Le texte composé va être réécrit avec l'ordinateur en travaillant sur la police de caractère et sur les couleurs. Les élèves retrouvent alors le travail de début d'année et leur tableau sur la symbolique des couleurs. La réflexion avait été appliquée alors au choix des couleurs des peintures des bâtiments, ou celles des vêtements, et leur influence lors d'un entretien d'embauche... La professeure avait même provoqué leur réaction par son propre choix de couleurs de vêtements, pour ce cours ! (Mais c'est une habituée des mises en scène pour accrocher les élèves voir
Échanger n° 90 "Motiver : un enjeu pédagogique"). À leur tour, lors d'une visite au musée des beaux-arts d'Angers, les élèves allongés devant le tableau
La danseuse jaune, d'Alexis Jeanneau, dessinent et réfléchissent à la portée de cette couleur solaire, guidés par un médiateur : pastel, fusain, crayon gras, les mains usineuses deviennent créatrices. Le texte peut glisser du sombre au clair, du noir au rouge, évoquant le dégoût ou le danger. Des mots apparaissent en relief. Une lettre peut simplement être écrite d'une autre couleur pour souligner une allitération, le V de volatile repris dans âme vivante, et l'on ressent par ce glissement phonétique l'envol de l'oiseau ! Ensuite le poème ne va pas être placé simplement en-dessous ou à côté de la photo, mais celle-ci va être enchâssée dans le poème pour former un tout indissociable, un tableau-poème. Le texte est alors découpé et collé autour de la photo. Le spectateur ne peut être passif, il doit pencher et tourner la tête, et l'interaction est réussie. Cela nécessitera un effort pour lire l'ensemble, mais l'accès au sens d'un poème n'est jamais donné d'emblée ! L'effort physique métaphore de l'effort intellectuel ! Découpage, centrage, collage sont des opérations qui nécessitent concentration et minutie. Ce n'est pas le plus facile. Dans le même temps, les élèves déambulent au musée Robert Tatin et s'essayent au modelage et à la sculpture. Le parcours de ce génial créateur, peintre industriel à l'origine, résonne de proximité avec ces élèves en voie professionnelle. Ce qu'a réussi un peintre-maçon, ne peuvent-ils aussi y parvenir ? Décomplexés, ils finalisent eux-mêmes l'accrochage de leur tableau. Alors les verticales penchent parfois un peu, des encadrements cassent... mais chacun produit son œuvre avec ses propres mains. Il peut arriver que la colère prenne le dessus et qu'un élève ne supporte pas le résultat et "explose" son tableau ! Même ceux qui ont pris du retard produisent un texte manuscrit tandis que ceux qui travaillent plus vite ont réalisé deux œuvres.