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les conditions de réussite et les développements envisagés

Le projet s'étale du mois de janvier au mois d'avril. La volonté des élèves trouve dans cette durée des raisons de s'émousser que seuls les encouragements réguliers des enseignants et des parents (voire des camarades de classe) parvient à soutenir.

Le temps nécessaire à l'organisation de ce concours est également une contrainte pour les enseignants qui consacrent près d'une cinquantaine d'heures à des séances d'écriture et d’entraînement à l'oral des élèves. Beaucoup d'enseignants ne peuvent participer qu'à quelques séances. L'essentiel du travail repose sur une poignée d'entre eux. A ce titre, la participation active de l'association des parents d'élèves est un soutien très apprécié. Ces derniers prennent en charge une partie de la préparation des élèves (quelques parents apportent leur concours lors de certaines séances d'écriture) et ils se chargent entièrement de la collecte des lots. Ce sont également des parents d'élèves et des assistants d'éducation qui assurent l'organisation pratique de la soirée (buffet, technique, prises de vue). Sollicitée dès la première année, la Maire de Nantes a bien voulu prêter ses pupitres sonorisés qui permettent de donner un supplément de solennité à l'événement. La direction et la vie scolaire sont très mobilisées lors de la représentation publique pour gérer les entrées au collège (près de 300 personnes en 2019) et la circulation dans l'établissement. Enfin la mise en place d'un vote du public en 2019 a permis d'impliquer encore un peu plus l'ensemble des acteurs. Si l'organisation est désormais rodée, pour s'y lancer il aurait peut-être été utile de limiter le concours à une classe ou un niveau.

Le concours est ouvert à tous les élèves de la 6e à la 3e. Ce principe est une garantie d'égalité très appréciée des élèves et des parents d'élèves qui lui confère une dimension fédératrice. Il est devenu évident pour les élèves puisque chaque année, des élèves de la SEGPA s'y inscrivent, ainsi que des élèves allophones ou des élèves en situation de handicap. Il est confirmé par le fait que les vainqueurs du concours ne sont pas toujours ceux qu'on attend : c'est une élève de 6e qui a gagné l'édition 2019 et qui a aussi raflé le prix du public !

Écueils

Si l'âge des finalistes varie, ils sont en revanche presque toujours des élèves qui ont de bons résultats scolaires. Si bien que la promesse d'égalité à l'inscription ne trouve que rarement sa traduction dans le palmarès. Parmi les inscrits, on compte en outre une écrasante majorité de filles. Ce point est désormais souligné lors de la présentation du concours pour susciter quelques vocations parmi les garçons. Malgré cela, aucun garçon ne s'est jamais qualifié pour la finale. L'explication de ce phénomène est sans doute à chercher dans l'âge des élèves (11 à 14 ans) qui est un âge peut-être moins favorable pour les garçons qui ont plus de mal à se produire en public et à mettre en jeu leur image ou leur réputation.

Le travail est long et copieux. Pendant plusieurs semaines, les séances d'écriture et d’entraînement à l'oral se succèdent à un rythme effréné. Certains élèves ne réussissent pas à produire leurs trois textes sur leur temps libre. Il leur est arrivé de s'absenter de certains cours pour s'entraîner au CDI ou en salle multimédia sans y être autorisés. Cela a pu irriter des enseignants qui ne savaient plus s'ils devaient autoriser les élèves à s'absenter ou pas.

Malgré les encouragements des enseignants, près d'une moitié des élèves inscrits abandonnent chaque année, usant du droit qui leur est donné dès le début des opérations. Ceux qui persévèrent ont du mal à travailler seuls. Si bien qu'il est souvent nécessaire d'ajouter des séances de travail accompagné jusqu'à la veille du concours. Les textes sont souvent rendus au dernier moment. Les organisateurs doivent avoir le cœur bien accroché.

La proclamation des résultats a souvent donné lieu à des déceptions parmi les perdants. La gestion de la défaite n'est pas une chose aisée pour des adolescents. C'est la contrepartie de l'effet concours qui tant qu'il n'a pas eu lieu laisse espérer tous les élèves et sert l'enrôlement. Cette question est désormais discutée avec les élèves dès les premières séances de travail pour mieux anticiper le moment difficile de la proclamation des résultats. Les enseignants les encouragent à considérer dès le début cette compétition comme un jeu et à se penser davantage en compétition avec eux-mêmes. Le résultat est que les élèves coopèrent chaque année un peu plus dans la phase de préparation (ils écrivent ensemble en salle multimédia) et qu'ils se soutiennent plus systématiquement dans les coulisses lors de la représentation. Pour atténuer un peu l'effet compétition et récompenser l'engagement de tous les élèves, un prix spécial a été inventé en concertation avec eux : il est remis à un des candidats non qualifiés pour la finale par tirage au sort.

À ce jour le jury a toujours réussi à justifier ses classements en les fondant strictement sur les critères définis avec les élèves [Grille d'évaluation du jury], mais il n'a pas toujours échappé aux critiques de certains candidats déçus qui ont pu parfois (rarement à vrai dire) se plaindre de la partialité présumée des jurés en invoquant tel ou tel point du règlement. Par exemple, le jury a qualifié une élève pour la finale alors qu'elle avait un peu dépassé son temps. Il a fallu déployer des trésors de diplomatie pour faire entendre aux protestataires que cette condition n'était pas éliminatoire et qu'elle avait coché beaucoup d'autres critères.

Pistes d'amélioration du dispositif


Parmi les pistes d'amélioration, l'équipe réfléchit à la possibilité de travailler davantage l'improvisation. Celle-ci n'est actuellement présente que lors de la question du jury qui suit chaque discours et lorsque les finalistes doivent intégrer au pied levé un mot mystère à leur discours. Une solution pourrait consister en une transformation de la phase finale. La préparation pourrait porter sur les arguments plutôt que sur la rédaction d'un texte et conduire à une joute oratoire entre finalistes qui seraient contraints de s'interpeller et de se répondre.

À ce stade de l'expérience, les critères d'évaluation sont présentés aux élèves et parfois amendés par ces derniers. Certains critères sont bien compris en général (un texte bien écrit, ne pas lire, adapter la gestuelle, regarder le public, etc.). Mais d'autres critères sont moins bien intégrés par certains élèves comme la gestion des silences, l'implication dans le propos, la construction du raisonnement, la diversification des effets de style. Ils pourraient donner lieu à un travail spécifique lors des phases d’entraînement pour que tous les élèves se les approprient.

L'équipe du collège a envisagé de confronter ses champions à ceux d'autres collèges. Cela était sur le point de se réaliser en 2018, mais l'enseignante qui a proposé de se lancer n'a finalement pas trouvé le temps nécessaire.

Enfin, l'encouragement à user d'artifices voire de mensonges pour s'acquitter de cet exercice public (voire feuillet sur “une démarche de projet qui joue avec le contrat didactique”) a conduit l'équipe à réfléchir à un dispositif qui contrebalance ce parti pris. Un atelier philo a ouvert le vendredi midi où la parole des élèves est appelée à viser l'authenticité et est consignée dans des cahiers.

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