Traditionnellement l'écrit, par l'entremise de la lecture et de l'écriture, constitue l'objet et le moyen de l'enseignement en France. Celui-ci dispose encore aujourd'hui d'un fort pouvoir discriminant dans le monde professionnel et représente un frein à l'apprentissage pour qui ne le maîtrise pas sufisamment, et ce, à tous les âges.
Toutefois,
l'oral devient progressivement un incontournable et prend sa place dans le paysage éducatif : compétences spécifiques des programmes, soutenances, jusqu'à l'apparition du Grand Oral pour le Baccalauréat. L'enjeu avoué réside là encore dans le rôle non négligeable qu'il joue dans le déterminisme scolaire car il est un puissant marqueur social[1]. Son travail spcécifique permet d'en dépasser les écueils d'une part et de favoriser les apprentissages d'autre part.
De l'élève silencieux, réceptable de la seule parole du professeur, à l'élève acteur de son apprentissage, l'évolution des pratiques d'enseignement donne à l'oral sa chance d'exister autant comme objet propre d'apprentissage que comme outil au service des apprentissages. La discipline EPS n'est pas étrangère de cette évolution. Elle offre des conditions idéales de développement et d'usage de l'oral, pour lui-même, mais aussi pour accroître les pouvoirs d'agir.
La
première partie de la revue invite à se saisir de cette nouvelle philosophie.
Fabien VAUTOUR indique l'omniprésence de l'oral dès lors que l'élève est effectivement acteur de ses apprentissages dans une démarche d'expérimentation.
Delphine EVAIN prend la suite en réalisant un focus sur cette démarche à l'aide d'un exemple très concret afin d'éclairer les contours du débat dit scientifique. Et
Francis HUOT précise en quoi et comment la verbalisation constitue un maillon essentiel des étapes successives de l'apprentissage moteur.
La
deuxième partie se centre sur le développement de l'oral, pour lui-même.
Mathieu ROLAN interroge la place de l'EPS dans le cadre de la formation au long cours sur l'oral, qui trouve son expression au travers des certifications.
Nicolas CHEVAILLER complète par la proposition d'une formation du corps, tel un ingrédient incontournable de la prise de parole. Enfin,
Damien BENETEAU s'attarde auprès des élèves qui ne s'expriment pas, pour tenter d'inverser la tendance.
La
troisième et dernière partie s'attache à explorer des pistes de mise en oeuvre.
Morgane KERJEAN exploire les différents temps de la leçon pour déceler les espaces privilégiés, favorables à l'oral en classe.
Christophe CARPENTIER se saisit du débat démocratique pour en faire un levier spécifique d'apprentissage.
Mathieu JEAN approfondit les opérationnalisations possibles par le filtre des domaines du socle commun et des champs d'apprentissages. Et enfin,
Soizic GUILON se sert de l'outil de suivi comme démarche pédagogique, au profit de l'oral.
-----------
Voilà ainsi un nouveau sujet à investir et qui clot dix années de publication de la revue
e-novEPS. A l'occasion de cet anniversaire, le prochain numéro se dotera d'un logo renouvelé. Son thème en cours de réflexion, réinterrogera la
notion de mixité, ou comment la discipline peut gagner dans sa capacité d'inclure tous les élèves par delà leur sexe, leur culture ou encore leur particularité. Rendez-vous en juin 2021 !
Delphine EVAIN
[1] Plane (S.) "Pourquoi l'oral doit-il être enseigné?" cahiers pédagogiques, août 2015