Dès 1999, Aniko Husti
1 mettait en lumière l'importance et les enjeux du temps scolaire, sa spécificité qualitative et son potentiel de dynamisme, et s'interrogeait "Le temps n'aurait-il donc aucune conséquence sur les conceptions éducatives, ni sur le fonctionnement des établissements scolaires ?". En 2001, un rapport de l'Inspection générale soulignait : "l'organisation du temps de l'enseignement ne paraît pas avoir retenu l'attention des historiens de l'éducation. Tout se passe comme si le temps scolaire, organisé autour d'unités fixes (l'heure de cours) et de la répétition hebdomadaire d'un même schéma, apparaissait comme une donnée immuable, quasi naturelle, qu'il convient d'accepter comme telle et qui ne serait pas justiciable d'une réflexion particulière".
Les mentalités ont progressivement évolué et le temps apparaît désormais comme une variable incontournable de l'organisation pédagogique : on l'annualise, on le redécoupe, on le réorganise, on le concentre ou on l'étale, on l'individualise en accordant des tiers-temps pédagogiques, on articule temps scolaire et périscolaire, on optimise les temps de vacances, on tente de reconquérir le mois de juin.
Les expérimentations qui cherchent à renouveler la question du rapport au temps dans de nouvelles modalités d'organisation soulèvent les mêmes enjeux : articuler besoins individuels et besoins collectifs et concilier flexibilité et stabilité structurante. Les cours à effectifs modulés (groupes de langues en lycée concernant plusieurs classes et options diverses), la gestion simultanée de classes intégrant des parcours individualisés, par exemple, exigent des organisations du temps et des lieux scolaires, de plus en plus complexes et engagent des compétences collectives partagées entre professeurs, vie scolaire et encadrement. Certes, elles sont rendues possibles par des outils informatiques performants qui balbutiaient encore il y a dix ans.
Quelques questions qui peuvent guider la réflexion autour des différentes organisations mises en place :
- Peut-on commencer à repérer les premiers effets de ces changements d'organisation ?
- Ces changements d'organisation sont-ils toujours bien adaptés aux finalités pédagogiques initiales, autrement dit l'articulation fondamentale entre le structurel et le pédagogique est-elle réellement présente ?
- Comment construire des organisations intégrant des variables liées à l'individualisation des parcours et à l'accompagnement personnalisé (variables jusque- là ignorées dans un système plutôt enclin à se préoccuper des invariants) tout en respectant une équité globale ?
- Comment garder le potentiel et la souplesse d'une organisation complexe tout en restant raisonnable (la souplesse n'étant pas extensible à l'infini) ?
- En quoi le déploiement actuel des espaces numériques de travail peut-il être un atout permettant d'alléger les contraintes liées à la complexification des organisations et au partage des compétences ?