Améliorer l’attention des élèves est sans doute la partie la plus délicate car elle celle-ci est très liée aux émotions et se développe jusqu’à l’âge de 20 ans environ. “Il est donc normal que nos collégiens ne soient pas “finis” en ce domaine, et le seul fait de la savoir déculpabilise beaucoup le professeur”, reconnaît Mme Rivallin. Si l’on ajoute à cela qu’un élève émotionnellement instable ne peut réellement se montrer attentif, la tâche paraît ardue. Cela n’empêche heureusement que l’attention se travaille et que des outils peuvent être mis en place. Mme Rivallin a ainsi institué des rituels de mise au calme, une quinzaine au total environ. Leur pratique n’est pas systématique mais s’installe à chaque fois qu’elle en ressent le besoin, soit que la classe est agitée soit qu’elle perçoit une tension peu favorable aux apprentissages. Une pratique du yoga depuis quinze ans et la découverte des exercices de “cohérence cardiaque”, l’ont aidée. Cette méthode, expérimentée récemment dans l’académie de Poitiers, consiste , trois fois par jour, à réaliser des exercices de 6 respirations par minute pendant 5 minutes, d’où le chiffre 365. L’enseignante précise que lors de la mise en place du rituel, et quel que soit l’exercice choisi, celui-ci n’est pas obligatoire et que ceux qui ne souhaitent pas l’effectuer peuvent faire “un mini dodo”. Mme Rivallin peut faire l’un de ces exercices en début ou en milieu de cours selon les besoins. Si cette pratique n’est pas à proprement parlé scientifique et doit être prise comme un outil de bien-être, elle peut répondre au besoin d’apaisement et de relâcher des tensions que les élèves peuvent parfois ressentir en classe. L’objectif est de recentrer l’enfant sur lui-même, et de rendre à son corps et son esprit une disponibilité, un calme favorable aux apprentissages. Une autre disposition prise par Mme Rivallin a été la mise en place de petits exercices de métacognition (fait de penser sur sa propre pensée, d’avoir une activité mentale sur ses propres processus mentaux) sous forme de questions Vrai/faux traitées en quelques minutes en début de séance. Ces questions, du type “peut-on faire deux choses en même temps ?” vise à la fois à capter l’attention et à mobiliser la réflexion et le cerveau des élèves sur des thèmes liés aux conditions du bon apprentissage. L’enseignante est aussi adepte du “feedback proche” (fait d’effectuer la correction juste après l’évaluation), pour un ancrage plus efficace, car les élèves en attente de leur score sont très attentifs. Enfin elle a réfléchi aussi à l’organisation physique de sa classe afin de créer d’“autres situations d’enseignement que le frontal ou le groupe figé”. La présence de “paillasses” fixées au sol en physique-chimie limite certes les possibilités dans cette matière ; mais pour ne citer que deux exemples, d’une part six tableaux blancs ont été installés tout autour de la classe pour permettre une “promenade des connaissances” ; cela signifie que le cours peut se construire et se lire à différents endroits de la salle à certains moments, et qu’à d’autres les élèves peuvent travailler en petits groupes en disposant d’un support mural visible par les autres pour écrire et présenter leurs recherches ou leurs questions. Par ailleurs, un “espace bulle” a été installé dans un coin de la salle, séparé physiquement et visuellement du reste de la classe par un panneau de bois plein, mais visible depuis le bureau de l’enseignante. Cet espace, avec chaise et table mais une décoration “cosy” (magnets, sous-main décoratif, coussin sur la chaise…) se veut un “sas de décompression pour les élèves émotionnellement instables”. Il peut être sollicité, quelques minutes ou une partie du cours, par des enfants en incapacité ponctuelle à se concentrer sur leur travail ; ce peut être après une altercation, à cause d’une grosse fatigue ou en lien avec une épreuve personnelle ou familiale. Visiblement, les élèves n’abusent pas de cette possibilité et ne demande à passer dans cet espace qu’à bon escient.