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George Sand ou l'idée de progrès

par Michelle Perrot

L'historienne entame un préambule important, elle évoque une certaine réticence à s'intéresser à George Sand ; un écrivain de romans paysans. Son point de vue change grâce au travail de Georges Houdin, cet homme va chercher à récupérer toute la correspondance et essayer de la publier, l'historienne apprécie le travail autobiographique par son aspect révélateur de la vie d'une femme qui considérait que tout le monde était digne de raconter sa vie et de tracer sa généalogie, cela ne devait pas être l'apanage de gens ayant des armoiries. Le déclic se produit lorsque Georges Duby lui apporte les huit pages les lettres au peuple. A nouveau, l'historienne rend hommage à Georges Houdin qui a consacré un temps considérable à rassembler les 18000 lettres dans 26 tomes sur 30000 qui auraient existé, ces lettres étaient adressées à Flaubert, Hugo, Ledru Rollin, Mazzini, Balzac; en revanche, la correspondance avec Musset fut détruite.
En introduction, il est rappelé que ce fut une femme hors du commun dans sa vie privée comme publique. Elle a subi des périodes de reconnaissance et de méconnaissance. Son premier roman indiana est un succès. Elle fut l'auteur de 100 romans et écrivait de 22h à 3 heures du matin. Ses livres sont offerts lors de distribution de prix. Elle connaît des éclipses, les féministes la boudent parce qu'elles lui reprochent de n'avoir pas défendu le droit de vote ni les communards. Ses oeuvres font l'objet d'études au Japon, aux Etats Unis, en Italie.

L'historienne cherche à expliquer pourquoi un tel destin. George Sand a très peu connu son père, elle fut très marquée par sa grand mère Aurore de Saxe. Fille naturelle de Maurice de Saxe ,cette dernière tenait des salons éclairés. Elle avait épousé un fermier général Dupin. Leur fils comprend que la révolution est nécessaire. Il s'engage dans les armées consulaires, participe à la campagne d'Espagne. Il rencontre la future mère de George Sand et l'épouse malgré l'opposition de sa mère trouvant sa belle fille d'origine trop modeste. La future George Sand assume très tôt cette double origine sociale et se considère plus proche du peuple que du roi. Après le décès de la grand mère, Aurore se marie avec Casimir du Devant, un homme qui n'aimait que la chasse et les chevaux. Elle finira par se séparer de son mari sans pouvoir divorcer. C'est le nom d'un de ces amants Sandeau qui explique le choix de son pseudonyme et c'est la liaison avec Michel de Bourges qui facilite sa conversion aux idées républicaines. Ses convictions influent sur le contenu de ses romans. Ils sont teintés de socialisme, les personnages sont des gens du peuple. Elle est attirée par les saint simoniens , elle rejette Cabet et considère Fourier comme fou. C'est de Pierre Leroux dont elle se sent le plus proche. Elle se retrouve dans la foi de cet homme qui lui permet de faire la synthèse. Elle l'a aidé à financer son journal. Il crée une imprimerie coopérative et elle finira par s'éloigner de lui.
Pendant la révolution de 1848, elle est à Paris, et accueille les révolutionnaires rue de Condé, ces derniers lui disent "écrivez pour nous" mais ses propos semblent trop virulents dans les bulletins de la République provisoire. Elle s'exprime dans la "cause du peuple" et se demande si le suffrage universel est souhaitable, comment établir la démocratie ?
De même, elle s'interroge sur la religion, s'éloigne du catholicisme, son amitié avec Mazzini signifie bien son attachement aux idées républicaines, son fils s'est converti au protestantisme et certaines de ces pièces sont teintées d'anticléricalisme. Elle devient agnostique. Selon G Flaubert, elle aurait voulu un enterrement libre penseur mais sa fille Solange a imposé un enterrement catholique.
Elle s'est montré enthousiaste à l'égard des progrès techniques notamment à l'égard des chemins de fer. Elle est plus méfiante à l'égard de la logique libérale anglo américaine. Pour avoir un avis, elle s'informe auprès de son fils qui a traversé l'Atlantique et dont le récit de voyage s'appelle "six lieues à toute vapeur".
La conférence se termine sur les convictions de George Sand concernant le fait révolutionnaire. La Révolution de 1789 est originelle et les autres révolutions doivent parfaire l'oeuvre inachevée et notamment déboucher sur une république démocratique et sociale. Sa déclaration suivante l'égalité est ma passion explique pourquoi elle considère que la République est le moyen et le socialisme est le but.
Elle considère indispensable de donner une éducation au peuple et prioritaire d'accorder l'égalité civile pour les femmes avant d'obtenir l'égalité politique.
Avec l'âge, les violences révolutionnaires malgré son attachement à Robespierre, lui paraissent inadmissibles, la terreur ne peut être une solution, elle défend Armand Barbès contre Blanqui pour les barricades.
Le propos de la conférencière se termine sur une citation fort à propos avec notre monde. "maudire tout ce qui fait naître des charniers, être des révolutionnaires obstinés mais jamais terroristes". Ce propos explique en partie pourquoi George Sand a désapprouvé la Commune, de plus, elle avait perdu le contact avec Paris.

Compte rendu de J Méo Lycée Montesquieu Le Mans

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