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La vente des Courtines :

Un complément de revenu intéressant :

Le produit de la vente des courtines n'a jamais représenté à lui seul le moyen de faire vivre un foyer mais il fut un précieux complément aux revenus de la ferme, du moulin ou au salaire de l'ouvrier de la fonderie d'Indret. Dans chaque foyer, il y a en moyenne de quatre à six personnes qui travaillent le roseau. On estime qu'une courtineuse peut fabriquer de six à douze nattes carrées par jour. Au milieu du XIXème, le paquet de six nattes est vendu quarante cinq centimes à un franc suivant la qualité, soit un revenu d'un franc par jour au minimum.

Pour mémoire, à cette époque un employé saisonnier gagnait soixante centimes et un ouvrier qualifié de la fonderie un franc cinquante par jour. Le revenu moyen journalier d'une femme qui se livre exclusivement à cette activité revient à un franc par jour. Les courtines de 3 m de longueur se vendaient au minimum quinze centimes pièce, et plus suivant sa solidité. Sur la commune de Saint-Jean-de-Boiseau deux cents foyers (sur 2000 habitants en 1779) produisaient des nattes. On peut dire que seuls les ouvriers et les agriculteurs se livraient à cette activité (à l'exclusion des nobles et des commerçants). Les écrits de l'époque indiquent qu'il se vend, chaque année, quatre-vingt mille paquets de nattes (c'est presque une production industrielle pour ce travail artisanal).

En tenant compte du prix d'achat de la javelle de roux, le revenu d'appoint pour la famille, équivalait à cent quatre-vingts journées d'ouvrier qualifié. Ceci explique pourquoi, aux XVIIIème et XIXème siècles, Saint-Jean-de-Boiseau est une des rares communes du Pays de Retz à n'avoir aucun mendiant.

La commercialisation :

Pour la commercialisation des courtines, il existe deux modes.

Dans le premier cas : c'est le fabriquant (le courtineux) qui écoule lui-même sa production, soit localement, soit  - s'il dispose d'une embarcation - par voie fluviale en amont à Nantes ou en aval jusqu'à Paimboeuf.

Dans le deuxième cas, qui est le plus fréquent, ce sont les bateliers, au nombre d'une trentaine, qui achètent les courtines au fur et à mesure de leur fabrication. Ils stockent ces dernières jusqu'à ce qu'ils trouvent à les vendre au cours le plus avantageux pour eux dans les deux grands ports de la Basse-Loire précédemment cités. Eux aussi retirent un petit profit qui complète leur salaire.