> Estuaire > 1999-2000 > Charpentiers de marine

Les conditions de travail dans les chantiers

 

Au début du siècle, les conditions de travail étaient très dures à l’image des autres professions. Les chantiers étaient de simples hangars de planches disjointes au bord de l’eau, le vent balayait les copeaux. En hiver pendant les fortes crues, le travail s’arrêtait car les bâtiments étaient souvent inondés, l’outillage était ramassé, l’eau arrivait parfois au niveau des établis. A la décrue tout était nettoyé et le travail recommençait.

Ces chantiers employaient souvent moins de 10 personnes. A sa tête,   le patron souvent le fondateur ou son fils, en suite quelques maîtres ouvriers dont la fierté était d’avoir gagné le concours du meilleur ouvrier de France et enfin les apprentis. Les jeunes commençaient leur apprentissage dès l’âge de 12 ou 13 ans. L’apprentissage dispensé était rude. André Aubin se rappelle : "Les jours où l’on membrait, il fallait allumer l’alambic (l’étuve) dès cinq heures du matin ;on était quatre à membrer en courant pour que le bois n’attende pas, et en fin de matinée on n’avait plus de peau sur les mains ! " Mais tous se retrouvaient le dimanche pour voir évoluer leurs bateaux pendant les régates.

Dans les années 60, la construction en contre-plaqué et l’utilisation de nouvelles colles nécessita des ateliers plus confortables et les effectifs atteignaient 20 à 25 personnes dans les plus gros chantiers voire  45 au chantier Aubin. Les compagnons se spécialisèrent et utilisèrent de plus gros outillages. Les entreprises s’organisèrent pour améliorer la production et sortir un bateau par semaine.

Avec le passage au polyester, cette technique nécessite des ateliers chauffés et un travail plus rigoureux respectant des temps de polymérisation des résines. Le travail perd son côté artisanal pour devenir industriel. Mais de tout temps ce travail a fait appel à des compagnons aussi passionnés que qualifiés.

Intérieur du Chantier Jézéquel.