| REINE DE CORDEMAIS |
Un canot basse-Indrais de plaisance
La reine de Cordemais est un canot tirant son nom de deux origines différentes et dont l'histoire est complexe. La reine est un canot de 5.5 mètres de long construit par Georges Lebeaupin à Trentemoult. Il semble, d'ailleurs, que ce soit le premier canot basse-indrais conçu sur plan, mode d'élaboration du projet qui se substitue à la technique des demies coques. Il dessina un bateau aux lignes très fines, à l'étrave droite et au tableau en coeur. Il était utilisé pour pêcher mais surtout pour régater. La misaine et les focs furent taillés par la voilerie Moisdon de Basse-Indre. Dotée de beaucoup de toiles, la Reine fut connue pour être le canot Basse-Indrais le plus rapide de son époque, remportant ainsi de nombreuses régates, souvent barrée par le Trentemoulsin Clément Olive. Un moteur à essence de 12 chevaux viendra se rajouter à sa voilure, remplacé durant la Seconde Guerre Mondiale par un Couach de 5 chevaux. La Reine fut vendue à la fin des années 50 et vue pour la dernière fois à Pornic en 1965.
Georges Lebeaupin, pour la construction des canots, travaillait tout seul se faisant aider pour certaines phases de la construction comme lors de la pose des membrures. La fabrication et la mise en place des ferrures étant confié au forgeron Millot de Saint Louis. La peinture était faite en fonction de l'inspiration du propriétaire du canot. Cinq ou six Basse-indrais furent construits sur le même plan que la Reine
La Reine de Cordemais vit le jour grâce aux concours Bateaux de Côtes de France. En effet quelques mois après Douarnenez 88 Alain Dupont-Huin et Jean Bernard créent, à Cordemais, un club de propriétaire de bateaux de plaisance en bois: l'Old Yachting Cordemais Ocean (OICO). Cordemais est un village de pêcheurs de la rive droite de la Loire, à une vingtaine de kilomètres en aval de Nantes. En 1990, Yann Bouard et Jean- Jacques Cadoret, membres du Sport Nautique de l'Ouest (SNO) ont l'idée de participer au rassemblement de Brest 92 pour représenter l'estuaire. Les activités du SNO étant orientées vers les régates, les deux équipiers contactent l'OICO qui accepte le projet. Ils entreprennent alors des recherches pour déterminer le modèle de bateau à construire. Leurs choix se portent sur un canot jadis fort connu en Loire comme en Erdre et particulièrement brillant en régates: la Reine
Le plan de la Reine étant merveilleusement conservé, il est mis à la disposition de l'association de l'OICO par Georges Lebeaupin fils. Le projet est alors précisément défini, d'une part dans le cadre de la participation au concours Bateaux des Côtes de France et aussi pour une exploitation future à caractère pédagogique dans le but de faire naviguer un maximum de gens en particulier les jeunes de Cordemais.
Pour construire le bateau ils font appel à Louis Fouchard, constructeur traditionnel réputé de la Basse-Indre. Cette construction se fit dans l'atelier de la rue de l'Océan à Couëron. La charpente axiale et les bordages sont en chaîne de Mayenne, les membrures ployées en acacia. Les échantillonages correspondent à ceux d'un bateau de pêche de l'époque. Les espars ont été fabriqués en pin d'Orégon . En prévision de la pose d'un moteur fixe, Louis Fouchard a percé l'étambot en partie. Le gréement a été confectionné par Jean-Luc Bontë de Couëron et les voiles par la voilerie Demée du Croisic à partir du plan de voilerie originale de la Reine, retracée par Henry Moisdon fils.
Livrée le 13 Juin 1992, la Reine de Cordemais a été transportée et lancée à Cordemais le 27 du même mois. Ce fut Georges Lebeaupin fils et Jean-luc Bontë qui tinrent la barre. Après cela la Reine de Cordemais a retrouvé son bassin d'origine.
Avec ses formes généreuses, le canot Basse-Indrais permet d'embarquer confortablement six équipiers. Pour accroître la stabilité il est courant de disposer dans les fonds de la Reine de Cordemais un lest mobile d'environ 150 kg, constitué de sacs de sable. Il est agréable à la barre. Lorsque le bateau est fortement toilé et associé à un déplacement relativement léger, il très sensible aux sautes de vent avec des réactions proches de celles d'un dériveur. Il est simple à manoeuvrer et il vire sans problèmes. Cependant dès qu'il a suffisamment de vitesse ce bateau requiert la vigilance du barreur.
Particularité d'un Basse-indrais, la poulie de retour du palan d'écoute de misaine est toujours frappée sous le vent sur un deux tolets métalliques qui traversent le haut du bateau. Cette disposition impose de changer de tolet à chaque virement de bord.
La zone de navigation de la Reine de Cordemais s'étend sur toute la longueur de l'Estuaire. La Reine de Cordemais participe actuellement à plusieurs régates commes celles du bois de la Chaise à Noirmoutier ou celles de Trentemoult.
La Reine de Cordemais sous misaine et hunier, lors des régates du bois de la chaise, à Noirmoutier en 1996.