L’utilisation des textes littéraires

                     

On peut organiser ces emplois selon deux grandes tendances :

- La première vise à mettre en perspective l’œuvre de Racine tout en soulignant ce qui fait son originalité. Par le jeu des confrontations, il s’agit d’une part d’établir un lien entre cette tragédie classique et l’Antiquité, et d’autre part, en se référant par exemple à la pièce d’Azama, de réfléchir aux choix qui s’opèrent dans la réécriture du mythe.

- La seconde, moins globale, s’attache à des moments particuliers de la tragédie tels que l’exposition ou le dénouement afin de la qualifier tout en observant ce qui fait l’originalité de l’œuvre de Racine.
                                                                                                                                                                                                                                                                    
     ILLUSTRATIONS :

Mise en perspective de la pièce de Racine : 3 exemples.

 

Ex 1 :
Niveau de classe : I° générale

Objets d’étude : théâtre et représentation ; le classicisme
Perspectives d’étude :  
                                    -    Etude des genres et des registres 

  • Etude de l’histoire littéraire et culturelle
  • Etude de l’intertextualité et de la singularité des textes

Problématique : Quels sont les pouvoirs d’Agamemnon ?
Corpus :
                                  -   >Iphigénie de Racine acte I, scène 1.
                                  -   Didascalies initiales des trois tragédies (Euripide, Racine, Azama).
                                  -   Documents iconographiques représentant la scène du sacrifice.

Description détaillée du dispositif mis en place en classe :
Il s’agit de permettre aux élèves d’entrer dans l’œuvre et de faciliter leur lecture. Cette séance se propose donc d’étudier la scène d’exposition de la tragédie de Racine et de se demander comment le théâtre classique réinvestit les données mythologiques.

  • Travail de groupes : relevé d’indices (temps, lieux, intrigue, personnages)
  • groupe 1 : - comment imaginez-vous représenter cette scène ?
  • groupe 2 : - quel portrait d’Agamemnon peut-on tirer de cette scène ?
  • groupe3 :   - délimitez et résumez le récit.
  •  Mise en commun à l’oral
  • Formulation d’hypothèses sur ce que  va devenir Iphigénie et sur la nature du dilemme dans lequel sera plongé Agamemnon.

4 – Confrontation avec les documents complémentaires afin de mettre l’œuvre de Racine en perspective et d’en saisir la spécificité.
        A partir d’une lecture comparée des documents iconographiques on dégagera les éléments communs caractéristiques du mythe.
        Les listes de personnages permettront de souligner l’originalité du projet de Racine et d’amorcer l’étude du personnage d’Eriphile. On pourra articuler les deux activités en demandant aux élèves de repérer l’image se référant directement à l’œuvre de Racine, en l’occurrence la gravure de Massard.
Bilan : On aura ainsi dégagé un des principes du classicisme à savoir le réinvestissement des données mythologiques. On pourra dans la séance suivante à partir d’un extrait de Boileau et d’un passage de la préface de Racine justifier la présence d’Eriphile en fonction des règles de la tragédie classique.

 

Ex2 :
Niveau de classe : I° technologique.
Objets d’étude : théâtre et représentation
Perspectives d’étude :  
                                    -    Etude des genres et des registres 

  • Etude de l’histoire littéraire et culturelle
  • Etude de l’intertextualité et de la singularité des textes

Problématique :   Peut-on parler d’une évolution du mode de représentation du mythe 
                          d’Iphigénie ?
Corpus :
                                  -   Didascalies initiales des trois tragédies (Euripide, Racine, Azama).
                                  -   Documents iconographiques représentant la scène du sacrifice.
Description détaillée du dispositif mis en place en classe :
Il s’agit d’utiliser l’histoire littéraire comme outil de lecture dans une séance augurale.

  • Présentation de la didascalie initiale d’Iphigénied’Euripide. On mettra en place les 

     différents personnages et les grands axes du mythe. (Doc. annexe : la généalogie des
     Atrides).

  •  On propose une lecture comparée des trois didascalies initiales afin d’observer la présence ou l’absence de personnages, on réfléchira également au lieux évoqués. On notera alors des changements qui nous permettront d’annoncer la problématique.
  • On proposera ensuite les documents iconographiques afin de procéder aux mêmes comparaisons. On demandera en plus de localiser le document correspondant à la pièce de Racine (gravure de Massard) ce qui permettra de préciser la nature et la fonction du personnage d’Eriphile.

 

 

Ex3

Niveau de classe : seconde
Objets d’étude : théâtre : les genres et les registres ; le tragique
Perspectives d’étude :  
                                    -    Etude des genres et des registres 

  • Etude de l’histoire littéraire et culturelle
  • Etude des effets sur les destinataires

Problématique : Faut-il ou ne faut-il pas tuer Iphigénie ?
                          (L’expression et la fonction du dilemme dans la tragédie)
Corpus :

  • Document A, un extrait du prologue de la pièce d’Euripide Iphigénie à Aulis, de « Léda à … faire mourir ma fille. »
  • Document B, Iphigénie de Racine, I1 : « Aras : seigneur à….Agamemnon :….en pleurant, j’ordonnai le supplice. »
  • Tableaux de Bertholet Flemalle et de Gérard, fresque romaine

Description détaillée du dispositif mis en place en classe :
Il s’agit de la séance augurale, préalable à la lecture de la pièce et permettant d’introduire aussi bien le propos que la notion de tragédie (dilemme).
Travail préparatoire à la maison (sur le document a) :

  • relevez les  noms propres des personnages ainsi que les périphrases qui en désignent d’autres ; repérez les noms de lieux. Dressez un arbre généalogique.

- quelle est la cause de la guerre de Troie ? L’époque ?
                 -  de quelle époque date le texte d’Euripide ?
 Séance en classe :

  • mise en commun du travail préparatoire
  • Lecture de l’extrait de Racine par le professeur

Travail individuel : quel passage d’Euripide retrouve- t-on chez Racine ? Quels éléments sont privilégiés par rapport à Euripide ?

  • Pourquoi doit-on sacrifier Iphigénie ?
  • Quels choix se posent à Agamemnon ?

       On aborde la notion de dilemme dans le cadre du registre tragique.
>Recherche des marques du dilemme dans le texte de Racine (v68, v90).

Poursuite de l’approche du dilemme à partir des documents iconographiques :

- observation du personnage d’Agamemnon : de quelle façon le dilemme est-il représenté ?
Fin de la séance : travail d’écriture.
Rédaction d’un paragraphe argumenté : quel tableau vous semble le plus propre à exprimer la souffrance d’Agamemnon ?
Ces écritures feront l’objet d’une restitution orale.

A l’issue de cette séance, les  élèves devront choisir trois ou quatre extraits qui leur ont paru les plus représentatifs de la notion de dilemme tragique.

 Scène d’exposition et dénouement : 2 exemples.

 

Ex1 :
Niveau de classe : seconde
Objets d’étude : théâtre : les genres et les registres ; le tragique
Perspectives d’étude :  
                                    -    Etude des genres et des registres 

  • Etude de l’histoire littéraire et culturelle
  • Etude des effets sur les destinataires

Problématique : l’Iphigénie de Racine est-elle une œuvre originale ?
Corpus :
                                    -    Racine Iphigénie, I, 1 > v62

  • Euripide prologue de Iphigénie à Aulis.
  • Fresque le sacrifice d’Iphigénie, musée de Naples.
  • M Azama, Iphigénie ou le péché des dieux, le début de la pièce.

Description détaillée du dispositif mis en place en classe :
Il s’agit de la première séance d’étude de la pièce. On abordera les composantes du tragique, et on soulignera l’importance de la scène d’exposition dans la mise en place de la mécanique tragique.
Les élèves ont lu l’extrait de la pièce de Racine en préalable.
  Séance :

  • lecture orale du texte de Racine ; : élucidation des difficultés de compréhension immédiate.
  • Distribution du texte d’Euripide :
  • lecture silencieuse ; à partir des deux textes, les élèves reconstituent les éléments du mythe d’Iphigénie.
  • distribution de la fresque romaine :
  • quels éléments du mythe retrouve-t-on ?
  • Support : deux textes + fresque :
  • repérez sur les trois supports ce qui semble relever de la situation tragique.
  • La place du divin dans le tragique.
  • Distribution du texte d’Azama.
  • Observation de la différence de registre, même avec la présence du divin.

 

Ex2 :
Niveau de classe : première générale
Objets d’étude : théâtre et représentation, le classicisme

Perspectives d’étude :  
                                    -    Etude des genres et des registres 

  • Etude de l’histoire littéraire et culturelle
  • Etude de l’intertextualité et de la singularité des textes

Problématique : En quoi  le dénouement de L’Iphigénie de Racine est –il révélateur des règles du théâtre classique ?

Corpus :

  • > Racine Iphigénie, vers 1767 à 1790.
  • Eschyle, Agamenon, I° intervention du chœur (3 dernières strophes)
  • Euripide, Iphigénie à Aulis, le dénouement
  • Azama, Iphigénie, le dénouement
  • Boileau, Art poétique, 8 derniers vers.
  • Iconographie : reproduction d’une fresque romaine

                         
Description détaillée du dispositif mis en place en classe 

Travail préparatoire : les élèves lisent chez eux les différents dénouements du mythe (certains lisent les textes d’Eschyle et d’Azama, les autres lisant le texte d’Euripide et la fresque).
En classe :
  1°) Comparaison des différents dénouements  avec celui qu’a choisi Racine dans sa pièce (lecture du texte).
2°) Lecture de la préface de Racine et du texte de Boileau : expliquer à l’aide de ces textes, les raisons du choix de Racine. Doivent apparaître alors les notions de vraisemblance, de bienséance et de moralité, caractéristiques du classicisme.
3°) Se demander si ces « trois règles » sont bien respectées dans le texte de Racine. C’est le cas de la bienséance et de la moralité (beaucoup moins de la vraisemblance !) dont on va étudier en détails l’inscription dans le passage étudié.
4°) la bienséance : le récit de mort impliquant le registre tragique (cf.  Boileau : la mort doit être racontée et non montrée, tout passe par les mots), les euphémismes ; la disproportion entre le récit de la mort d’Eriphile et l’évocation du départ de la flotte, beaucoup plus développée, le choix de la substitution (Eriphile remplaçant Iphigénie).
5°) la moralité : l’opposition manichéenne entre Iphigénie et Eriphile (dans leur attitude) ; la personnification des éléments concrétisant le choix des Dieux et leur intervention ; l’événement final heureux >> est-ce encore une tragédie ?
  cf. l’évolution du rôle des Dieux entre l’Antiquité et l’époque de Racine : au XVII°, l’intervention divine se doit d’être en accord avec la morale.
   On compare alors avec le texte d’Azama et son titre : Iphigénie ou le péché dieux.                                                                                                                 RETOUR