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II - LA CONSTRUCTION DES TOUES
1- Les premiers chantiers de St Jean de Boiseau Deux exemples.
Les ruines du chantier de la Tellindière
Les bateaux tels que les plates ou les toues, sont surtout construits à Saint-Jean de Boiseau dans les chantiers de la Télindière et de Boiseau.
Celui de la Télindière appartenait à Jean-Baptiste Barraud et vers 1890, son successeur fut Jean Minée. A l'origine, le chantier était situé du côté du Pellerin. Etant de trop petites dimensions, quelques années plus tard, le propriétaire installa directement le chantier au bord de l'eau et la surface de celui-ci fut quatre fois plus grande.
La construction des bateaux se faisait à la belle saison, car ils travaillaient à l'air libre. L'hiver était consacré à la recherche du bois sur pied, à son abattage, à la préparation des pièces élémentaires et aux travaux divers. Dans ce chantier on assurait également la réparation de navires, mais aussi celle des chalands nantais ainsi que des plates. A l'époque, cinq ou six ouvriers minimum travaillaient pour la construction de ces quelques toues de douze mètres, des plates et des gros chalands nantais en bois. A partir de 1880 dans notre région, ces grosses unités de transports firent leur apparition dans la batellerie. Mais malheureusement au début du siècle, les chalands de bois furent remplacés par des chalands métalliques, ce qui fit couler ce chantier. Aujourd'hui les ruines appartiennent à Odette Biron, fille de Jean Minée, dernier constructeur.
L'autre chantier "Boiseau", à l'ouest du village de Boiseau appartenait à la famille Averty. En 1836, ce chantier comportait deux centres de fabrication près du port Navalo, mais plus tard ce chantier passa côté Loire. Il était beaucoup plus important que son concurrent Barraud, alors que quelques années après ce fut l'inverse. Pierre Averty propriétaire, jugeait avec grande importance la qualité du bois qu'il utilisait pour la construction de ces bateaux (plates et toues). Le bois était hissé sur un chariot roulant pour arriver juste devant son chantier. Et ensuite, il commençait avec ses ouvriers (1 ou 2 maximum) le découpage, l'ajustage des différents éléments des bateaux. Ils construisaient beaucoup de bateaux; d'après le livre des comptes, en sept ans, il est sorti du chantier 19 plates de 6,5 à 8 mètres et 11 toues. Mais à sa retraite Pierre Averty n'eut aucun successeur. Aujourd'hui le chantier de la rue Percher a été démoli (près de port Navalo), et celui côté Loire est en ruine.
2 - La construction artisanale
La fabrication d'une toue et d'une plate (annexe de la toue) est semblable. Seule la dimension des deux bateaux diffère.
" Tout d'abord, des planches de fond étaient disposées sur des madriers, pièces de bois très épaisses, puis il était procédé à la découpe du fond du bateau et au palâtrage : C'est-à-dire que l'on assurait l'étanchéité de l'embarcation, le palâtre jouant le rôle de joint. A l'origine, la mixture du palâtre était composée de mousse recouverte par des lattes de bois, mais aujourd'hui, elle est un mélange de feutre goudronné et de zinc. Après avoir palâtré le fond du bateau, des traverses de bois (aussi appelées "rables") étaient disposées environ tous les mètres, permettant une bonne tenue du fond et évitant à la coque de se déformer. Puis le bateau était monté sur crics après avoir été rempli de cailloux et il était alors procédé à la chauffe du bois au-dessous des levées afin de pouvoir relever ses deux extrémités. Des planches de bordées (planches latérales couvrant la charpente du bateau) étaient mises en place deux à deux afin d'assurer la solidité du bateau. Elles étaient montées à clin (chevauchées bord à bord à la manière d'ardoises sur les toitures de construction). Toutes les planches de ces bateaux étaient chevillées. Aujourd'hui, elles sont boulonnées.Pour finir, il était rajouté un mât et une voile à la toue ainsi qu'un gouvernail pour la toue et la plate."
De nos jours, les plates sont motorisées contrairement aux toues qui ne l'ont jamais été, à l'exception de celle de notre interlocuteur, Monsieur Patrick Lecleves.
Plate de Mr Leclèves
3-Fonctionnement et entretien des Toues
Lorsqu'elle était vide, un seul homme placé à la godille pouvait diriger la toue. Mais il était plus courant de manoeuvrer le bateau à 2, 3 ou 4 personnes (une personne à la godille plus le ou les nageurs à l'avant).
Deux rameurs étaient employés à l'aviron, un sur le faux tillac et l'autre sur le petit banc. Ils se devaient de ramer en cadence. Ce mode de propulsion étais le plus courant. On naviguait peu à la voile, seulement lorsque le voyage en valait la peine et que l'on avait le temps de monter le gréement. En cas de situation délicate, les remorqueurs des Ponts et Chaussées se devaient aide et assistance. L'équipage de ces bateaux était remercié par une tournée de vin offerte par l'équipage sauvé.
L'entretien des bateaux variait au fil des saisons. En hiver, période de check-up, elle était vidée entièrement : l'intérieur de la cabine et parfois le gouvernail. Lorsque l'hiver se faisait trop rude, elle était abritée dans une douve. Au printemps, elle était coaltarée par un mélange de goudron et de brai, le tout appliqué à chaud. Quand elle n'était pas utilisée, elle était mise dans un cours d'eau à l'écart, de manière à ce qu'elle ne risque rien lors des marées basses. On veillait de temps en temps à la vider de l'eau de pluie l'ayant investie. Tout ceci sans compter les visites aux chantiers pour diverses raisons.
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