histoire-géographie-citoyenneté

Atelier pédagogique du samedi 07 octobre 2023, Blois, Université site Jaurès.

 La mort est une rupture radicale, mais les survivants ont, sur toutes les rives de la Méditerranée, inventé des dispositifs pour prendre soin des morts tout en les tenant à distance et pour cultiver la mémoire de leur existence. Comment appréhender les traces de ce dialogue entre morts et vivants ? Comment le transposer dans nos pratiques pédagogiques ?

 Intervenantes :

 Corinne BONNET

Professeur d’Histoire grecque à l’université Toulouse- Jean Jaurès et spécialiste des religions de l’Antiquité dans une vaste dimension méditerranéenne. Elle dirige un projet européen sur l’onomastique divine dans les mondes grec et sémitique.

 Élodie MATRICON-THOMAS

Professeure agrégée d'histoire-géographie, Lycée Albert Camus de Firminy, Docteur en Histoire Ancienne, Agrégée d’histoire au lycée Albert Camus (Firminy). Membre du Comité pédagogique des Rendez-vous de l’Histoire.

 Présentation

- Cet atelier était à la fois stimulant intellectuellement et d’un point de vue pédagogique. Intellectuellement d’abord, parce qu’il permettait une mise au point scientifique sur le rapport des sociétés anciennes à la mort (Mme Bonnet), avec un choix de documents originaux ; et pédagogiquement ensuite, puisque le 2nd professeur (Mme Matricon-Thomas) proposait une transposition didactique des apports scientifiques pour le niveau 6^e en histoire. De plus, les intervenantes avaient construit un diaporama dont elles ont autorisé la publication et qui résume de façon précise et détaillée cet atelier, mais également les attendus pédagogiques et la démarche proposée. C’est un travail à la fois énorme et remarquable.

- Le diaporama est donc conçu en deux parties à chaque fois : les apports de la recherche universitaire et sa déclinaison en une séquence pédagogique correspondant au programme de 6^e en Histoire. Deux propositions d’études ont ainsi été détaillées.

A/ Les traces matérielles des rituels pour honorer les morts

1.     Etude d’un corpus de documents :

- Des textes : Les funérailles de Patrocle dans l’Iliade (XXIII). L’épopée de Gilgamesh. Les fastes d’Ovides. Le mythe de Déméter-Perséphone

- des plans de sites archéologiques et des objets retrouvés dans des nécropoles antiques, ainsi que des offrandes

- Des monuments funéraires

- La mort est une rupture et il faut des rituels pour à la fois séparer et garder le lien. Plusieurs rituels ont été établis dans l’antiquité : ensevelir pour donner un habitat au mort, ou incinération. Le deuil s’accompagne de geste : voile sur le visage, lit funéraire, statue du défunt, recueillement ou offrandes. Faire le deuil permet de ressouder le groupe des vivants et d’honorer le mort. D’où les repas funéraires : le mort devient à la fois défunt et parfois protecteur de la communauté. Il ya donc aussi des Fêtes des morts, par exemple à Rome, avec des offrandes, dont la Toussaint en France est un héritage. Les tombes, de par les objets, qu’on y retrouve en plus des corps, les monuments funéraires de par les écrits qu’ils portent, sont des témoignages précieux sur les sociétés anciennes. Les tombes permettent également de distinguer les classes sociales.

2.     Application en classe :

- Cours sur la préhistoire et les 1^ers états, avec une entrée « par les tombes » ou comprendre comment évoluent les sociétés humaines à travers l’évolution des rites funéraires et des sépultures.

- 3 périodes et des documents archéologiques correspondant au Paléolithique, au Néolithique et aux 1^ers états antiques.

Pour le Paléolithique 7 corps à « interroger » en suivant une démarche historique. Pour le Néolithique, 5 documents, des tombes, une nécropole et un texte.

Pour le chapitre « Les 1^ers états », La pyramide de Khéops, le tombeau de Toutankhamon, les Tombes royales d’Ur : la tombe de la reine Puabi, les Tombes royales d’Ur : la tombe « du roi ». Le travail se fait de façon individuelle, en binôme ou en groupe. Une carte mentale et proposée en synthèse du travail (voir le diaporama).

B/ Les représentations et les croyances

1. Etude d’un corpus de documents :

- Homère, Platon, la Bible, Gilgamesh, Le livre des morts

- Chez les Grecs le passage du Styx symbolise cette rupture entre les vivants et les morts. L’au-delà est un anti-monde comme le montre souvent les récits de voyages dans cet au-delà. Les mots qui y sont associés sont ténèbres, souterrain, aride, portes, labyrinthe, dangereux, néant...Hadès en est le roi et gardien. Il est le frère de Zeus mais on ne lui rend aucun culte. Il est à la fois présent et invisible, mais aussi redouté. Ainsi Zeus ne s’oppose pas à son mariage avec Perséphone, sa fille.

On peut le rapprocher du Shéol biblique qui est l’antithèse du domaine de Yahvé.

2. Application en classe sur la thématique 2 : Récits fondateurs et croyances. Ici le monde grec.

- Étude du mythe de Perséphone/ Déméter (voir le diaporama).

- Problématique : pourquoi les Grecs ont-ils, malgré leur diversité et leurs rivalités, le sentiment d'appartenir à un même monde, à un même univers culturel ?

- Cette séquence permet de traiter l’univers culturel commun des Grecs et la religion civique.