Espace pédagogique

les déchirures

Un travail qui s'attache à montrer la part d'étrangeté voire de monstruosité du corps soumis à des superpositions, des lacérations.

    




Au cours de l'année, je me suis intéressée à la féminité et à la monstruosité. Comment obtenir des clichés étranges ? J'ai tenté de réaliser des monstres à l'aide de superpositions, de déchirures... Le corps est vu sous tous ses aspects; il est modifié, modulé, transformé.



Que faire du corps ? Comment le représenter d'une manière singulière ? Mon projet présente le corps de multiples façons, à l'aide de gros plans, de montages vidéo et autres techniques. Le corps vu comme un monstre. J'ai voulu déshumaniser ce corps devenu inconnu, étrange, parfois effrayant.
Ainsi, je me suis essentiellement concentrée sur le portrait, en me référant aux Affichistes. Les déchirures tiennent une place inhérente et indissociable dans mon projet. J'utilise les déchirures qui sont violentes, vives et intenses pour symboliser une déchirure possible en l'Homme, dès lors que celui-ci est mis à nu. Lorsque la pudeur est parfois trop forte, s'exposer aux autres peut sembler brutal et douloureux.

C'est ce que j'ai essayé de traduire dans ces travaux. J'ai donc particulièrement réfléchi sur le corps opposé à l'esprit, à la personnalité, aux désirs... Le corps serait ici un masque, un camouflage qui permet aux êtres humains de vivre ensemble sans barbarie.
Mégane, élève de TL,
lycée Champ Blanc, Le Longeron

(vidéogrammes)
b
Le travail de Mégane est un exemple assez significatif, parmi bien d'autres, de la manière dont les élèves de terminale peuvent, au fil de l'année, développer une démarche personnelle et s'engager dans des recherches qui vont peu à peu esquisser un cheminement fait de tâtonnements et d'expérimentations, de hasards et de découvertes.

Au début de l'année, Mégane souhaitait travailler à partir de l'autoportrait de Courbet dit Le Désespéré - qui la séduisait et la touchait - mais elle ne semblait pas réellement savoir comment concrétiser plastiquement cette envie. Il est difficile d'expliquer comment elle en vint à lacérer cette image tant les causes sont probablement mêlées : geste fortuit, découverte du travail de Hains et Villeglé, ou désir d'en finir avec ce tableau aimé dont elle ne savait que faire ?
A partir de ce geste inaugural, aussi simple que violent, elle développa plusieurs séries de portraits constitués de déchirures et de superpositions qui brouillaient tant la surface de l'image que l'identité du modèle jusqu'à créer, par glissements des parties et perturbations de leur échelle, ce qu'elle a nommé des monstres.
Mégane développa ensuite un travail, pour partie en vidéo, qui recensait des gestes agressant finalement moins le corps que sa représentation, la violence de ceux-là se trouvant comme désamorcée par la douceur sans profondeur de l'image.
Cette ambiguïté est présente enfin dans ces étranges images, travaillées numériquement à partir de photographies de Loretta Lux, où la déchirure serait suggérée par une confusion des âges, une inquiétude en suspens.

Thierry Froger, professeur














Information(s) pédagogique(s)

Niveau :
Terminale L
Type pédagogique :
production d'élève
Public visé :
enseignant, élève
Contexte d'usage :
classe
Référence aux programmes :
L'oeuvre et le corps.