“Travailler sur l’empathie permet à l’enseignant de prendre en compte simultanément le groupe et chaque enfant dans le groupe”, explique d’emblée M. Fouyet, conseiller pédagogique de la circonscription Le Mans-Sud, spécialisé en EPS (éducation physique et sportive). Il est question de construire une relation de confiance sécurisante. La formation à l’empathie, inscrite dans le programme d’EMC (enseignement moral et civique) pour l’école élémentaire et le collège
1, permet de donner des clés pour élaborer concrètement la capacité du groupe à bien vivre ensemble, en veillant à ce que chaque élève soit reconnu par les autres. M. Fouyet explique que l’apprentissage passe par l’expérience du corps, physique et sensorielle. C’est une entrée primordiale, socle de la formation proposée dans le cadre de
l’expérimentation EPLUCHE. Les enseignants ont été formés à la pratique et à l’analyse d’un panel de jeux pour développer l’empathie émotionnelle
2, c’est-à-dire la capacité de chacun à se mettre à la place de l’autre, à reconnaître ses émotions sans se confondre avec lui. Les jeux proposés activent et mettent au jour les quatre grands dispositifs pédagogiques pour développer une éducation à l'empathie émotionnelle : faire ensemble, observer, changer les rôles, parler des ressentis.
Le jeu des mousquetaires est, par exemple, unanimement plébiscité par les enseignants. S’ils sont pratiqués en début d’année scolaire, ces jeux spécifiques permettent d’une part d’observer le fonctionnement de la classe et la place occupée par chacun au sein du groupe et, parallèlement, de développer l’entraide. M. Fouyet note qu’il s’agit d’une ressource efficace et concrète qu’il propose souvent aux professeurs qui rencontrent des situations de classe difficiles, des élèves indisponibles pour travailler. Les séances peuvent s’organiser sans délai et permettent d’apaiser les tensions. Cependant, pour avoir un impact durable sur le climat scolaire, la pratique ne saurait se limiter au cours d’EPS.
Au cours de l’expérimentation EPLUCHE, certains professeurs avaient conçu des séances d’apprentissage empathiques, en arts plastiques notamment. L’échange autour d’œuvres d’art était fécond et permettait de travailler le lexique en lien avec le programme (cycle 3 : mettre en réseau des mots, analyser leur sens). J. Pibouleau, enseignante, explique que la ritualisation des temps d’échanges en fin d’activité – qu’elle soit sportive ou non – peut justement servir de support pour construire des outils d’apprentissage du lexique des émotions (affiches, livrets, visage des émotions pour les plus petits…). Le vocabulaire des sentiments reste souvent très simple et manichéen chez les élèves, "je suis triste/je suis content". En passant d’abord par l’expression verbale de sentiments vécus, parfois précisée ou enrichie par le professeur et/ou les pairs, les élèves maîtrisent progressivement le vocabulaire de la palette des émotions.