Pour le reste du groupe, l’introduction progressive des outils de la sophrologie a d’abord débuté lors du temps de l’échauffement. En se glissant de manière discrète et opportune dans les coulisses du cours d’EPS, Sylvie Costes a apporté sa couleur et proposé aux élèves de nouvelles stratégies d’analyse de l’espace, de son corps ou d’autrui. À travers les jeux de regard et de mimétisme, l’autocritique, les gestes d’ancrage ou le travail sur la respiration, les élèves sont peu à peu parvenus à une prise de conscience plus fine de leurs corps, de leur mental et de leurs émotions. Au fur et à mesure, ils ont réinvesti ces outils dans les matchs, d’abord guidés par les conseils de leur professeure, puis de manière plus autonome. « Les techniques de Sylvie consistaient notamment à recentrer les élèves sur le terrain, à prendre conscience d’un état psychique à un moment donné pour pouvoir mieux respirer et repartir à zéro avant le match ou avant un service », a pu constater Florence Frémaux.
Afin d’ancrer ces apprentissages, les professeures ont également eu recours à la vidéo qu’elles ont opportunément proposée alors que les élèves, lors de la troisième séance, installaient sans qu’on le leur demande le matériel de badminton. Ce bon réflexe, que les élèves n’avaient pas au démarrage du projet, a servi de prétexte pour qu’ils acceptent d’être filmés. Les professeures se sont alors appuyées sur le regard critique et bienveillant de l’autre comme tremplin de la confiance en soi. La vidéo apportait la preuve par l’image que les élèves, qui se prétendaient systématiquement en situation d’échec, étaient finalement capables de réussir. Les élèves ont notamment pris conscience de l’évolution du groupe au fur et à mesure des séances. Ils ont effectivement remarqué que dès la troisième séance, leurs visages sont plus ouverts et ils installent le matériel sans que la professeure n’intervienne pour le leur demander. Un sentiment de fierté a alors pris naissance dans le groupe et les élèves se sont félicités. Rétrospectivement, ce recours à la vidéo a, selon Mesdames Costes et Frémaux, renforcé la cohésion du groupe grâce au regard positif et bienveillant tout en permettant de travailler sur les compétences psychosociales.
Pour les élèves, comme pour leurs professeures, le résultat final a été source d’une grande satisfaction. Les jeunes ont intégré à leurs pratiques du badminton les techniques de respiration, de centrage ou d’ancrage transmises au fur et à mesure du projet. Ils ont pu mesurer et échanger entre eux autour de leurs progrès. Si les notes obtenues au CCF sont très satisfaisantes, au-delà des performances chiffrées, ce qui vient valider le projet Révèle le champion qui est en toi est bien l’acquisition de compétences psychosociales telles que gérer ses émotions, être créatif, savoir s’affirmer, avoir conscience de soi, avoir de l’empathie, savoir prendre des décisions ou encore persévérer. De leur côté, les professeures constatent que l’expérience a généré de la motivation, du plaisir, de la confiance chez les jeunes ainsi qu’un climat de groupe plus serein, traduit par des actes de solidarité et de respect (encouragement, adaptation du jeu face à un adversaire en difficulté…). Tout au long des séances, ils ont été amenés à réaliser que les techniques de la sophrologie avaient des répercussions positives sur leur performance en badminton et, de manière plus générale, sur leur estime de soi. La sophrologie leur a finalement donné une palette d’outils qui leur ont permis de révéler les ressources qu’ils ignoraient avoir en eux ou feignaient d’ignorer. Les professeurs espèrent qu’ils transfèreront, à profit, ces ressources dans leur vie quotidienne.