> Estuaire > 1999-2000 > Charpentiers de marine

Interview M. Jean-Luc Bonté

 

Responsable de site à l’entreprise Jeanneau Techniques Avancées

Après un premier contact téléphonique, nous nous sommes rendus dans la zone d’activité de Cheviré rue de l’Île Pointière à Nantes pour interviewer M. Jean-Luc Bonté. Il est responsable de site à l’entreprise Jeanneau Techniques Avancées. Nous avons souhaité le rencontrer parce qu’il avait un parcours intéressant dans le domaine de la plaisance. Il nous a reçus un vendredi soir après la fermeture des ateliers. Nous avons commencé par la visite des locaux puis  nous nous sommes rendus dans la salle de réunion et nous lui avons posé quelques questions :

Le site de Cheviré vu de l'extérieur

Julien et Pierre : " Dans quel chantier avez-vous commencé ?

M. Jean-Luc Bonté : J’ai débuté au chantier du Port à Trentemoult en 1975 dirigé par Mrs Berthot et Lebaupin.

J. et P. : Comment étaient construits les bateaux quand vous avez débuté ce métier ?

J L Bonté : A mes débuts, on construisait encore quelques bateaux en bois classique mai, depuis les années 1960,  le contre plaqué était arrivé. C’était plus rapide à construire. Les bateaux étaient plus étanches et plus solides et surtout le coût était moins élevé.

J et P : Combien étiez-vous dans ce chantier ?

J L Bonté : Nous étions environ 10, je m’occupais plus particulièrement des plans et on fabriquait à peu près une dizaine de bateaux par an.

J et P : Qui étaient les clients qui achetaient ces bateaux ?

J L Bonté : Des professions libérales, des passionnés qui recherchaient des bateaux modernes pour l’époque

J et P : Combien d’entreprises comme le Chantier du Port existait-il à cette époque ?

J L Bonté : Dans les années 70 à Nantes, on était quatre. Il y avait Aubin, Blanchard, Bézier et puis nous. On était tous situés  prés de la Loire

J et P : Comment êtes-vous venu à la construction de bateaux en composite ?

J L Bonté : C’est en 1980 que le Chantier du Port a fait un dépôt de bilan. C’était le plein boom pour la construction en polyester et on avait de plus en plus de mal à vendre nos bateaux en contre-plaqué. Le chantier a continué sous le nom la Griffe Marine. Après, je suis rentré chez Jeanneau qui a monté un atelier à Cheviré.

J et P : Pour fabriquer quel type de bateau, Jeanneau a-t-il créé ce site ?

J L Bonté : Au début,  on construisait des bateaux de course : Pierre Premier pour Florence Artaud, le RMO de Laurent Bourgnon, des Fleury-Michon ; tous les bateaux que vous voyez en photos sur les murs. Mais les bateaux de régates ce n’est pas rentable, il y a beaucoup trop de discussions entre le skipper et le constructeur, ce n’est juste bon qu’à se faire connaître.

J et P : Que fabriquez-vous maintenant ?

J L Bonté : Nous fabriquons des catamarans de luxe entre 41 et 57 pieds  (cela fait environ 12 et 16 mètres) sous la marque Lagoon. Nous sommes 25 personnes à travailler.

Lagoon 470 en construction

J et P : Qui sont vos clients ?

J L Bonté : Nous en vendons partout dans le monde, surtout à l’étranger. 9 bateaux sur 10 partent à l’exportation, surtout aux États-Unis. Cela représente 50% de nos ventes. En France, c’est pour naviguer à la Guadeloupe en location ou pour des riches propriétaires, à 3 millions l’unité ! Récemment nous avons fait celui de Thierry Lhermitte.

J et P : Comment trouvez-vous vos clients ?

J L Bonté : Par les revues spécialisées et nous participons aux salons nautiques. Notre force c’est de proposer des aménagements personnalisés en fonction des goûts du client.

J et P : Combien de bateaux construisez-vous par an ?

J L Bonté : Une dizaine par an. Nous sommes des artisans, comparativement à Jeanneau aux Herbiers : ils sont 1000 ouvriers et sortent 10 unités par jour. 

J et P : Quelles méthodes de travail utilisez-vous ?

J L Bonté : Nous travaillons beaucoup sur des machines à commandes numériques, chaque personne a son poste de travail, nous sous-traitons la fabrication des moules. Ce sont des méthodes industrielles.

J et P : Que pensez-vous des gens qui continuent à construire des bateaux d’une façon traditionnelle ?

J L Bonté : C’est un véritable sacerdoce, ce n’est plus rentable.

J et P : Sur quel type de bateau aimez-vous naviguer ?

J L Bonté : Sur des B D A (rires…) le bateau des autres. Pour moi,  le bateau n’est que l’outil, le support du voyage, ce qui compte c’est l’ambiance, la mer, un lieu, une découverte. Mais ma préférence va aux bateaux anciens tels que le Galopin, le Seil, La reine de Cordemais. Les dernières régates de Trentemoult, je les ai faites sur la Vétille un des plus vieux bateau de plaisance de France fabriqué chez Dubigeon. "

Lagonn en cours de finition.