|
1. LES CONTRÔLEURS DE TRAVAUX.
1.1. Les ponts vivent, bougent et souffrent aussi quelquefois : qui sont les médecins ?
Les ponts ne sont pas de simples objets immobiles. Ils " vivent ", au contraire, et bougent comme le fait le bois, par exemple. C'est un phénomène naturel tout à fait courant. Pour être maîtrisés, ces mouvements doivent être contrôlés, surveillés, observés par des contrôleurs de travaux, bien sûr, mais aussi par des ingénieurs, des laboratoires comme le laboratoire central des ponts et chaussées.
Comme quelqu'un qui doit faire une visite médicale trois fois par an, un pont subit des bilans, et est " bichonné " par de nombreux spécialistes, lesquels participent ainsi indirectement à la sécurité des automobilistes. Mais la grande différence entre un patient et un pont, c'est que la santé de ce dernier est vérifiée de manière permanente. Les visites et soins chez le docteur sont très rigoureux !
Par exemple, quand il fait froid, il faut veiller à ce qu'il ne se rétracte pas trop ; en revanche, l'été, il aura tendance à se détendre. Attention au laisser-aller ! D'autre part, ce vieil homme a les articulations fragiles : les appareils d'appui qui relient les tabliers (car le pont n'a pas été conçu en un seul bloc) peuvent s'écarter, et cesser d'assurer leurs fonctions. Aussi, des examens minutieux sont effectués par les contrôleurs de travaux. Ceux-ci doivent également veiller au squat ! Effectivement, les pigeons, attirés par ce nid insoupçonnable font, si on n'y prend pas garde, des dégâts considérables à l'intérieur du pont : les fientes d'oiseux, acides, nuisent terriblement au béton. Cette anecdote, peut-être risible, s'est avérée être un vrai problème pour les contrôleurs, contraints d'adopter, en l'espace d'un instant, le badge de l'ornithologue !
1.2. Un homme qui " materne " le pont de Cheviré, et qui en est même l'un des " parents ".
L'interviewé est Gérard GUIFFANT, contrôleur actuel du pont de Cheviré.
Il est fonctionnaire et travaille pour le ministère de l'équipement. Pour entrer à l'Équipement comme contrôleur de travaux, il faut d'abord avoir le bac (+ 2 ou 3). Comme diplôme, un contrôleur doit avoir un niveau B.T.S. " génie civil ". Le recrutement des agents de travaux se fait sur concours, ils bénéficient d'une formation interne sur les ouvrages d'art. Le contrôleur de travaux a en charge la gestion de l'ensemble du patrimoine d'une partie du réseau autoroutier du département. A ce titre, M. Guiffant gère environ cent vingt ouvrages d'art, dont le pont de Cheviré, auquel il fait allusion.
" Notre métier consiste à assurer l'exploitation de l'ouvrage. Ainsi, l'avantage d'avoir construit le pont et de s'être ensuite occupé de sa maintenance est de pouvoir anticiper les problèmes. En effet, je connais tous ses petits défauts.
Ses faiblesses sont, par exemple, la corrosion des aciers, due au lieu humide. C'est-à-dire que les aciers qui arment le béton sont rongés par la rouille, et perdent de leur résistance. En effet, le fer rouille lorsqu'il est en présence d'oxygène et d'eau : le béton est fissuré par endroits, ce qui laisse apparaître l'acier. Nous pouvons aussi remarquer quelques petites défectuosités quant aux appareils d'appui.
Sur ce pont, nous sommes deux surveillants et quatre à cinq agents. Nous vérifions l'état du pont environ une fois par mois, pour enlever le sable par exemple. Ainsi, nous pouvons aller à l'intérieur du pont afin de procéder aux travaux de nettoyage et de contrôle des parties inaccessibles par l'extérieur, grâce aux deux passages se situant aux extrémités du pont qui en permettent l'accès.
Une grue nous amène en dessous du pont (au-dessus de la Loire), pour effectuer d'autres vérifications. La passerelle est large de moins d'un mètre, mais... "
Monsieur Guiffant fait une légère pause, pour se donner de l'assurance et adopter un ton catégorique et légèrement fier.
" ... Mais moi et mes hommes n'avons jamais été victimes d'accidents du travail lors de la maintenance du pont.
Par rapport à la sécurité générale, nous restons toujours dans les environs pour pouvoir intervenir rapidement s'il y a un problème, car, en plus du pont, je m'occupe de soixante kilomètres de voies.
Pourquoi un pont plutôt qu'un tunnel ?
Tout simplement parce que cela permet le passage de camions transportant des produits dangereux. Imaginez qu'il y ait un accident, dans lequel des gaz toxiques se répandraient dans le tunnel ! Avec un pont, ces produits se seraient rapidement évacués dans l'air.
Les principales améliorations que nous ayons faites sur le pont depuis sa construction sont des trottoirs dans les deux sens de circulation ainsi qu'une modification des affectations des voies de circulation pour prendre en compte les problèmes de sécurité"
|