Voire,
Monseigneur, mais le cas me touche
Toutesfois…Par ma foy, ma bouche
Meshuy ung seul mot n'en dira.
Une aultre fois il en ira
Ainsi qu'il en pourra aller.
Il le me convient avaller
Sans mascher. Or ça je disoie
A mon propos, comment j'avoie
Baillé six aulnes…doy je dire,
Mes brebis…Je vous en prie, sire,
Pardonnés moy. Ce gentil maistre…
Mon bergier, quant il devoit estre
Aux champs…Il me dist que j'auroye
Six escus d'or quant je vendroie…
Dis je, depuis trois ans en ça,
Mon bergier m'encouvenança
Que loiaument me garderoit
Mes brebis et m'y feroit
Ne dommage ne villennie…
Et puis maintenant il me nye
Et drap et argent plainement.
Ha, maistre Pierre, vraiement…
Ce ribault cy m'embloit les laines
De mes bestes, et toutes saines
Les faisoit mourir et perir
Par les assommer et ferir
De gros bastons sur la cervelle…
Quand mon drap fut soubz son esselle
Il se mist au chemin grant erre,
Et me dist que je allasse querre
Six escus d'or en sa maison.
Le juge
Il n'y a ne rime ne raison
En tout quantque vous rafardés .
Le Drappier Extrait de l'édition de Pierre Levet de 1490,
reprise dans Folio Classique, édition bilingue .