Loin d’avoir la prétention d’être une réponse pédagogique miraculeuse, la classe flexible présente des avantages, notamment celui de modifier les relations dans la classe.
Pour les enseignantesInterrogées sur ce point, les enseignantes reconnaissent que cette organisation de classe offre une impression de grande liberté. Elles admettent avoir moins à intervenir sur les postures et relèvent davantage de coopération entre élèves. Elles constatent également que certains espaces sont facilitateurs selon les tâches à réaliser : le tapis du coin-regroupement est très apprécié pour les travaux de groupe et les petites tables sont préférées pour les réflexions individuelles.
S’interroger sur le mobilier de la classe, c’est d’abord s’intéresser au corps de celui qui apprend : "Mes élèves ont besoin de beaucoup bouger, reconnaît Myriam Antoni, il faut donc prendre en compte ce constat pour que leur corps ne soit pas un obstacle aux apprentissages".
Pour les élèves Certains bénéfices pour les élèves sont d’ordre physiologique. Habituellement dans une classe, seul l’enseignant se déplace, ce qui lui permet de se ressourcer régulièrement : ses déplacements entraînent une accélération cardiaque qui réoxygène ses cellules, a contrario des élèves qui restent assis alors que l’on sait que bouger est pour eux un besoin naturel. Nayla, élève de CM2, reconnaît un double avantage : "Moi j’aime bien la classe flexible, parce qu’on a le droit de bouger et de choisir sa place".
Les enseignantes constatent également des bénéfices sur le plan du travail scolaire : amélioration de l’écoute mutuelle et davantage d'engagement personnel pour le travail. L’image de soi a également évolué : "Les élèves sont considérés comme des enfants" précise Myriam, expliquant ainsi qu’ils sont regardés comme des personnes à part entière, et non comme des têtes que l’école doit remplir. Sur les plans affectif et physique, Myriam ajoute qu’ils semblent mieux gérer leurs émotions et se plaignent moins de douleurs liées à une posture immobile prolongée. Les changements opérés dans la classe permettent à chacun de planifier son travail en définissant au préalable les espaces dont ils vont s'emparer pour le travail à effectuer. Myriam arrive à la conclusion que « plus d'écoute, de motivation, de réussite et d'entraide découlent assez naturellement de cette organisation".
Pour la classeLes deux enseignantes mettent en avant un climat plus serein aujourd’hui qu’auparavant. Cela peut s’expliquer par une flexibilité du voisinage qui favorise l'entraide, facilite les aménagements ponctuels (mise en groupe), et par une proximité entre les acteurs de la classe.
La classe est redevenue un lieu de travail rythmé par des changements d'espace qui se justifient par des besoins didactiques personnels (choix des ressources par exemple) ou par les modalités pédagogiques décidées par l’enseignante.
On est loin d'une classe autobus dans laquelle des élèves restent du matin au soir assis à la même place, dans la même posture, immobiles.
C'est le paradoxe d'une école souhaitant que les élèves soient acteurs de leurs apprentissages tout en restant passivement engoncés sur une chaise. La classe flexible présente, elle, l’intérêt d’offrir le choix à l’élève d’adopter une posture mettant en adéquation ses besoins et les objectifs à atteindre.
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