Lecture intégrale d'une uvre théâtrale (classe de bac. pro.) :
Montserrat, d'Emmanuel ROBLES
séquence proposée par Alain Malle, L.P. Branly, La Roche-sur-Yon
- Acte I
- Acte II
- Acte III
MONTSERRAT - Emmanuel Roblès Il existe peu de sources documentaires récentes sur la pièce. Les ouvrages signalés dans la bibliographie figurant dans le Livre de Poche sont difficiles voire impossibles à trouver, y compris à la Médiathèque de Nantes. On pourra consulter l'article de Claude DANDREA paru dans l'Ecole des Lettres II, N°10,1984-1985, p. 27 à 33 dont le sommaire est le suivant : I Roblès le Méditerranéen séance 1(2h) Séance introductive. Observer l'illustration de couverture. Tableau de Goya : Le 3 mai. Informations sur le tableau de Goya : consultation dans une nouvelle fenêtre. Lire la liste des personnages, page 7. Chercher des catégories : militaires espagnols, civils désignés par un nom, plus un métier pour trois d'entre eux, un ecclésiastique, le père Coronil. Expliquer "chapelain de Monteverde" (chef espagnol). Lire les didascalies initiales, p. 7 et 8. En dégager les éléments suivants. Contexte de laction :Une guerre d'indépendance, au début du 19ème siècle, en Amérique latine : Venezueliens contre Espagnols. Les nationalistes venezueliens sont commandés par Bolivar et Miranda. Remarquer que ces personnages ne figurent pas dans la liste observée ci-dessus, pas plus que le capitaine général Monteverde. Situation critique de Bolivar "caché par des patriotes". Lieu de laction :
PERSONNAGES : - les militaires espagnols - les civils - un ecclésiastique : - figurants : Présenter le tableau ci-dessous en expliquant son utilisation. Il permet de suivre le déroulement des scènes en mettant en évidence les interventions des différents personnages. Pour le remplir : case en grisé si le personnage est présent en scène sans parler, case en noir s'il prend la parole. Tableau des présences en scène des personnages(à compléter au fil des lectures) :
Tableau complété N.B. Ricardo est omis par erreur dans la liste des personnages page 87 (Acte III, sc.1) Lecture des scènes 1 à 3. Dégager les éléments de la situation initiale. (cf. analyse). Attentes pour la suite de l'action : l'identification du "traître" parmi les Espagnols.
Travail pour pour la séance 2 : séance 2 bilan de la lecture de lacte I Vérifier la compréhension des sc. 4 à 10 par la lecture de quelques résumés. Début de l'Acte II : c'est une deuxième partie de la pièce car elle marque le début de l'épreuve subie par Montserrat, auquel les otages doivent arracher le secret de la cachette de Bolivar. exercice écrit dune heure sur la sc 1 de lacte II
séance 3 (2 h) 1ère heure : compte rendu de lexercice de la séance
2ème heure : Lecture de lacte II - sc. 2 à 4 Travail pour la séance 4 : lire lacte III
séance 4 - correction des questions 1 à 7 (voir les éléments dans Analyse Acte III) - étude de la scène 2 de lacte III : le comédien. Le théâtre dans le théâtre. - observations finales : réponses aux questions 8 et 9. séance 5 : DEVOIR BILAN sujet à consulter ci-dessous séance 6 : compte rendu corrigé à consulter ci-dessous |
Devoir bilan avec textes complémentaires
Devoir sur un extrait de la pièce
1 Selon laction de la pièce, les otages ont été arrêtés "au hasard". Cependant, leur diversité est le résultat dun choix réfléchi de lauteur. Comment expliquez-vous ce choix ? Préparation de la réponse : phase danalyse Pour les analyses, lutilisation dun tableau pour répartir les informations est souvent utile. Organisation de la réponse : phase de synthèse - présenter les éléments de la réponse en
plusieurs paragraphes organisés autour dune idée centrale N.B. La réponse pourrait aussi être présentée en faisant un "bilan" de la fonction dramatique des personnages, pris un par un. Méthode moins ambitieuse, qui permet de ne rien oublier dessentiel. 2 Quelles caractéristiques de la tragédie classique
retouve-t-on dans Montserrat . ? Etapes à suivre : DEUXIEME PARTIE Après avoir étudié la pièce, nous avons la
possibilité de faire venir une troupe au lycée pour la faire jouer dans
lamphithéâtre, devant les élèves. Type de texte attendu : Normes de présentation qui en découlent : en-tête Parties indispensables : - présentation du projet - résumé de la pièce - argumentation sur lintérêt de la
représentation |
MONTSERRAT - ACTE III SCENE II
Texte à étudier LES MEMES, moins LE MARCHAND et un des MOINES On entend battre les tambours plus fort. Leur roulement s'amplifie peu à peu. Tout le monde écoute Montserrat pâle, est penché en avant. IZQUIERDO Montserrat ! Un mot de toi, et cet homme est sauvé ! Montserrat ferme les yeux sans répondre. IZQUIERDO, après un silence. Il descend l'escalier... Il tourne l'angle du mur. (Silence.) A présent, on lui bande les yeux... (Silence.) Allons, Montserrat, vas-tu le laisser mourir aussi comme ce pauvre potier ? (Silence.) Il est conduit face au peloton... les soldats s'apprêtent... (Montserrat se mord les poings.) Au même instant, on entend la décharge, puis, isolé, le coup de grâce. IZQUIERDO Trop tard... La mère et le comédien gémissent. Les tambours ont cessé, mais ils reprendront en sourdine, comme précédemment IZQUIERDO Nous verrons bien si nous sommes plus heureux avec le prochain ! (II regarde les otages à tour de rôle. Tous baissent la tête.) Tiens, Salcedo ! A toi ! LE COMÉDIEN, il pleure et bégaie. Pourquoi... à... moi ?... IZQUIERDO, ironique. L'ordre alphabétique, peut-être... Pourquoi veux-tu rester le dernier ? Tu penses que Montserrat finira par s'attendrir avant que vous soyez tous morts ?... C'est cela ? LE COMÉDIEN Je vous en supplie... IZQUIERDO, sec. Ne me supplie pas. C'est lui qu'il faut fléchir ! Et je compte justement sur ton talent professionnel... Tu m'as vraiment touché, à la Guayra, lorsque tu jouais le rôle d'Ascasio sur le point de monter à l'échafaud. Si tu m'as ému en jouant un personnage imaginaire face à une mort imaginaire, comment ne fléchirais-tu pas, ce soir, Montserrat, alors que cest toi, le vrai toi, qui va mourir (doucement) vraiment mourir Allons ! nous técoutons ! LE COMEDIEN il pleure. Ne... me... tuez pas... Je ne peux... pas ! IZQUIERDO Ce n'est pas ainsi que tu feras fondre le cur de ce garçon, je te préviens. Silence. Le comédien pleure, tête basse. IZQUIERDO, comme pour lui-même. De vraies larmes ! Ascasio, lui aussi, pleurait. Il versait aussi de vraies larmes. Et c'était sur une estrade, devant un décor banal, entre des lanternes... Et j'étais tellement pris à ce jeu que je ne savais plus si c'était toi ou si c'était Ascasio qui pleurait... Mais non ! C'était sa douleur, et c'étaient tes larmes... Quel grand comédien tu es, Salcedo. L'âme dure et Fière d'Ascasio t'habitait vraiment ce soir-là ! Mais lui pleurait sur ses compagnons perdus et non sur lui-même... Ce soir-là, tu lui prêtais ton corps, ta voix, ton visage... Et il vivait. Mais à présent il ne peut te prêter son courage, et tu es là, tout sanglotant et tremblant de peur... (Silence. Puis, d'une voix dure :) Je veux, entends-tu, que tu nous répètes la tirade d'Ascasio au pied de l'échafaud, lorsqu'il se tourne vers ses ennemis... Dépêche-toi ! Et dis-la bien ! Sinon je te livre à Garcia, notre bourreau, qui se fera un plaisir de te montrer, entre autres choses, comment on extirpe les ongles à la tenaille! Tu as compris?... (Aux soldats.) Silence, vous autres ! Ecartez-vous !... C'est un morceau de littérature que je tiens à vous faire savourer. Profitez de cette occasion. Toute la pièce n'est pas de ce ton et c'est dommage... (A Salcedo.) Allons ! nous t'écoutons !... Le comédien fait signe qu'il ne peut pas. lzquierdo fronce les sourcils et, sur un ton brutal : IZQUIERDO J'exige que tu récites la dernière tirade d'Ascasio, entends-tu ? Fais ton métier ! Oublie-toi. Oublie-nous ! Oublie tout ce qui n'est pas Ascasio sur le point de mourir... LE COMÉDIEN, encouragé par un vague espoir. Il récite d'un ton morne. « 0 mort, voici ton triomphe ! Tes ailes, ce soir, vont me couvrir. Dans vingt batailles, tu m'as frôlé, présente à mes côtés, attentive et fidèle ! » IZQUIERDO Oui, oui. Laisse donc ce fatras. Arrive tout de suite à la fin de la tirade, quand il s'adresse à ses ennemis ! LE COMÉDIEN, docile. « Pour vous, Castillans, je ne vous hais pas ! Car Dieu m'appelle, et je dois aller à lui le cur lavé de toute souillure ! Je ne vous hais pas l Je ne veux pas vous haïr puisque le Sauveur commande que nous pardonnions comme il a pardonné ! Je puise dans mon immense amour pour Dieu la force de ne pas vous maudire et de garder mon âme pleine de sérénité ! Ah ! je n'ai jamais livré de ma vie un combat plus amer! Voici le jour et voici l'heure ! Dieu tout-puissant qui me voyez et qui lisez en moi...» IZQUIERDO l'interrompt soudain. Cela suffit. (Aux soldats.) N'est-ce pas magnifique ? Cet homme qui, sur le point de mourir, fait confiance à Dieu et pardonne à ses bourreaux ! (A Salcedo.) Et comme tu as bien joué, Salcedo. De vrai, grâce à moi, face à ta vraie mort, tu as eu, pendant ces quelques secondes, l'âme virile et généreuse d'Ascasio ! LE COMÉDIEN, révolté. Infâme ! Tu es infâme ! Tu as un cur de hyène... IZQUIERDO, indulgent. Comme tu me hais ! Salcedo ! Comme ton regard aussi est plein de haine ! Mais pense donc à ce que tu disais ! Enfin, à ce que disait Ascasio : « II faut monter vers Dieu le cur lavé de toute souillure !... » Dieu commande qu'on meure sans maudire et en pardonnant à ses bourreaux !... (Au P. Coronil.) N'est-ce pas cela, mon Père ? LE P. CORONIl, froidement. Non ! IZQUIERDO Comment, non ? LE P. CORONIl, au comédien. Non. Dieu commande non seulement qu'on pardonne à ses bourreaux, mais qu'on les aime ! IZQUIERDO, avec un sourire. Cela me paraît exagéré ! |
Questions Première partie : étude dun extrait - Acte III, scène 2, début. 1 En vous appuyant sur létude des didascalies, vous mettrez en évidence lintensité dramatique de cette scène. 2 Comment comprenez-vous : "Cétait sa douleur, et cétaient tes larmes." ? 3 Quel(s) but(s) Izquierdo poursuit-il en faisant réciter au comédien la tirade dAscasio ? 4 En quoi lintervention du Père Coronil, à la fin de lextrait, est-elle surprenante ? Deuxième partie. : compréhension densemble de la pièce. 1 Dans la scène 6 de lacte I, larrestation des otages est introduite ainsi : "Izquierdo (à Moralès) - Prends dix hommes avec toi et descends sur la place. Tu arrêteras les six premières personnes que tu rencontreras et tu les amèneras ici." Bien entendu, la pièce étant une fiction théâtrale, le groupe ainsi constitué est le résultat dun choix réfléchi de lauteur. En analysant la composition de ce groupe des otages, vous montrerez quil permet à lauteur de mettre en évidence la totale inhumanité dIzquierdo. |