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I- PETITE HISTOIRE

   Les rivières régionales et la Loire furent jusqu'aux environs de 1930 l'essentiel du réseau de communication dans les transports et le commerce. Durant tout ce temps, l'activité sur ces cours d'eau était intense.

M.RICORDEAU nous a donné quelques précisions sur l'importance de la toue au XVII siècle à St Jean de boiseau.

   "A partir de 1620, un problème de tirant d'eau causé par l'ensablement du fleuve entre les quais de la Fosse à Nantes et Saint Jean de Bouguenais (ancien nom de Saint Jean de Boiseau), obligea les bâtiments de plus de 200 tonneaux à mouiller en rade du Pellerin. Puis, en 1763, ce fut le tour de la zone située entre Basse-Indre et Indret où suivent les moments, le tirant d'eau n'était plus que de 1,30 mètres et où, suivent les saisons, seuls deux bateaux étaient aptes à naviguer : les Toues et les Plates. Ainsi, les Toues, les Chalands et les Gabarres (bateaux à fond plat) étaient chargés de transférer les marchandises des navires mouillés en rade du Pellerin. Dès 1663, les navires de plus de 200 tonneaux furent obligés de s'arrêter à Paimboeuf. L'état du chenal se dégradait de plus en plus.

Ceci entraînera progressivement la perte des chantiers de marine situés principalement à Saint-Jean de Bouguenais. Divers aménagements s'effectuèrent donc au fil des ans sur l'estuaire de la Loire, toujours dans l'optique d'améliorer le tirant d'eau. Ainsi, à partir du 23 mai 1758, la ville de Nantes par ordonnance royale obtint le droit d'atterrir de nombreuses îles obstruant l'estuaire afin de canaliser le courant de la Loire. Tout ceci dans le but de préserver le Trafic Triangulaire qui faisait la richesse de Nantes à cette époque. Par la réalisation de digues barrant les étiers et reliant les îles les unes aux autres, l'assèchement des terres fut effectué. Cependant, certains terrains étaient encore fragiles et nécessitèrent l'intervention des “Courtineux de Saint -Jean de Bouguenais”. Ces personnes plantaient du roux et se servaient de leurs mottes pour assécher les îles ainsi que des feuilles pour fabriquer des nattes appelées courtines. Tous ces travaux ainsi que le transport des produits finis vers les ports et la côte Atlantique étaient assurés par des Toues.  Ainsi, près de 2 430 hectares furent conquis pour se retrouver transformés en terres transmises de génération en génération, principalement par les habitants de Saint -Jean de Boiseau. La richesse de cette commune était principalement due aux Toues. Deux chantiers y étaient consacrés et ces bateaux étaient considérés comme les “camions” de l'époque."

   M. CHEVAS, un historien ayant travaillé sur Paimboeuf et ses alentours disait :

“Les habitants de la Télindière, Roche Ballue et Boiseau sont encore les voituriers sur eau de tout le pays, quand on a besoin d'un bateau, c'est là qu'on le trouve .”