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Conscients des erreurs du passé, informés sur les menaces à venir, ces artistes ont malgré tout créé une oeuvre positive, en mettant l'accent sur les espaces à préserver, les harmonies, la vie sous toutes ses formes. Ils espèrent élargir ainsi le regard des auteurs au travers de leurs créations.

Témoignage unique et symbole d'une prise de conscience collective, ce livre est aussi un plaidoyer en faveur de tous les fleuves dont la liberté est menacée. "

Les scientifiques et les artistes se sont unis dans un même plaidoyer pour sauver la Loire, comme nous pourrons le lire dans ce texte de Jean-Claude Lefeuvre, directeur du laboratoire d'Évolution des systèmes naturels et modifiés au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris (in Loire Vivante, Gallimard, 1996) :

" La Loire est malade. Les remèdes adéquats ne pourront être mis en oeuvre que si tous les habitants du bassin ligérien se sentent concernés. Il faut réaménager le bassin versant, le restructurer physiquement grâce à des talus boisés pour bloquer les écoulements trop rapides d'eau et les transferts de polluants. Il faut parvenir à une utilisation plus raisonnée des engrais et des pesticides, et à une réduction des apports en phosphates tant au niveau agricole qu'urbain et industriel. Il faut également revoir le statut de la plaine alluviale pour redonner à la Loire un espace de liberté qui, mieux que les barrages, permettrait de contrôler les crues.

Toucher aux digues, pourquoi pas ? Les Hollandais, suivis en cela par les Français sur le Rhin et dans la Baie de Veys, conscients du rôle important des zones humides, acceptent bien de dépoldériser et de remettre en eau des marais asséchés. Toucher aux barrages, bien sûr. Comment réussir à renouer avec une vraie solidarité amont - aval et à faire revenir nos poissons migrateurs, symboles de cette solidarité, sans équiper certains barrages et sans détruire ceux qui n'ont aucune raison d'être ?

La Loire est encore un fleuve vivant ; préserver cette Loire, c'est la confier à des généralistes suffisamment compétents pour avoir une vision globale de son fonctionnement et suffisamment persuasifs pour faire oublier les égoïsmes locaux en proposant un vrai schéma d'aménagement, soucieux de la protection du patrimoine naturel.

Sauver la Loire, c'est aussi rendre à ceux qui vivent à son contact des raisons d'espérer un développement réellement durable. "

Aujourd'hui encore, six ans après l 'aventure de " Pour une Loire vivante ", la préoccupation écologique est toujours une priorité chez Denis Clavreul :

" Ça m'arrive de refuser une offre même si elle est bien payée.

Par exemple, on vient de me proposer un contrat pour peindre un bateau qui doit assurer la liaison avec la Corse. C'est un bateau rapide qui va traverser une zone où les baleines sont protégées. Avant de répondre, je me suis renseigné auprès des gens de la réserve pour savoir s'il y avait un risque : on m'a répondu que le risque était faible et que des mesures seraient prises en cas d'accident. "