Dès les années deux mille, la directrice de l'IUFM, qui était alors Marguerite Altet, avait souhaité que son établissement contribue à former des praticiens réflexifs, car son propre parcours l'avait convaincue du bien-fondé de cette compétence : "
Selon moi, une classe est caractérisée par un système de tensions. L'enseignant doit alors gérer des logiques d'action contradictoires : la logique de la communication pédagogique, la logique didactique, la logique des savoirs, la logique du groupe-classe et la logique de chaque élève. L'enseignant construit une situation avant la classe et la reconstruit pendant la séance. Cette séance fonctionne quand l'enseignant et les élèves aboutissent à un compromis qui permet l'apprentissage et le bon climat de travail 1. Mais le parcours est long et la formation n'a évolué que pas à pas. Cela étant, avant la réforme de la masterisation, l'analyse de pratiques se faisait toute l'année au sein d'un groupe de référence en formation initiale. À cela s'ajoutaient, dans la plupart des IUFM, plusieurs modules, de la gestion de classe à la gestion des conflits. Actuellement, les différents travaux, en particulier ceux du chercheur Éric Debarbieux, ont conduit à proposer aux futurs enseignants des formations sur la gestion de la classe. Ce dispositif tel qu'il est proposé au niveau national s'axe davantage sur la tenue de classe et s'appuie sur une approche plus behavioriste
2. Dans l'académie de Nantes, certains formateurs, dont Claire Burdin, proposent une entrée par l'analyse de pratiques. La réflexion menée a montré la nécessité d'ouvrir le spectre et de relier les différents paramètres entre eux. S'il est nécessaire de maîtriser des compétences professionnelles pour créer un cadre de travail, et de savoir gérer ses propres émotions pour répondre de manière adaptée aux élèves selon leur âge, il semble aujourd'hui indispensable de savoir aussi différencier sa pédagogie. Le spectre est large, donc, mais comme le rappelle Claire Burdin, il s'agit bien d'acquérir une posture professionnelle qui relie entre eux tous les champs dans lesquels le professionnel peut agir. S'appliquer à construire cette posture professionnelle permet alors de poser un regard sur ses propres pratiques, mais aussi sur celles de ses pairs, et de savoir les analyser. C'est au cours des expositions et des analyses de pratiques dans un Gease (Groupe d'entraînement à l'analyse de situations éducatives) par exemple (
voir annexe), qu'une réflexion et une autoréflexion peuvent alors s'établir durablement. C'est également à partir des interactions entre pairs que la compétence professionnelle de chacun peut évoluer afin d'apporter de meilleures réponses aux problèmes rencontrés tant par les élèves que par les professionnels de l'éducation. Depuis 2008, différents groupes se sont constitués au niveau du rectorat, de l'IUFM devenu École interne, et même de l'université qui propose un master Ffast (Formation de formateurs par l'analyse des situations de travail). De cette formation est née L'
Afast (Association des formateurs par l'analyse des situations de travail), qui a cette volonté de promouvoir une posture réflexive sur les pratiques professionnelles.