ce matériau a des caractéristiques : montrez-en une!

classe de quatrième

une expérience peu convaincante

 

dans la leçon plastique transparent, colle, scotch... à vous de jouer !, les élèves sont plutôt amenés à réfléchir sur les propriétés du matériau « feuille plastique » que sur l’utilisation de la lumière

pour travailler principalement la question du matériau, le dispositif suivant a été proposé à des élèves de 4ème

distribution d’un échantillon de voilage ajouré de 15 x 20 cm

incitation 
ce matériau a des caractéristiques, montrez-en une ! 

durée  
une séance

Quelques élèves ont manipulé l’échantillon longuement avant de passer à la réalisation d’une production qui mettait en situation le matériau pour en montrer clairement une caractéristique (fragile, transparent, absorbant, léger, souple, etc.).

Mais la plupart d’entre eux ont « raconté une histoire » en utilisant le matériau, apparemment sans se poser de question sur sa matérialité (fenêtre avec des rideaux, hamac entre deux arbres, etc.)

Le cours se profilait comme un échec. Pour recentrer la réflexion sur la question d’enseignement envisagée, la consigne suivante a été donnée un quart d’heure avant la fin de l’effectuation 

vous indiquerez sur une feuille, par un adjectif, la caractéristique que vous pensez avoir montrée

Il s’est avéré que seuls les élèves qui avaient réellement « travaillé » la question du matériau ont écrit un adjectif en relation pertinente avec leur travail. Pour les autres, il s’agissait simplement d’un nom qui décrivait ce qu’ils avaient représenté…

Lors de la verbalisation, il a été demandé aux élèves de citer des adjectifs se rapportant au matériau imposé (les mots ont été écrits au tableau), puis d’associer un adjectif à une production en argumentant le choix.L’échange collectif a révélé plusieurs failles de ce dispositif :

Les élèves ne maîtrisaient pas le vocabulaire employé : « caractéristique », « adjectif ». De ce fait, l’incitation, qui pouvait pourtant s’avérer trop directive, puisqu’elle dévoilait clairement la question d’enseignement, ne pouvait engager la réflexion attendue.

Cette leçon demandait des pré-requis permettant aux élèves de se dégager de la fonction narrative d’une production plastique pour se focaliser sur la question du matériau.

Dans ce cas, la verbalisation a clairement démontré l’impasse du dispositif proposé.
Quand aucune des notions attendues n’émerge, le constat est sûr. Dans le cas contraire, il est toujours difficile de mesurer en quoi les élèves ont réellement «travaillé» les notions qu’ils énoncent.
Parfois, une explication individuelle écrite de la démarche permet de mieux cerner les apprentissages réels de l’élève, mais ce principe ne peut être pratiqué que très rarement, car il prive l’enseignement de la dynamique d’une discussion collective.

En fait, la seule vérification réelle des acquis de l’élève ne se fait que lorsqu’il réinvestit ses apprentissages lors de productions ultérieures…

Nathalie Demarcq Picard