Espace pédagogique

des beaux-arts aux arts plastiques

L'invention d'une discipline d'enseignement

beaux-arts, dessin et arts plastiques

a formule "arts plastiques" est employée depuis le XIXe siècle. Elle est présente dans le Grand Dictionnaire Universel Larousse à plastique : "la peinture et la statuaire sont des arts plastiques". Charles Baudelaire l'emploie dans un texte de 1859 à propos des œuvres de Paul Chenavard. Il parle d'art plastique (au singulier) et de moyens plastiques au pluriel. En quelque sorte, Baudelaire introduit le terme lorsque se fonde la modernité. Si l'on considère aujourd'hui qu'appartient au champ des arts plastiques ce qui est présenté dans les lieux de l'art, les revues, les catalogues et les autres publications, il est clair que l'exploration des marges et des articulations, des passages avec les autres domaines de la création caractérisent les pratiques de très nombreux artistes. Si bien que les arts plastiques aujourd'hui tissent de nombreux ponts
entre les multiples faces de l'activité humaine, que ce soit dans les domaines des sciences, de l'informatique, de la politique, du spectacle, de la communication, du cinéma, etc. Pour Nicolas Bouriaud, les arts plastiques seraient le dernier refuge des créations humaines qui ne sauraient être accueillies dans un autre domaine. Cette culture d'accueil n'est pas récente. Elle ne doit cependant pas occulter l'héritage, le patrimoine artistique et culturel sans lequel cette posture d'accueil n'aurait pas de sens. Le champ des arts plastiques ne se réduit pas à l'art contemporain et, moins encore, à ce qu'il peut avoir de plus insoumis, de plus dérangeant, de plus limite. Ce qui caractérise le mieux aujourd'hui l'art contemporain, c'est précisément sa capacité à mettre ensemble des formes d'arts plurielles, inscrites dans des espaces, des temps et selon des modalités diversifiées.
Le concept d'arts plastiques s'est progressivement imposé, plus apte à rendre compte de la diversité des formes prises par la création artistique depuis le second XIXe que ne le serait celui de beaux-arts.

du dessin aux arts plastiques

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
enseignement du dessin (et de la musique) était inscrit dès l'origine au programme officiel de l'école laïque. Il fut rendu obligatoire par un arrêté du 2 juillet 1878. Un second arrêté du 31 janvier 1879 instituait un corps d'inspecteurs de l'enseignement du dessin. Suite au rapport de cette première mission confiée aux nouveaux inspecteurs, les contenus et les enjeux de cet enseignement devaient être fixés par le Ministre de l'Instruction Publique, Jules Ferry, et le Directeur des Beaux-Arts, Paul Guillaume. Au fil des années, de nouvelles épreuves de pédagogie et d'histoire de l'art furent introduites dans les concours de recrutement destinés au Premier Degré ou au Degré Supérieur. L'enseignement du dessin recouvrait ainsi une dimension professionnelle et culturelle : Lorsque les arts plastiques qui s'appelaient alors "dessin" ont été introduits dans l'instruction au moment de l'époque napoléonienne, c'était en réponse aux besoins du pays. En effet la nécessité d'avoir une maîtrise en dessin correspondait à ce moment de notre histoire à une nécessité économique : celle des manufactures, qui produisaient des objets nouveaux ; mais très curieusement, l'inscription du dessin dans l'instruction publique s'est faite au sein des arts d'agrément avec la danse. Notre discipline a comme fondement original cette ambiguïté entre une finalité culturelle et une finalité professionnelle".
Une évolution régulière se fera en direction du domaine culturel. En 1909, par exemple, la géométrie passe dans le domaine des mathématiques et L'explication des chefs d'œuvres de l'art devient une nouvelle matière. En 1952 est créé le diplôme de Dessin et arts plastiques, introduisant ainsi l'appellation aujourd'hui officielle d'arts plastiques. 1967 est l'année de l'expérimentation des premières options art en lycée : musique et arts plastiques, 1969, celle de la création d'une formation universitaire. En 1970, la discipline Dessin et arts plastiques devient Arts plastiques (dans le primaire et le secondaire). Les premiers CAPES datent de 1972 et l'agrégation de 1976. Parallèlement, le cursus universitaire est développé, conduisant de la Licence (Lettres et arts plastiques) à la Maîtrise (Arts plastiques), puis au DEA et au Doctorat d'état. (G. Pélissier, IGEN)

L'enseignement des arts plastiques se fonde sur l'héritage direct du cours de dessin. Cette filiation ne doit pas occulter l'extraordinaire mutation accomplie par la discipline. Issue d'une formation professionnelle et technique, elle est aujourd'hui fortement ancrée dans les pratiques artistiques contemporaines internationales et ouvre à la connaissance des cultures artistiques du passé.

appellations, horaires et contenus

 
 
 
 
 
 


 
 
 
primaire 01
primaire 01
D lettrine
D lettrine

Le volume horaire réservé à cet enseignement est passé de plusieurs heures quotidiennes à trois heures hebdomadaires dans les écoles Napoléoniennes pour lesquelles le Dessin était d'abord un enseignement culturel (les écoles des Beaux-arts assurant une formation plus spécialisée pour les futurs artistes). L'évolution du système éducatif, c'est-à-dire sa démocratisation et le développement de nouvelles disciplines, conduisit à réduire progressivement la place accordée à l'enseignement du dessin tout en l'ouvrant à de nouvelles explorations. Ainsi, paradoxalement, la diversification du champ disciplinaire s'est accompagné d'une réduction du temps imparti.

Aujourd'hui, en Primaire et au Collège, arts plastiques et éducation musicale sont enseignés à raison d'une heure hebdomadaire obligatoire pour chaque spécialité et les nouvelles structures horaires du collège précisent que trois heures peuvent être employées par le groupe Éducation artistique (ce qui est très exceptionnellement le cas, pour ne pas dire jamais réalisé puisque les moyens ne sont pas alloués). En lycée, les arts plastiques existent sous forme d'enseignement de détermination en seconde, d'option facultative, de la seconde à la terminale (3 heures hebdomadaires) et d'option obligatoire en première et terminale L (5 heures hebdomadaires, coefficient 6 au baccalauréat). Les disciplines artistiques participent obligatoirement aux TPE (Travaux personnels encadrés).

L'enseignement des arts plastiques est assuré avec une 1 heure hebdomadaire obligatoire au collège (initiation et sensibilisation), il est porté à 3 heures en seconde de détermination puis passe à 5 heures pour le cycle terminal en série L, sans pour cela devenir une formation pré-professionnelle. On peut regretter le principe qui cantonne la place de cette spécialité dans le seul cursus littéraire.
Quant aux contenus d'enseignement, depuis la création du label Arts plastiques, ils sont très largement ouverts aux diverses formes de la création contemporaine : dessin, peinture, sculpture bien entendu, mais également photographie, audiovisuel, architecture, installation, performance, land art, image virtuelle et infographie, à l'instar de l'ouverture du champ artistique depuis le XIXe siècle et de la porosité des catégories.

Aujourd'hui, lorsqu'ils sont assurés par un enseignant spécialiste, les arts plastiques offrent aux élèves un moment privilégié pour une pratique artistique ouverte sur la culture de leur époque, sur la modernité :

Depuis la classe de 6ème, les programmes d'arts plastiques sont sous-tendus par un choix précis : faire comprendre la question de la modernité du point de vue de l'art. Ce projet n'est pas restrictif, car initier les élèves à l'art contemporain engage dans une réflexion plus globale sur l'art, quels que soient l'époque et les lieux considérés. Abordée par la pratique, cette question est accessible aux élèves.(BO n°10 du 15/10/98)

L'enseignement des Arts plastiques est assuré à l'école, au collège et au Lycée. Il prolonge, au Lycée, celui du collège d'une manière plus exigeante et plus ambitieuse en développant et en exploitant les expériences, connaissances et compétences dont les élèves sont porteurs. En tant que discipline d'enseignement général, les Arts plastiques ont une vocation formatrice culturelle. Ils sont suscep­tibles de répondre à la variété des motivations et prennent en compte l'hétérogénéité des élèves et ouvrent à diverses études. L'enseignement des Arts plastiques couvre l'ensemble des domaines artistiques où se constituent et se mettent en question les formes non verbales. Peinture, sculpture, architecture, dessin, photographie, font traditionnellement partie de l'interrogation transversale des Arts plastiques ; la question de la représentation et de la présentation, les nouvelles attitudes artistiques, les nouveaux modes de production des images relèvent aussi aujourd'hui du travail des Arts plastiques, dont le souci est de prendre en compte la pluralité des démarches artistiques et la diversité des œuvres. A tous les niveaux de L'École, l'enseignement des Arts plastiques se fonde sur la pratique dans une relation à la création artistique (connaissances, références, œuvres, démarches). Au Lycée cette articulation est renforcée par une étude spécifique en culture artistique. (BO n° 11 du 1er septembre 1994).

éducation artistique et culturelle

 
 
 
 
 
 
au musée
au musée
au musée
au musée

L'Histoire des arts est enseignée par des équipes pluridisciplinaires et comptent au moins un spécialiste (musique ou arts plastiques) ; elle est actuellement pilotée au niveau national par le Doyen de l'Inspection générale du groupe Arts.

Le Théâtre et le Cinéma sont enseignés par des professeurs de toutes disciplines, en partenariat obligatoire avec des intervenants rémunérés par le Ministère de la Culture. Ces deux domaines sont suivis par des commissions nationales mixtes (COSEAC et COSEAT) et disposent chacune d'une Inspection Générale chargée du domaine.

Dans les académies, l'Histoire des arts est pilotée par un IA IPR, le Cinéma audiovisuel et le Théâtre sont en principe pilotés par des commissions académiques (CASEAC et CASEAC). Dans les deux cas, un IA IPR de discipline est également chargé du suivi. A Nantes, l'Histoire des arts est pilotée par l'IA IPR d'Arts plastiques, le Théâtre-expression dramatique par un IA IPR de Lettres ainsi que le Cinéma. Le domaine Danse (quantitativement très peu important puisqu'il débute) relève de l'inspection d'EPS.

La diversification des enseignements artistiques au lycée, entreprise depuis plus de dix ans, s'est quelques fois effectuée dans un climat inutilement concurrentiel entre les spécialités présentes. La situation est aujourd'hui stabilisée. Ces enseignements mobilisent environ 12 % des élèves de la série littéraire dans l'académie de Nantes. Ils représentent indéniablement un atout pour cette série actuellement en voie de diminution.
Si la discipline arts plastiques s'inscrit dans un ensemble plus vaste, celui des enseignements artistiques, à son tour, ces derniers participent d'un tout : l'éducation artistique et culturelle. Depuis quelques années, l'importance accrue accordée aux "actions culturelles" des rectorats transforme de manière importante le paysage. Bien qu'ils occupent une place spécifique du fait de leur inscription dans la durée, de leur présence systématique en collège (enseignement obligatoire pour la musique et les arts plastiques), les enseignements sont très souvent amalgamés dans les discours et les analyses avec les autres dispositifs ponctuels ou contractuels qui ne concernent qu'un nombre très restreint d'élèves. Ce point de vue englobant présente un avantage, celui d'associer divers dispositifs qui forment un tout plus conséquent, il présente parfois un grave inconvénient qui est d'occulter les complémentarités des dispositifs.

Une certaine confusion est parfois crée entre enseignement et actions périphériques qui provoque quelques incertitudes. Cependant, le relevé de conclusion de l'Inspection générale, dans l'enquête sur la réussite des élèves (page 34), confirme : La présence de plusieurs dispositifs d'éducation artistique (enseignement obligatoire, enseignement facultatif, atelier, clubs, etc.) démultiplie les chances de toucher des élèves différents et par là un plus grand nombre d'élèves. Ce ne sont pas les mêmes élèves qui vont dans les différentes structures offertes.

L'assemblage des enseignements artistiques et des divers dispositifs d'action culturelle dans un tout nommé éducation artistique et culturelle renforce l'affichage de la présence des arts dans le système éducatif. Il importe cependant de veiller très attentivement à maintenir la complémentarité annoncée des propositions (enseignements, ateliers, classes PAC, événements culturels, etc.) si l'on ne veut pas prendre le risque de déconstruire ce qui est installé dans la durée et qui couvre démocratiquement l'ensemble du territoire au profit d'une multiplication de propositions ponctuelles et locales.