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première séance consacrée à la lecture/compréhension de la fable « Le Chêne et le Roseau »

M. Pariaud décrit ici une séance qui permet aux élèves de vivre dans leurs corps le récit. Elle a conçu un enchaînement de postures qui correspondent à la succession des étapes de l’échelle de Patanjali.

“Les Yoga sutras, texte fondamental du yoga classique, constituent le socle de la réflexion et de l’action menée par le RYE depuis sa création. La tradition leur donne comme rédacteur le sage Patanjali, qui aurait vécu à une date incertaine, entre le IIe siècle avant Jésus-Christ et le IVe ou le Ve siècle de notre ère. En réalité, ils condensent ici l’essentiel d’une science qui existait bien avant et était transmise oralement. L’objectif du système théorisé dans les Yoga sutras est de mener l’être humain à la pleine possession de sa santé physique et mentale. L’hypothèse de Micheline Flak, fondatrice du RYE, est que ce cheminement peut être en partie emprunté et adapté au service de l’éducation dans un contexte occidental et laïc. Il est donc possible de proposer aux enfants un parcours suivant les "six premiers membres" de l’échelle de Patanjali, avec pour objectif de semer les graines du yoga pour les aider à grandir au sein de l’école contemporaine”. 
Source : site de l’association RYE (Recherche Yoga pour l’Éducation)
Les étapes de l’échelle de Patanjali sont :
• Vivre ensemble
• Éliminer les tensions
• Se mettre en bonne posture
• Bien respirer
• Savoir se relaxer
• Se concentrer

Un néophyte ne saurait se lancer dans la mise en œuvre de cette séance fondée sur la maîtrise du yoga pour les enfants. Mais il est intéressant d’observer la démarche qui pourrait être adaptée selon une progressivité différente, avec une dominante théâtrale.

 
Je souhaiterais proposer une séquence sur les Fables de La Fontaine. Cela fait l’objet d’un chapitre de trois/quatre semaines en classe de 6e. Je pense que le yoga et les outils de réflexion philosophique sont des moyens pertinents pour que les élèves comprennent et retiennent les Fables de La Fontaine. La trace émotionnelle et l’expérience du corps facilitent grandement les apprentissages heureux.

Exemple de séance :

Séance de cours, en sixième
Le Chêne et le Roseau, de l’apprentissage à la mise en scène grâce au yoga

Travail en plusieurs séances :
• Lecture de la fable et compréhension par l’intermédiaire des différentes postures d’arbres
• Mémorisation
• Mise en scène en réinvestissant les postures de l’arbre et l’intervention du vent (respiration). La mise en scène corporelle permet une récitation et une diction plus aisées du texte.

Yama (= Vivre ensemble) : lecture de la fable par le professeur. Discussion, qu’avez-vous compris ?

Nyama (= Éliminer les tensions) : en musique, on nettoie notre arbre, « auto-époussetage » - l’arbre se débarrasse des feuilles mortes et des branches mortes. Nettoyons nos racines (pieds et orteils), nettoyons nos branches (bras), nos branchettes (doigts).

Asanas (= Se mettre en bonne posture) :
Les différentes asanas consistent à faire vivre aux élèves l’expérience des sensations dans les postures des différents arbres :
• Ancrage : l’arbre s’enracine dans son environnement- pieds joints au sol verrouillés - socle solide- bras le long du corps.
• Même asana avec les bras en V au-dessus de la tête, mains ouvertes, doigts écartés. Dans cette posture, même si le vent se lève, l’arbre ne bouge pas, ou très peu, à la manière du chêne.
• Variante : pied droit sur le pied gauche, nécessité de l’expérience de la respiration et de la concentration pour tenir.
• Enfin, pour ceux qui le souhaitent : même posture avec pied sur la cuisse.

Fermez les yeux : si j’étais un arbre, je serais le chêne ou le roseau ?
Comment j’imagine la posture ?
En binômes, les élèves, chacun leur tour, font la posture. L’un fait l’arbre, l’autre le vent.
Pour les élèves qui ont choisi le roseau, l’arbre est souple et ne se déracine pas. On réfléchit donc à une posture simple afin d’éviter toute chute ou basculement quand le vent se lève.

Pranayama (= Bien respirer) : les différentes forces du vent.
À l’inspire, la cavité s’emplit- à l’expire, la cavité se vide.
On souffle assez fort puis le plus doucement possible.

Pratyahara (= L’écoute intérieure – Se concentrer) :
Yoga nidra adapté à la mémorisation de la fable.
Transition - rotation de conscience - respiration de 5 à 1- résumé de la fable et de son message par le professeur puis lecture de la fable.

Le chêne et le roseau


Le Chêne un jour dit au Roseau :
"Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent, qui d'aventure

Fait rider la face de l'eau,

Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front, au Caucase pareil,

Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.

Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage

Dont je couvre le voisinage,

Vous n'auriez pas tant à souffrir :

Je vous défendrais de l'orage ;

Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.



La nature envers vous me semble bien injuste.

- Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,

Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici

Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos ;

Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots,

Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants

Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.

L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine

Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.

Jean de La Fontaine

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