ANNEXES

  Annexe 3 :             

Il s'agit de l'éloge d'Epicure  qui a sauvé les hommes de deux peurs : celle des dieux et celle de la mort.
  [Livre I du De rerum natura, (vers 80 à 101), traduction d’Annette Flobert]

" Ainsi la religion est à son tour renversée et foulée aux pieds, et nous, sa (celle d'Epicure ) victoire nous élève jusqu'au ciel.
A ce propos j'éprouve une crainte : peut-être vas-tu ( il s'adresse à son ami Memmius à qui il dédie son œuvre ) croire que tu t'inities aux éléments d'une science impie, que tu t'engages dans la voie du crime. Au contraire, c'est le plus souvent la religion qui enfanta des actes impies et criminels. C'est ainsi qu'à Aulis l'autel de la vierge Trivia* fut honteusement souillé du sang d'Iphianassa* par l'élite des chefs grecs, la fleur des guerriers. Quand le bandeau enroulé autour de sa coiffure virginale fut retombé en rubans égaux le long de ses joues, quand elle aperçut debout devant l'autel son père accablé de douleur, près de lui, les prêtres dissimulant le fer, et tout le peuple fondant en larmes à sa vue, muette d'effroi et fléchissant sur ses genoux, elle se laissa choir à terre. Malheureuse ! en un tel moment il ne pouvait lui servir d'avoir donné la première au roi le nom de père. Enlevée par des mains d'hommes et toute tremblante, elle fut menée à l'autel non pour être reconduite, une fois accomplis les rites solennels, au chant éclatant de l'hyménée, mais laissée vierge à la saison même du mariage, elle devait succomber victime douloureuse immolée par son père, afin d'assurer à la flotte un départ heureux et des dieux favorables. Tant la religion put conseiller de crimes ! "

  • Trivia : surnom donné à Diane / Artémis, déesse des carrefours.
  • Iphianassa : forme homérique d’Iphigénie (Iliade chant 9)