Espace pédagogique

les trois singes

"Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire."



Notre réponse au proverbe asiatique des singes de la sagesse  « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire » s'est élargie à l'idée de portrait et s'est nourrie d'un désir de réaliser un travail en commun. Chacun à son poste, Véronique à la palette et moi comme modèle. Le sujet proposé est donc devenu un prétexte plus en lien avec la démarche de Shilpa Gupta dont on nous avait parlé. Si cette dernière a fait participer, sur ce même sujet, un grand nombre de modèles en privé et en public, notre choix s'est porté sur l'espace de la classe d'arts plastiques et une mise en  situation devant nos camarades. Progressivement l'idée du portrait s'est déplacé vers la question du masque qui en fait pouvait renvoyer à la maxime asiatique. Masque pouvait aussi se comprendre comme masquage ou maquillage pour protéger ou cacher un élément.

L'idée de portrait-masque en lien avec l'action de peindre sur un fond sonore et en direct devant un public fut adoptée. Le principe de l'improvisation à partir d'une palette réduite de couleurs prit le pas sur la reproduction de schémas de masques conçus avant. Je prête mon visage dans la plus grande concentration et Véronique en dessine sa propre interprétation La contribution de Maxime fit évoluer l'idée du masque dans sa totalité. Au final, ce fut une expérience riche en émotions et en enseignements comme un nouveau regard porté sur l'autre et sur soi mais aussi l'occasion de saisir (encore confusément) les enjeux d'une véritable démarche artistique personnelle et collective.

Clémence et Véronique, Premières L




   


 Les réponses de Flora et du « collectif » Clémence-Véronique-Maxime renvoient d'évidence à  la pratique du dessin dans toutes ses acceptions mais si celui de Flora vaut pour réponse aboutie avec sa  mise en situation dans l'espace public, le projet du « collectif » ouvre sur un questionnement élargi sur des concepts croisés comme le portrait, le masque, l'identité, le double, le corps comme support,  la performance ou la relation du dessin et de la couleur. Comme si les deux productions faisaient écho aux deux réponses d'artistes cités en référence : l'une (Christian Berthelot, photographe) fermée dans son achèvement techniciste et l'autre (Shilpa Gupta, plasticienne) constitutive d'un projet artistique plus large et plus occupé à infiltrer les sujets et thèmes d'actualité de l'Inde contemporaine en pleine mutation.

Affaire de regard, de positionnement tout comme les portraits-maquillages quotidiens des  peuples de la vallée de l'Omo. De ceux là, le « collectif » en retient la pratique de la peinture au doigt au plus près du corps-support,  le toucher comme signe d'adéquation avec le modèle en toute intimité sous le regard respectueux des camarades de classe. La performance (artistique) se joue dans l'instant et nécessite une concentration sans faille. Les premières tentatives, sur la voix de Philippe Jaroussky interprétant les cantates de Vivaldi, ont ce moment de grâce et de justesse d'énergie. Les essais ultérieurs, plus « propres » dans leur réalisation, n'avaient plus cette exemplaire sincérité. Le choix du brouillon, pour la mise en ligne, fit donc l'unanimité. « Après le commencement, c'est déjà la fin » disait Picasso.

Bernard Descourvieres, lycée La Colinière (Nantes)
J'ai tout d'abord commencé par m'interroger sur cette maxime asiatique "ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire", sur sa signification et sur les interprétations qu'on peut en tirer. Après mure réflexion, j'en suis arrivée à la conclusion que, pour moi, ce proverbe symbolisait parfaitement la "politique de l'autruche", ce refus de voir les choses en face pour n'être confronté à aucun problème. C'est de là qu'est venue l'idée de dessin sur un carnet, comme un relevé d'identité générale, une idée abstraite, simplifiée du portrait de quiconque dans la rue. Ce carnet aurait pu être oublié par son propriétaire, par terre, sans que personne ne s'en aperçoive.

J'ai choisi de faire des photographies de nuit de mes dessins, à la lumière douce et diffuse d'un lampadaire pour créer une ambiance sereine et aussi mystérieuse. D'où vient ce carnet ? Qui l'a oublié ? Qui sont les « gens » représentées sur les dessins ? Les dessins sont simples, seuls les traits principaux ont été conservés et ils fonctionnent comme des signes dans lesquels tout le monde peut se retrouver. Les barres rouges façon adhésif peuvent être interprétées de différentes manières comme un refus personnel, une impossibilité morale, ou un empêchement venu de l'extérieur, chacun peut donc en faire une lecture différente.

Flora, enseignement facultatif Première

Information(s) pédagogique(s)

Niveau :
1ère L
Type pédagogique :
production d'élève
Public visé :
enseignant, élève
Contexte d'usage :
classe
Référence aux programmes :
Figuration et construction.
La représentation.