ANNEXES
Extrait de l’introduction d’Emile Chambry . Gf FlammarionL ‘ Agamemnon est la première pièce de l’Orestie; trilogie composée de 1’Agamemnon, des Choéphores et des Eumenides et suivie du drame satirique Protée. L’Orestie fut jouée en -458, sous l’archontat de Philoclès. Eschyle obtint alors le premier prix. Extrait de la première intervention du chœur-{C'est alors que l'aîné des chefs de la flotte achéenne, toujours déférent à l'égard des devins, se soumit aux coups de la fortune. Le peuple achéen s'impatientait de cette immobilité où s'épuisaient les vivres des navires arrêtés en face de Chalcis au rivage houleux d’Aulis.. Mais lorsque le devin, mettant Artémis en avant, indiqua aux chefs un remède plus pénible encore que la tempête amère, alors les Atrides, frappant le sol de leur sceptre, ne purent retenir leurs larmes. Et l'aîné des rois s'écria: « Cruel est mon sort, si je désobéis,. cruel aussi, s'il me faut déchirer mon enfant, l'ornement de ma maison, et souiller, près de l'autel, mes mains paternelles aux flots de sang de la vierge immolée. Des deux côtés, il n’y a que malheur. Comment déserter la flotte et trahir mes alliés? Si le sacrifice de ma fille et son sang virginal doivent apaiser les vents, on peut sans crime le désirer ardemment, très ardemment. Puisse-t-il tourner à bien! » Et, lorsqu'il eut passé sous le joug de la nécessité, les dispositions de son âme changèrent,. animé d'une pensée impie, criminelle, sacrilège, il prit dès lors une décision d'une audace inouïe. Car le funeste égarement de l'esprit, qui est à l'origine de nos maux, enhardit les mortels par ses honteux conseils. Il osa donc sacrifier sa fille pour soutenir la guerre entreprise pour une femme et ouvrir la route à la flotte. Les chefs, dans leur ardeur belliqueuse, n'eurent aucun égard à ses prières, à ses appels à son père, à son âge virginal, et son père, après la prière aux dieux, fit signe aux ministres du sacrifice de la saisir, comme une chèvre, de la soulever au-dessus de l'autel, enveloppée de ses voiles et s'attachant à la terre désespérément, et de bâillonner sa belle bouche pour arrêter ses imprécations contre sa famille, par la force et la violence muette d'un frein. Mais tandis que sa robe teinte de safran glisse sur le sol, elle éveille la pitié en frappant chacun des sacrificateurs d'un trait de ses yeux. Elle a l'air d'une image qui veut parler, elle qui souvent, dans les banquets somptueux de son père, chantait et entonnait de sa voix de vierge sans tache l'heureux péan de la troisième libation pour lui témoigner son amour. |