| INTERVIEW |
Interview de Mr Paichereau le 2.01.1999 aux anciens chantiers navals de Nantes.
Mr Paichereau a répondu à nos questions aux anciens chantiers navals de Nantes car c'est là qu'est entreposé un Basse-Indrais en réparation. En effet le centre du patrimoine maritime et fluvial permet aux propriétaires de bateaux de les mettre en carénage. Mr Paichereau nous a fait une description très complète de ce bateau et nous a raconté quelques petites anecdotes.
Nous : Pouvez-vous nous décrire ce bâteau s'il vous plaît ?
Mr Paichereau : C'est un bateau construit avec des membrures bouillies en cerisier. Elles permettaient d'avoir une parfaite position de coque. Tout d'abord on mettait la quille puis les bordées qui étaient jointées, non à clins, appelées bordées droites. Elles ne sont pas calfatées pour permettre l'étanchéité du bateau. En effet lorsqu'il est mis à l'eau les bordées se gorgent d'eau donc elles se resserrent et la jonction se fait. Les bordées sont clouées à plat. C'est un bateau de pêche extrêmement solide constitué d'un mât avec une voile au tiers.
Nous : Pourquoi une voile au tiers ?
Mr Paichereau : Le Basse-Indrais était un mauvais naviguant à la voile car c'était un bateau d'environ deux tonnes. Au mât étaient ajoutés un hunier et la grande voile. Cette voile permettait une manoeuvre plus facile, il fallait que le bateau marche avec le vent, ce n'est pas un bateau qui remontait au vent. Il n'était pas fait pour cela.
Nous : Vous dites qu'il navigait avec une voile mais n'avait-il pas un moteur en cas d'absence de vent ?
Mr Paichereau : Si justement, j'allais y venir. Tous les Basse Indrais ont été construits aux chantiers Béziers au début du XXe siècle. L'apparition du premier moteur se fait vers 1930, c'est un moteur Bétuste Loire avec entraînement à chaîne.
J'ai oublié de vous dire que ces bateaux, à l'origine, n'étaient pas pontés, ils étaient semi pontés c'est-à-dire que seul l'avant était couvert. Il n'y avait pas de barre et le safran était démontable pour empêcher l'échouage. La bande molle permettait l'échouage en douceur et protégeait le bois entre autre pour l'accostage. Les bateaux avaient un aviron de queue pour accoster en godillant. Ils s'échouaient soit pour le carénage ou à cause des marées, et à ce moment-là les marins mettaient des béquilles pour éviter que le bateau ne se couche, on appelle cela béquiller.
Nous : Est-il arrivé qu'un Basse-Indrais chavire ?
Mr Paichereau : J'en serais extrêmement surpris vu que c'est un bateau très très stable.
Nous :Combien de personnes peuvent embarquer à bord ?
Mr Paichereau : Quand on faisait le passage en face de Trentemoult de chez nous du quai du Cordon bleu environ 10 personnes. Il n'y avait pas le droit de plus de 6 mais on pouvait embarquer 10 personnes à l'aise. Il n'y avait pas de banc, les gens s'asseyaient sur les bords du bateau.
En fin de compte, c'est un bateau qui était beaucoup utilisé, c'était une spécialité de la Loire, et toujours considéré comme le meilleur bateau de la Loire tout d'abord en raison de sa forme.
Nous : Pourquoi a-t-il disparu ?
Mr Paichereau : A cause de la création d'autres bateaux, mais surtout à cause de la disparition de l'artisanat sur la Loire. On est passé du Basse-Indrais qui était un bateau spécifique de Loire à d'autres bateaux comme les pinasses. En plus tous les Basse-Indrais n'étaient pas pontés, il aurait fallu qu'ils soient pontés et puis le Basse-Indrais a perdu de son utilité par rapport aux besoins parce qu'on a changé : on a augmenté la puissance, on a augmenté la grandeur. Sur le Basse-Indrais il y avait un banc qui permettait au barreur de barrer et de s'asseoir en même temps.
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