En effet, les deux enseignants font un lien étroit entre évaluation et mémorisation, dans la mesure où “l’évaluation est l’un des feedbacks sur l’assimilation du cours et va permettre de constater de l’acquisition ou non des savoirs”, comme le dit Gilles Bléjan. Ainsi en maths comme en SVT, la synthèse évoquée ci-dessus sur les connaissances acquises sur le thème abordé va être évaluée et notée : deux compétences sont notamment prises en compte : d’une part la pertinence de la reprise des notions du chapitre et le respect de la forme choisie (texte structuré, tableau à double entrée, carte mentale…) ; d’autre part la maîtrise du numérique, puisque le document est transmis à l’enseignant via Pearltress et doit se trouver au bon endroit, respecter un format commun, avoir un titre, être clair et lisible avec des illustrations et photos cadrées par exemple. Pour la plupart des élèves, ce travail leur permet d’acquérir et de présenter un savoir personnel, parfois parcellaire mais qu’ils ont acquis “en faisant”. En SVT, un livret d’évaluation est par ailleurs remis aux élèves en début de trimestre qui recense les différentes évaluations qui jalonneront l’étude d’un chapitre (évaluation intermédiaire, sujet type DNB, évaluation finale appelée “que sais-je” ?) En fin de séquence, une séance est consacrée à la possibilité d’améliorer une ou plusieurs évaluations et d’optimiser ainsi le résultat et les savoirs de l’élève. En mathématiques, les heures de cours hebdomadaires étant plus nombreuses, C. Quentin propose lui des évaluations intermédiaires hebdomadaires et deux devoirs maisons pour chaque séquence en plus des fiches synthèse.
Les deux enseignants étant encore dans la première année d’expérimentation commune de ce projet, il est prématuré de vouloir faire un bilan concernant le retour et ce que peuvent éventuellement y gagner les élèves. Tout au plus notent-ils tous deux qu’ils ont surtout observé au départ des réticences de la part des parents, qui avaient du mal à assimiler et s’adapter à cette méthode et à changer leurs représentations sur ce que signifie “apprendre un cours”. Pour certains cela consiste essentiellement en effet à retenir la trace écrite de l’enseignant, alors que là c’est l’élève qui doit d’abord et avant tout construire sa propre image des concepts et notions enseignés, quitte à produire un savoir parcellaire dans un premier temps. Du côté des élèves, au niveau de l’acquisition des compétences par les élèves, C. Quentin estime que l’on passe d’environ un tiers à 10 % d’acquisitions insuffisantes à fragiles, et d’un tiers à 75 % d’acquisitions satisfaisantes ou très satisfaisantes. Et avec les différentes possibilités d’améliorer son travail tout au long de l’année, l’évaluation n’est plus une sanction, mais une succession de révisions, dans une démarche assumée d’« apprendre à apprendre » aux élèves. Enfin, concernant leurs collègues, des matières scientifiques notamment, ils sont tous au courant et observent ces démarches pédagogiques, mais avec un reste de réticence pour certains.