- Terminale L
- production d'élève
- élève
- enseignant
- travail autonome
identité-altérité
Un projet personnel questionnant l'image de soi, du moulage à la projection.

compétences - conduire un projet; commenter, verbaliser; expérimenter, créer
questions - corps; image, présentation/représentation
questions - corps; image, présentation/représentation
projet personnel de Naïla
terminale, enseignement obligatoire
Naïla a mené une réflexion sur les relations qui peuvent être établies entre Identité et Altérité. Son travail a débuté par une série de photocopies en noir et blanc de son visage qui se trouvait à chaque fois étiré dans le sens de la largeur. Intéressée par le fait de ne pas se reconnaître dans une image qui était sensée la représenter, Naïla en déduisit que la représentation de soi supposait l'apparition d'une certaine étrangeté, inquiétante car si la dissemblance l'emportait, la ressemblance n'était pas totalement absente (singularité et anonymat).
Cette recherche s'est prolongée en utilisant une tout autre technique : celle du moulage. Mais sa mise en oeuvre fut très singulière : Naïla pressait son visage en le faisant rouler comme un rouleau à pâtisserie sur une épaisse galette de terre. L'empreinte en relief du visage était donc là encore étirée dans sa largeur et écrasée. Ressemblance et dissemblance étaient accentuées par le relief et la couleur ocre de la terre (s'ajoutait les relations entre la nécessaire mobilité du corps - de la tête - et la fixité de l'empreinte en relief).
Fascinée par ce moulage séduisant dont elle ne voulait pas se satisfaire pour ne pas tomber dans la contemplation de soi, Naïla est revenue à ses photocopies, les a photographiées et a cherché un moyen de s'introduire physiquement dans le résultat final (les empreintes de son visage prenaient des airs de masques mortuaires qui la troublaient mais qu'elle trouvait trop éloignés de ce qu'elle se sentait être : vivante). Etre présente dans l'œuvre aboutie l'amena à la conception d'une performance dont les photographies témoignent. La présence de tierces personnes sur scène renvoie aux regards des autres qui participent à la construction abstraite d'une altérité qui échappe à celui qui est observé.
Cette recherche s'est prolongée en utilisant une tout autre technique : celle du moulage. Mais sa mise en oeuvre fut très singulière : Naïla pressait son visage en le faisant rouler comme un rouleau à pâtisserie sur une épaisse galette de terre. L'empreinte en relief du visage était donc là encore étirée dans sa largeur et écrasée. Ressemblance et dissemblance étaient accentuées par le relief et la couleur ocre de la terre (s'ajoutait les relations entre la nécessaire mobilité du corps - de la tête - et la fixité de l'empreinte en relief).
Fascinée par ce moulage séduisant dont elle ne voulait pas se satisfaire pour ne pas tomber dans la contemplation de soi, Naïla est revenue à ses photocopies, les a photographiées et a cherché un moyen de s'introduire physiquement dans le résultat final (les empreintes de son visage prenaient des airs de masques mortuaires qui la troublaient mais qu'elle trouvait trop éloignés de ce qu'elle se sentait être : vivante). Etre présente dans l'œuvre aboutie l'amena à la conception d'une performance dont les photographies témoignent. La présence de tierces personnes sur scène renvoie aux regards des autres qui participent à la construction abstraite d'une altérité qui échappe à celui qui est observé.
Jacques Hayotte, Lycée Léonard de Vinci, Montaigu - 2004/2005

sur ses recherches de moulage
"J'ai commencé par prendre des photographies des moulages en plâtre que j'avais réalisé auparavant. Le résultat était assez surprenant : elles soulignaient l'aspect « préhistorique » des moulages. L'idée d'un temps lointain, révolu, émergeait par les formes, les couleurs, mais aussi les plans rapprochés qui ne montraient pas les limites des moulages. Les photographies renvoyaient bien nettement aux masques mortuaires, plus que les moulages eux-mêmes. La question de l'identité - qui était le point de départ de ma pratique était moins évidente : la photographie mettait à distance la figure représentée sur le moulage, et cette figure ne relevait plus que de l'altérité. Cette dimension m'intéressait, mais je ne voulais pas totalement renoncer à l'idée d'identité.
J'ai alors fait de nouveaux moulages, mais en silicone cette fois. Le processus de création est le même, seul le matériau change. Le choix de ce matériau est du à ses propriétés plastiques d'une part (translucide et mou), et d'autre part à l'image de modernité à laquelle il renvoie (utilisation pour la haute technologie...). Le visage représenté est moins prononcé qu'avec du plâtre ; il est fantomatique. La notion de fragilité a disparu : la matière est élastique, mais conserve la forme de la représentation du visage. Par contre, elle invite le spectateur à « éprouver » l'œuvre, car elle est agréable à toucher, et parce que celui-ci peut modifier l'œuvre en la manipulant.
Pourtant, le résultat ne me satisfaisait pas. La figure était moins profonde.
J'ai ensuite fait un moulage en cire d'abeille. C'était pour la première fois un matériau naturel, ce qui renvoie à un rapport de l'Homme à la nature. La cire est odorante, ce qui fait appel à un nouveau sens du spectateur. On retrouve avec la cire l'idée de fragilité (du matériau), de vulnérabilité de l'Homme. Cette pratique renvoyait à mon travail, en ce sens que la question sur l'identité - mon identité restait présente ; cependant, elle s'est vu être remplacée par la question de l'identité humaine. Là encore, la figure relève de l'altérité. Cela permet l'identification du spectateur.
Autre possibilité envisagée à l'issue de cette dernière expérimentation :
J'installe ce moulage dehors, exposé au soleil. Il est amené à fondre, naturellement. La trace humaine va petit à petit disparaître. L'œuvre s'inscrit dans une temporalité. Elle évolue. L'empreinte est juste un passage. La question de la finitude de l'Homme est mise en évidence. Cela fait appel à la conscience de la mort. Il ne restera plus que la matière naturelle. Pourtant, elle sera tout de même transformée. Ne sera-t-elle pas alors une trace de la présence de l'Homme, puisqu'elle aura été déplacée non-naturellement ? La présentation de celle-ci invitera à une réflexion sur la matière elle-même et la perception qu'on en a (la nature) et sur le rapport nature/culture, mis en évidence par le lieu de présentation de l'œuvre : sur du goudron."
J'ai alors fait de nouveaux moulages, mais en silicone cette fois. Le processus de création est le même, seul le matériau change. Le choix de ce matériau est du à ses propriétés plastiques d'une part (translucide et mou), et d'autre part à l'image de modernité à laquelle il renvoie (utilisation pour la haute technologie...). Le visage représenté est moins prononcé qu'avec du plâtre ; il est fantomatique. La notion de fragilité a disparu : la matière est élastique, mais conserve la forme de la représentation du visage. Par contre, elle invite le spectateur à « éprouver » l'œuvre, car elle est agréable à toucher, et parce que celui-ci peut modifier l'œuvre en la manipulant.
Pourtant, le résultat ne me satisfaisait pas. La figure était moins profonde.
J'ai ensuite fait un moulage en cire d'abeille. C'était pour la première fois un matériau naturel, ce qui renvoie à un rapport de l'Homme à la nature. La cire est odorante, ce qui fait appel à un nouveau sens du spectateur. On retrouve avec la cire l'idée de fragilité (du matériau), de vulnérabilité de l'Homme. Cette pratique renvoyait à mon travail, en ce sens que la question sur l'identité - mon identité restait présente ; cependant, elle s'est vu être remplacée par la question de l'identité humaine. Là encore, la figure relève de l'altérité. Cela permet l'identification du spectateur.
Autre possibilité envisagée à l'issue de cette dernière expérimentation :
J'installe ce moulage dehors, exposé au soleil. Il est amené à fondre, naturellement. La trace humaine va petit à petit disparaître. L'œuvre s'inscrit dans une temporalité. Elle évolue. L'empreinte est juste un passage. La question de la finitude de l'Homme est mise en évidence. Cela fait appel à la conscience de la mort. Il ne restera plus que la matière naturelle. Pourtant, elle sera tout de même transformée. Ne sera-t-elle pas alors une trace de la présence de l'Homme, puisqu'elle aura été déplacée non-naturellement ? La présentation de celle-ci invitera à une réflexion sur la matière elle-même et la perception qu'on en a (la nature) et sur le rapport nature/culture, mis en évidence par le lieu de présentation de l'œuvre : sur du goudron."

Les photographies ont été prises par une élève de Terminale lors de la performance conçue par Naïla. Les dimensions de la surface de projection sont de 3 mètres sur 4 mètres environ. La performance a duré une dizaine de minutes pendant lesquelles Naïla déambulait (lentement, rapidement, seule ou non) sur une scène située devant la projection.
Mots clés :
Information(s) pédagogique(s)
Niveau :
Terminale L
Type pédagogique :
production d'élève
Public visé :
élève, enseignant
Contexte d'usage :
travail autonome
Référence aux programmes :
"l'oeuvre et le corps"