références
artistiques
- F.Marc,
"Sous la pluie" , 1912 - Huile sur toile,
85x106 cm. Rupture avec la forme réaliste figée, entière.
-
F. Marc," Formes
combattantes " 1914 - Huile
sur toile, 91x131cm.Conflit exprimé par des oppositions de couleurs.
- Arman," La colère " . 1973 Violoncelle
dans béton. 143x103x19cm.
Le geste comme sujet dans la présentation /interprétation de l'objet.
- J.Villéglé," Rue de Seine ".1964
- Affiches lacérée, 195x130cm. Visibilité du geste dans la déchirure.
- G.Mathieu," Regards de flamme "
1989 - Alkyde sur toile, 114x146cm. Prévalence du geste dans
l'expression.
Les références ne sont pas des modèles de réponses,
elles doivent par leur contenu ouvrir à de nouvelles questions plus ou moins
voisines. Je voulais faire un lien avec le geste de froisser, déchirer qui
démontre autant, plus qu'une imitation formelle.
|
titres
donnés par les élèves
La tempête dont on se
souviendra.
La tornade est passée.
L'incendie et la tristesse de l'eau.
La tempête qui fait malheur.
Le mélange des éléments.
Un paysage déchaîné.
Éruption volcanique et inondation.
|
|
|
|
|
|
verbalisation
1. interrogation sur le rôle expressif de
la matière, de la couleur et du relief
2. interrogation sur l' importance relative de la
ressemblance formelle
3. interrogation sur la cohérence et l'hétérogénéité plastiques
|
Comment as-tu représenté l'espace ?
" Tout est l'un par dessus l'autre".-
"J'ai
positionné les papiers les uns sur les autres" - "Mon travail n'est pas
comme dans
la réalité". - "C'est différentes formes collées par dessus, d'habitude je
ne fais pas comme ça " - "J'ai fait un décor, mais pas une action"
- "Avec
beaucoup de couleurs qui représentent le sujet. "
Est ce que tu as fait un dessin ?
" Ce n'est pas un dessin car j'ai découpé et
collé." - "Ce n'est pas un dessin car il y a des matériaux coupés
collés" -. "Ce
n'est pas un dessin mais un objet de mon imagination, qui sort d'un thème"
- ".
Oui c'est du dessin car ça exprime quelque chose".- "Ça n'est pas du dessin,
le dessin c'est fait à mains nues" -"Non c'est de l'art."
La verbalisation a été très courte la première heure.
Après quelques écrits personnels la deuxième séance a permis d'aborder les points
1 et 2 puis de commenter brièvement les références artistiques. D'autres
questions non prévues telles que figuratif/abstrait ont été amorcées.
Mais après un plaisir visible des élèves au travail, une certaine lassitude
non moins visible s'est faite sentir dans la dernière partie de la
verbalisation "analyse " collective.
Le point 3 (cohérence/hétérogénéité) sera
abordé dans un autre travail avec un retour à prévoir sur celui ci.
|
Comment j'ai
construit ma leçon et comment elle s'est déroulée.
J'ai d'abord réfléchi à la formulation de l'incitation.
Il me fallait une situation de mouvement, voire même de
bouleversement d'un espace pour inciter à l'éclatement de la forme
Catastrophe naturelle
: risque d'une vision après
retour au calme ?
Les colères de la nature
: risquait d'orienter
vers une lite et des clichés de personnalisations ( le vent.).
La bagarre
le conflit : pas assez fort, situation trop antinomique et avec la nature ça
ne va pas
Tempête, cyclone, tornade, inondation, déluge éruption,
tremblement de terre : c'est aux élèves d'aller chercher tout ces mots.
Finalement, Colère des éléments articule un sentiment connu, humain,
à quelque chose de flou, qui n'a pas de forme a priori.
L'action est au présent avec des " acteurs " un peu
abstraits, donc à définir. J'ai choisi de ne pas écrire la définition d'élément
. Si cela avait posé problème, j'aurais demandé son avis à la classe, en
arrêtant vite toute explication détaillée (eau, air, terre, feu). J'aurais
dit ou écrit : l'ensemble des forces de la nature. Mais cela n'a pas
été nécessaire.
Le choix de la technique du collage permet d'obtenir plus
vite un effet expressif, en s'éloignant plus facilement d'une figuration
réaliste figée.
L'enveloppe et son
contenu :
Les élèves aiment bien découvrir quelque chose qui leur
est personnellement adressé. En ouvrant l'enveloppe l'un deux a dit
" Ah on m'envoie un message ! "
Dans le contenu, le choix du support, papier noir ou carton
rectangulaire, était possible. Tout le monde a cependant choisi le fond noir,
plus apte à faire ressortir les couleurs et plus grand pour avoir plus de
place pour coller les découpages.
J'ai découpé en forme très irrégulière les autres
papiers pour inciter à ne pas les coller tels quels, notamment la photocopie
figurant un morceau de paysage tranquille. Certains l'ont cependant conservée
ainsi. Les 3 couleurs primaires permettaient la symbolisation plus ou moins
abstraite. Il manquait apparemment du vert. Certains l'ont réclamé au
début de l'activité. A ce moment du cours j'écoute les questions, mais ni
moi ni personne ne répond, les élèves le savent et aiment bien cela. Je
confirme que c'est bien de se poser des questions. Presque toujours la
formulation orale de la question permet à l'élève de " se
répondre ". Sinon, elle sera reposée lors de la verbalisation. Si c'est
le cours erroné du professeur qui met en difficulté les élèves, cela ne
doit pas les désavantager. La verbalisation peut re-questionner tout cela. Tout
chercheur, celui qui construit ses cours, ceux qui construisent leurs réponses
en classe, ont droit à l'erreur, chacun à son niveau de responsabilité.
Ainsi les élèves acceptent ce moment où ils pensent seuls et sans aide. Il
peut y avoir des cours de deux ou trois séances qui fonctionnent avec du
dialogue pendant l'activité. Dans ce cas, c'est précisé avant la mise en
activité. Pour revenir à la question du vert, l'affichage des travaux a
montré du vert obtenu par mélange de pastels.
La contrainte : contenu entièrement utilisé,
associée à la quantité de papiers devait obliger le passage au relief, au
dépassement du format du fond. La précédente verbalisation avait fait
ressortir des possibilités non exploitées, pliage, froissage. Mais aucun des
élèves n'a transgressé son a priori de l'image affichée, plate et
lisse. Ils n'ont pas utilisé tous leurs
matériaux. Cette contrainte n'était donc pas pertinente, peut-être en
raison de glissements d'objectifs prioritaires et voisins, un piège
fréquent. Mon objectif premier est d'inciter les élèves à expérimenter
un autre mode de représentation que la ressemblance formelle, et à cette
occasion peut-être, d'expérimenter le relief, le geste.
La deuxième contrainte en réalité n'en est pas une, c'est
une consigne de réalisation en 2 dimensions.
Pour conclure,
Les objectifs ont été convenablement atteints. Il faudra
cependant revoir la ou les contraintes et peut-être essayer une autre
formulation (on pourrait à la place, faire écouter un mélange de bruits de
la nature, un extrait de musique, bien choisis.)
Ce sujet qui a le mérite d'être ordinaire a aussi l'avantage
de permettre un résultat rapide avec des matériaux simples et qui
" flashent " à l'affichage, comme disent les élèves.
Il est important que les élèves allient le plus souvent recherche et
satisfaction. Mais il est tout aussi important qu'ils se confrontent à des
situations plus radicales ou rudimentaires, plus frustrantes, c'est une
question de dosage.
Annie Nugues, Collège de la Neustrie, Bouguenais