Faut-il poursuivre ces séances d'analyses de pratiques ?
Échanger a rencontré deux membres de l'équipe, un maître formateur et une éducatrice périscolaire. Ils reconnaissent que ces séances assurent une plus grande cohérence dans leur travail auprès des élèves, une continuité dans les interventions depuis l'accueil, dès sept heures pour certains, jusqu'à la fin de la garderie vers 18 h 30. Les règles sont les mêmes sur la cour, en classe ou à la cantine. Les élèves ont pris conscience de cette cohésion. Cette séance d'analyse de pratiques est le seul moment où tous les personnels de l'école sont réunis pour parler de situations professionnelles vécues, c'est le seul lieu où on peut évoquer les problèmes rencontrés, échanger avec les autres, analyser collectivement et rechercher des solutions. Cette situation profite à chacun. "On grandit professionnellement", mais on évolue aussi personnellement, on s'assagit. Lorsqu'on est impulsif, on apprend à se poser, à prendre de la distance. Ces matinées de réflexion collective facilitent ensuite les échanges entre les différents personnels, on s'enquiert du progrès ou non des élèves évoqués ou de l'évolution de problèmes soulevés. Les difficultés rencontrées sur la cour, à l'accueil, la garderie, dans la classe ne sont plus vécues comme des échecs personnels quand on découvre que les mêmes difficultés sont aussi évoquées par d'autres. Au lieu de vivre mal, de culpabiliser, on pose le problème devant tout le monde et les regards croisés permettent de l'analyser et de faire évoluer ses représentations et ses comportements. On se rassure en voyant que les réponses peuvent être collectives et coordonnées. On arrive à formaliser des actions complexes plus ou moins conscientes, éparpillées dans le temps. Mais est-ce facile pour une animatrice périscolaire de prendre la parole, d'exposer une situation délicate, dans un groupe composé en majorité d'enseignants ? Le problème aurait pu se poser, mais la formation de trois jours, suivie par toute l'équipe lors de la mise en place du projet "médiateur" il y a six ans, a permis à chacun de se connaître en participant aux mêmes exercices et abattu ainsi des barrières qui auraient pu exister. Les réunions régulières ont ensuite conforté ces attitudes. Ces séances de "Gease" sont perçues par ces animatrices comme des moments importants de formation, d'aide ou de soutien. Les compétences acquises sont réinvesties dans leurs autres secteurs d'activités comme les centres aérés, même si les interventions n'ont pas le même impact lorsqu'elles ne sont pas partagées collectivement. La participation à ces réunions est donc importante pour elles. Aussi la restructuration en cours de l'école soulève-t-elle quelques craintes quant à leur maintien. Car les deux animatrices souhaitent continuer à partager cette expérience.