.
Valises... et si on partait ? Envie de soleil, d'un ailleurs, d'un là-bas. Toi devenir mon doudou sous le soleil, là-bas. Mais partir pour quoi ? Et si c'était un autre moi que j'y cherchais, là-bas ?
Trouble ma vue, étonne-moi. Toi, eux, là-bas ?
Voici celui de Clarisse G-P.
Dans le grenier j'ai trouvé une malle au trésor. Toutes mes affaires étaient
enveloppées dans un drap vert. La poussière n'avait pas abîmé ma belle poupée
rigolote. Et ses yeux toujours bleus me regardaient encore en souriant. Je fermai les miens me remémorant les belles histoires vécues avec ma belle Coquinette. Le doux visage de mon grand père m'apparut. J'étais sur ses genoux au creux de ses bars, il nous berçait Coquinette et moi après une énorme déception. Maman venait de me punir car j'avais cassé un de ses vases préférés. Mon grand père était vite venu me consoler par les petits escaliers qui reliaient sa chambre au salon. Je rouvris les yeux. Au fond de ma valise je vis mon vieil ami doudou. J'étais très troublée. Des larmes m'envahirent. Je respirai dans ce grenier ce doux parfum de mes souvenirs. Coquinette et Coquinou avaient illuminé mon enfance dans cette maison auprès de mon grand-père et de ma mère. Aujourd'hui maman m'a quittée pour toujours il me reste son doux souvenir au fond de ma valise.
Dans le grenier, la chouette court le long du mur qui suinte de l'eau écoulée depuis la semaine passée. Le siège du grand-père rêve près de la fenêtre. Les journaux qu'il lisait il y a cinq ans, s'étiolent près du cagibi insalubre remis en état par le dernier locataire. La lumière, tamisée par les velux salis par les feuilles tombées du magnifique chêne centenaire, éclaire ce lieu désolé et oublié. Depuis le rivage des hommes oubliés, il y a cette maison morte à tous et à toutes depuis le jour fatidique où les ancêtres ont disparu. Disparition née de la guerre, de l'ennui et de la révolte contre un homme, contre des hommes ou contre un Dieu ou des Dieux ignobles qui ont poussé le souci de l'Homme jusqu'à devenir une bête sans aucune humanité. Ces hommes morts au monde me projettent près de la tondeuse à gazon qui me rappelle la vacuité de tout objet humain oublié.
Voici celui d'Anita L.
Dans le grenier je ne suis jamais allée. D'abord, j'ai peur du noir. Et puis, qui voudrait y mettre les pieds ? Hormis, bien sûr, ma rigolote de voisine ! Celle-là, elle n'a pas froid aux yeux. Moi, j'ose pas. Il parait qu'il s'y est déroulé de drôles d'histoires dans ce grenier. Quand je dis "drôle", ça ne me donne pas envie de rigoler. Grand-père, quand il était encore de ce monde, nous a raconté que ce grenier recelait bien des mystères. Moi, le mystère, c'est pas mon truc. Je suis peut-être la déception, la brebis galeuse de la famille. Mais j'm'en fiche. J'aime pas l'mystère et j'ai peur du noir.
Comptez pas sur moi pour gravir les marches de c'fichu escalier. D'abord, j'aime pas l'escalade, j'aime pas les balades, les voyages. Prendre une valise et puis partir. Pour quoi faire ? Avec mon Doudou, j'entends, mon p'tit chat, le seul qui compte pour moi, j'ai pas besoin d'bouger.
C'foutu grenier, j'y suis jamais allée. Ca m'a jamais troublée. De toute façon, j'suis scotchée là, à ce fauteuil pour encore quelques années.
Le docteur l'a dit !
Voici celui de Nathalie M.Dans le grenier, il y a des malles poussiéreuses, remplies de souvenirs glauques, des sièges défoncés aux couleurs fanées, de vieux journaux déchirés. Des souvenirs de familles jaunies dans cette maison devenue insalubre. Les velux flambants neufs sont la seule marque de modernité. Ils pourraient être récupérés pour finir leur vie dans une magnifique demeure contemporaine, avant la destruction de cette maison emportée par la mer qui se rapproche chaque jour du rivage. Les ancêtres connaissaient bien ce phénomène d'érosion qui grignote petit à petit la falaise. Un souci de plus pour la municipalité qui voit sa population fuir la côte. Effectivement la caractéristique « maison sans jardin » est devenue récurrente dans les annonces immobilières et ce n'est pas très vendeurs. Mais aussi parce que la mairie doit donner une compensation financière aux revendeurs de tondeuses à gazon qui ne parviennent pas à écouler leur stock.
Voici celui de Anne D.
Dans le grenier, les trésors s'entassent. On y trouve des vieux coffres, emplis de robes rigolotes. Elles appartiennent aux grand-mères, qui étaient engoncées dans des corsets. Sous les yeux du hibou, les enfants se déguisent. Ils essaient de vieux chapeaux, saisissent de vieilles cannes et se racontent des histoires. Ils déplient les cartes géographiques du grand-père qui fut un explorateur en son temps. A sa grande déception, il ne découvrit aucun pays, aucun fleuve, aucune contrée méconnue. Quand il s'est décidé à rentrer chez lui, il a décoré l'escalier avec les trophées dont il avait empli ses valises. Il y avait là des doudous aborigènes, des attrape-rêves apaches, des têtes réduites jivaros, des grigris africains. Cet escalier était un musée miniature, un mausolée, que seuls troublaient les cris du perroquet brésilien.
Laurence Gentès, professeur documentaliste
niveau : Collèges tous niveaux, Lycée tous niveaux, Lycée professionnel tous niveaux
type pédagogique : activité de découverte, compétences, scénario, séquence
public visé : enseignant
contexte d'usage : classe, atelier, espace documentaire
référence aux programmes :
les ateliers d'écriture | 07/12/2009 | |
Dans le cadre d'un stage inscrit au PAF 2009/2010 qui s'est déroulé à la Maison Gueffier de la Roche-sur-Yon, les stagiaires ont pu participer à un atelier d'écriture animé par Sophie Dugast, animatri ... | ||
écriture, atelier d'écriture | Sophie Dugast |
éducation artistique et action culturelle - Rectorat de l'Académie de Nantes